Le PASOK peut bien avoir remporté les élections grecques, beaucoup d’autres partis sociaux-démocrates en Europe n’ont guère de raisons de faire la fête, que ce soit le PS en France, les travaillistes en Grande-Bretagne, le SPD en Allemagne,… Tandis que journalistes et intellectuels se penchent sur la crise de la social-démocratie, celle-ci se gratte la tête en quête d’une solution. Mais d’un côté comme de l’autre, nul ne semble avoir trouvé le moyen d’un redressement.
Par Thomas (Gand)
Jadis la social-démocratie pouvait encore se présenter sans trop de problèmes comme l’organisation politique de la classe ouvrière. Les acquis arrachés par l’action de cette dernière constituaient un des piliers de la popularité des partis socialistes et travaillistes. Le mouvement ouvrier a été le moteur de nombreux mouvements de réformes et, dans le cadre de la croissance économique d’après-guerre, la politique keynésienne d’interventions massives de l’Etat a offert l’espace à certaines réformes économiques et sociales (comme la sécurité sociale). Mais la crise des années ‘70 a scellé le sort du keynesianisme et, avec lui, de la social-démocratie. Pour restaurer les profits des capitalistes est arrivée la politique néolibérale, embrassée avec enthousiasme par la social-démocratie.
En Belgique, les sociaux-démocrates (PS et SP.a) ont participé depuis vingt ans à tous les gouvernements successifs et y ont appliqué la politique néo-libérale. L’idée des capitalistes, en réunissant sociaux-démocrates et sociaux-chrétiens dans un même gouvernement en 1988, était de tempérer l’ardeur des syndicats. Pour le PS et le SP, les problèmes ont sérieusement commencé et leurs rangs se sont peu à peu vidés d’une base active et militante. Idéologiquement, également, les choses se sont dégradées. Mais les conséquences n’ont pas été les mêmes des deux côtés de la frontière linguistique.
En Flandre, la présidente du SP.a Caroline Gennez prétend que le SP.a est favorable à un «libéralisme progressiste» («Le socialisme est un libéralisme évolué» a-t-elle expliqué) et ce même processus est intervenu dans de nombreux pays. Par contre, à l’échelle européenne, le PS francophone fait figure d’exception, en premier lieu grâce à la force importante qu’a conservé le mouvement syndical en Wallonie. Même sous-employée, cette force a permis de freiner l’offensive ultra-libérale. La FGTB wallonne a conservé une certaine force de pression sur le PS qui, même très sérieusement entamée, reste bien plus forte que ce qui existe dans d’autres pays. En Flandre, c’est le syndicat chrétien qui domine plus largement, ce qui explique que le CD&V, son «partenaire privilégié», conserve encore une certaine image sociale en comparaison avec ses « partis frères », comme la CDU allemande, le PP espagnol,…
Mais si le PS en Wallonie et le CD&V en Flandre restent attentifs aux syndicats, ce n’est que pour mieux contrôler leurs luttes et faire appliquer le programme de la bourgeoisie «en douceur». Il est urgent de briser les liens entre syndicats et partis traditionnels et de lancer une initiative pour une nouvelle formation de gauche pour et par les travailleurs. Ce processus a été lancé en France avec le NPA ou en Allemagne avec Die Linke. En Belgique aussi, c’est possible et nécessaire.