Nos services publics hors des mains du privé !

Ces dernières années, une flopée de services publics ont été vendus au secteur privé. Electrabel a généré des profits énormes pour Suez. Belgacom est réputé pour la distribution de salaires exorbitants à ses managers (Didier Bellens reçoit plus de deux millions d’euros par an) et ses profits juteux. Le personnel a payé la note : sur 26.500 travailleurs avant la privatisation, seuls 17.000 sont encore là aujourd’hui. Et un coup d’œil sur la facture énergétique suffit pour constater que ces privatisations n’ont pas fait baisser les prix pour les consommateurs.

Par Bart Vandersteene

Pour répondre à la crise, politiciens et patrons continuent à avancer les mêmes recettes néolibérales qu’avant celle-ci. Aujourd’hui, ce sont La Poste et la SNCB qui se trouvent en premier dans la ligne de mire. Mais les autres services publics doivent aussi réduire leurs dépenses : De Lijn, la RTBF et la VRT, les TEC, l’enseignement,… Même si la couleur des gouvernements n’est pas la même de part et d’autre de la frontière linguistique, la politique d’assainissements est, elle, la même partout. Petit tour d’horizon…

La Poste : d’un service à la population à une vache à lait pour le privé

A La Poste, des milliers de postiers ont fait grève contre l’augmentation du ryth-me de travail et le manque de personnel. En quelques années, des centaines de bureaux de poste ont fermé leurs portes, 8.000 emplois ont été supprimés et les tarifs ont explosé.

La direction veut faire un nouveau pas dans le démantèlement de La Poste en tant que service public, en faisant effectuer la distribution du courrier par de nouveaux « distributeurs » qui travailleraient à temps partiel pour un salaire de 8,43 euros brut par heure. Le projet pilote introduisant ces « McFacteurs » a été mis au frigo mais pas officiellement abandonné.

Pour la direction, il s’agit ainsi de réaliser plus de profit en payant des salaires de misère à des étudiants, des mères au foyer ou des pensionnés, pour un travail qui était auparavant réalisé par des facteurs statutaires (même s’ils étaient trop peu payés eux aussi). Les partenaires privés de La Poste peuvent se réjouir: le rendement augmente chaque année. Que cela se fasse au détriment du personnel et du service à la population n’est pas important pour eux.

SNCB : la préparation à la libéralisation mène à un massacre social

Sous la pression de la vague de libéralisation européenne de ces dernières années, la SNCB a été scindée en différentes entités. La division de marchandises B-Cargo subit des pertes. En bonne logique libérale, une vague d’ « assainissement » est au programme : 900 des 5.700 postes de travail sont menacés et la division pourrait même être vendue à une firme étrangère. Assurer d’abord la rentabilité sur le dos de la collectivité, puis vendre les parties les plus appétissantes au secteur privé, voilà l’objectif de chaque libéralisation.

Pour les usagers aussi, les réductions de dépenses se feront sentir. En 2009, le prix d’un titre de transport a augmenté de 6%. Dans les années à venir, avec les restrictions budgétaires, de fortes hausses des prix sont probables. Malgré les grandes déclarations, les transports en commun comme alternative aux transports en auto risquent de devenir moins attractifs.

Fédéral : emplois, salaires et pensions dans le colimateur

Sur un total de 80.000 fonctionnaires fédéraux, 15.000 ne seront pas remplacés quand ils partiront à la retraite dans les années à venir. On n’en restera pas là, une offensive sur les pensions des fonctionnaires étant planifiée.

Les pensions des fonctionnaires sont en effet plus élevées que dans le secteur privé, en compensation de salaires plus bas. Cela est maintenant utilisé comme paratonnerre pour dévier l’attention des profits gigantesques des entreprises, des bonus des topmanagers et des cadeaux fiscaux faits aux entreprises et aux riches.

Les pensions des fonctionnaires ne sont pas trop élevées, ce sont celles du secteur privé qui sont simplement trop basses. Au lieu d’investir les 900 millions d’euros qui, selon le professeur Jos Berghmans, sont requis pour mettre fin à la pauvreté parmi les pensionnés en Belgique, le gouvernement choisit d’aggraver le problème en attaquant les pensions des fonctionnaires.

Gouvernement flamand: une apparence de virginité sociale

Certains commentateurs ont présenté l’accord gouvernemental flamand comme particulièrement social, et cela malgré la représentation directe des organisations patronales UNIZO et VOKA au sein du gouvernement avec Kris Peeters (ministre-président, CD&V) et Philippe Muyters (N-VA).

Bart de Wever, le président de la N-VA, s’en est plaint. Dans le magazine Knack du 9 septembre, il déclarait: «Je me suis énormément énervé à propos de quelques réactions sur l’accord gouvernemental flamand, notamment de la part des organisations patronales FEB et VOKA. Ils ont fait comme si tous les moyens flamands allaient être drainés vers une politique sociale. Rien n’est moins vrai. (…) La majorité de nos investissements sont orientés vers l’économie. »

A la VRT, 40 millions d’euros d’économies doivent être faits, qui s’ajoutent aux plans d’assainissements déjà annoncés de 71 millions. Chez De Lijn, le chiffre est de 80 millions d’euros. Dans le quotidien De Morgen du 28 septembre dernier, des hauts responsables de la société de transport flamande ont déclaré que ces mesures d’austérité ne pourraient pas être mises en place « sans toucher à la qualité du service ».

Wallonie-Bruxelles: PS-Ecolo-CDH fidèles à la logique néolibérale

On pourrait naïvement imaginer que les gouvernements de l’Olivier tenteraient de mener une politique différente de celle des autres gouvernements à participation libérale. Les mesures d’austérité sont pourtant similaires. Ecolo donne une couche verte aux mesures mais le contenu ne change pas en profondeur.

Le gouvernement veut réduire les coûts sur le personnel de tous les services et sur tous les budgets de fonctionnement. Dans les TEC, les prix pourront augmenter de 4,6% l’an prochain. La RTBF devra trouver 23,5 millions sur trois ans. Dans l’enseignement francophone, la ministre Simonet (CDH) a dû abandonner son intention d’augmenter la semaine de travail. Au lieu de cela, il y aura un éventail de petites mesures « à la flamande » qui, en fin de compte, arrivent au même résultat : 50 millions d’euros de mesures d’austérité.

Il faut une lutte unifiée

Chaque nouveau pas vers le démantèlement des services publics donne de nouvelles idées aux extrémistes libéraux. La baisse de qualité, conséquence des mesures d’austérité, est maintenant utilisée comme argument pour accentuer les privatisations ! Ainsi, Ruben Mooijman, journaliste des pages économiques du quotidien De Standaard a plaidé le 10 octobre pour la privatisation complète de La Poste, de B-Cargo, de Brussels Airport, de Belgacom, de Fortis, etc. Il affirme qu’avec l’argent ainsi gagné, le budget pourrait être sauvé pour quelques années. Mais faire remarquer que, de cette manière, des dizaines de milliers d’emplois disparaîtraient et que les services deviendraient plus chers, c’est, pour lui, « une attitude syndicale dogmatique ».

Une lutte unifiée contre toutes ces attaques sur les services publics n’est pas seulement nécessaire, elle est aussi possible. Le personnel est touché à tous les niveaux, tout comme les usagers. Il est possible de préparer un mouvement où toutes les victimes se rejoindraient dans l’action contre le démantèlement continuel de nos services et des conditions de travail. Mais, pour en arriver là, il faut une direction politique et syndicale combative. On est malheureusement loin du compte. Les actions menées à La Poste en sont encore un exemple : c’est seulement parce que la base est passée à l’action que la direction syndicale a suivi. Et aucun mot d’ordre national n’est venu.

Défendre nos services publics ne signifie pas que nous acceptions tout dans leur fonctionnement actuel. Trop souvent, ces services sont des jouets dans les mains des partis traditionnels qui offrent à leurs amis de beaux postes bien rémunérés et génèrent une gestion inefficace. Les services publics devraient au contraire être sous le contrôle des salariés et des usagers, ceux-là même qui ont intérêt à leur bon fonctionnement. Voilà pourquoi nous revendiquons des (re)nationalisations sous le contrôle et la gestion des travailleurs.

Les services publics ont été développés grâce à l’argent de générations de travailleurs. Le patronat et ses politiciens veulent continuer le démantèlement de nos services publics afin de les vendre. Et d’autres secteurs suivront après, notamment dans les soins de santé. Nous avons tout intérêt à arrêter ce processus. C’est pourquoi nous soutenons la résistance des postiers, des enseignants, des chauffeurs de bus,… et nous appelons à une lutte unie. Tous ensemble, nous sommes plus forts pour défendre nos emplois et nos services publics.

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