La crise n’épargne pas le Luxembourg. Outre les banques qui licencient, le Grand-Duché comporte aussi des industries touchées de plein fouet, notamment dans le secteur sidérurgique (ArcelorMittal) et automobile (Goodyear). Villeroy & Boch est un des fleurons historiques de cette industrie locale. Ou plutôt était. Car en mars dernier, la Direction annonçait la fermeture du site avec ses 230 salariés, malgré des bénéfices en 2008/2009 et après déjà 2 plans sociaux (2003=120 licenciés, 2006=180).
Le comité NPA Transfrontalier Longwy-Luxembourg.
Avec une arrogance révoltante de la part de la direction, ne voulant pas payer plus que les indemnités légales. Pendant plusieurs mois, les discussions ont piétiné, et la direction a continué de proposer des sommes dérisoires.
De plus, «la direction a commencé dès Mars à mesurer le temps qu’il fallait pour démonter une machine et cela devant nos yeux!», expliquait une salariée.
Les travailleurs avaient la volonté de mettre la pression dès le départ, mais ils en ont été dissuadés par leurs syndicats qui ne voulaient pas transgresser la loi luxembourgeoise, très restrictive sur le droit de grève. «Il aurait fallu réagir plus tôt, on a l’impression que c’est trop tard, les stocks de marchandises ont été vidés! Nous avons joué le jeu depuis Mars en assurant un travail de qualité!»
Le 21 octobre, les salariés déclenchaient pour la première fois une grève pour se faire entendre dans les négociations. Mais la direction est restée ferme: 25,95€/mois d’ancienneté. Les travailleurs revendiquent 225€/mois, soit un peu plus que l’indemnité obtenue en 2003. «C’est la crise des patrons mais c’est nous qui payons», s’énerve une travailleuse.
Le 26 octobre, les travailleurs ont manifesté devant le siège social à Mettlach (Allemagne) pour n’obtenir que 70€/mois de la part du patron; les ouvriers ont donc de nouveau bloqué l’usine!
Le surlendemain, la Direction a de nouveau menacé en affirmant qu’elle licencierait pour faute grave si la production ne reprenait pas, sur base d’une loi en sa faveur. Pris à la gorge, les salariés ont repris le travail.
Mais le combat n’est pas terminé. Les Villeroy ont montré à tous qu’on ne devait pas se laisser guider vers l’abattoir. Pour poursuivre la lutte, ils auront encore besoin de courage et de solidarité. Malheureusement, ces derniers jours, peu de monde s’est pressé pour les soutenir: hormis des délégués syndicaux investis, aucune entreprise extérieure ne les a soutenus, et les directions syndicales nationales sont restées discrètes.
Seul André Hoffmann, député de La Gauche a interpellé le Ministre du travail au Parlement, qui lui a répondu sur le mode «je voudrais bien mais je ne peux point»!
Chez Eurostamp (sous-traitant auto) à Villers La montagne (F), les travailleurs attendent les noms des 107 personnes licenciées. Chez Delphi, à Bascharage (L), 110 emplois vont passer à la trappe. Quelques kilomètres et une frontière séparent ces deux entreprises, et Villeroy n’est pas loin. Contre cette offensive patronale sans frontières, la convergence des luttes doit s’organiser. C’est une urgence et c’est le mot d’ordre central du comité NPA Transfrontalier Longwy-Luxembourg.
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