Ça y est, le gouvernement a déjà annoncé de grandes mesures d’austérité dans l’enseignement! Les premières étaient dirigées contre l’enseignement secondaire, lorsque la ministre D. Simonet a annoncé les plans d’économie dans le budget de l’enseignement: Faire travailler les profs plus longtemps pour un même salaire, repousser l’âge de la prépension de 55 à 58 ans, et autres. La réaction a été claire: les enseignants ne laisseront pas passer un tel plan de régression sociale. Bien que la ministre se soit rétractée, elle et sa clique continuent de chercher des pistes pour rétrécir sévèrement ce budget. Pour l’heure, il s’agirait de figer le budget prévu pour l’entretient des écoles et de diminuer le personnel administratif et ouvrier (PAPO) alors que celui-ci est déjà en sous effectif.
Par Myriam, EGA-ULB
L’enseignement supérieur ne sera pas non plus épargné. En effet, à cette mesure s’est ajouté le plan d’économies dans les universités: les 30 millions d’€ obtenus en 2004 par la lutte des hautes écoles pour le refinancement de l’enseignement supérieur devaient être distribués sur 8 ans, ils seront distribués sur 15 ans, ce qui revient à réduire le refinancement de moitié. Pour y répondre notre cher recteur Vinke propose de faire appel au privé. Ainsi, il vient de mettre sur pieds une « fondation d’utilité publique » (quel joli mot fourre-tout) dont le rôle sera de trouver des mécènes privés pour financer l’ULB.
Ce à quoi on assiste n’est rien de moins que la conséquence économique prévue par le processus de Bologne, conséquence que l’on avait déjà dénoncée depuis longtemps: une marchandisation progressive de l’enseignement et des coûts de plus en plus importants pour les étudiants.
Pour rappel, en 2003, lors de la mise en place du processus de Bologne avec le système master-bachelor, nous avions dénoncé que derrière l’harmonisation européenne se cachait une volonté de rendre les universités élitistes et concurrentielles à l’instar des pays européens dans lesquels le processus de Bologne s’applique déjà depuis plusieurs années, comme en Angleterre (où l’étudiant commence sa carrière avec une dette moyenne de 22 150€ contractée pour pouvoir payer ses études) ou aux Pays-Bas (où le minerval peut atteindre les 7000€). L’idée sous-jacente est de rendre les universités indépendantes du financement public et concurrentes entre elles. Pour se faire, 2 solutions se présentent: prendre de l’argent dans les poches des étudiants et faire appel aux fonds privés, ce qui ne se fera jamais sans contrepartie: les diplômes devraient répondre aux besoins et exigences du marché. Ainsi, les cours seraient vus en terme de rentabilité et les facultés inintéressantes pour les entreprises, comme Philo&Lettres, se verraient sous financées.
EGA s’est déjà battu contre la privatisation des cafés et restaurants appartenant à l’ULB il y a quelques années et plus récemment contre celle des kots et de certains terrains. Ces mesures régressives qui sont tout de même passées (faute d’un mouvement large de la communauté universitaire) ont pour conséquence des conditions de travail et des statuts plus précaires pour les membres du personnel, une baisse de qualité du service et une augmentation drastique des coûts pour les étudiants. Le minerval, quant à lui, augmente constamment. Voilà les effets d’un tel processus: des universités d’élite inabordables financièrement sauf pour une minorité riche ou pour des étudiants prêts à se surendetter; et d’autres universités « poubelles » délaissées par le privé et dont le diplôme ne vaudra rien sur le marché de l’emploi.
C’est dans ce processus que s’inscrivent les mesures prises par le gouvernement et la réponse de notre recteur qui, comme son prédécesseur, s’est déjà porté garant de la bonne mise en place du processus de Bologne pour son université. En effet, tous deux ont déjà annoncé leur volonté de placer l’ULB parmi les universités les plus prestigieuses d’Europe, ce qui ne peut se faire que par le biais de la marchandisation et de l’augmentation du minerval. Les conséquences ne peuvent être que dramatique pour les étudiants, dont la majorité doit déjà travailler pour payer ses études (selon une étude, 1 an à l’université coûte déjà plus de 10 000€ par étudiant).
Nous ne pouvons laisser faire sans réagir. Dans d’autres pays d’Europe, des luttes importantes ont pris place contre ce processus: en France en Espagne, en Italie, etc. Nous sommes d’ailleurs impliqués dans la campagne Respact pour la diminution du coût des études. Mais seule une lutte d’ampleur généralisée à tout l’enseignement supérieur, et plus largement, à l’ensemble des services publics, qui sont tous peu à peu détricotés, pourra stopper cette machine de destruction massive de nos acquis sociaux.
C’est pourquoi nous organisons une action de protestation contre la mise en place de cette fondation d’utilité publique par le recteur, qui ne remet pas en cause le problème du financement public qui se réduit comme une peau de chagrin. Cette action est aussi une action de solidarité avec les travailleurs et syndicats de l’enseignement secondaire, qui n’acceptent pas l’austérité du gouvernement.
Rendez-vous donc pour une première action le MERCREDI 14 octobre devant les marches du foyer à 12h30.
Quelques citations pour illustrer nos propos:
Janvier 89, table ronde des industriels européens publie un rapport intitulé: «Éducation et compétence en Europe» dans lequel ils expriment leur volonté de rénover le système éducatif: ils déplorent que «l’industrie n’a qu’une très faible influence sur les programmes enseignés», que «les enseignants ont une compréhension insuffisante de l’environnement économique, des affaires et de la notion de profit», ils peuvent aujourd’hui s’estimer heureux..
Rapport de l’OCDE: «Les étudiants deviennent des clients et les établissements (des écoles et des universités) des concurrents luttant pour obtenir une part du marché.. Les établissements sont incités à se comporter comme des entreprises et à considérer qu’ils ont pour mission de réagir à l’évolution de la demande des programmes d’étude. Les étudiants doivent payer tout ou une partie de leurs cours, ce qui vise à imposer la discipline de marché aux producteurs de cours.»
«Les pouvoirs publics n’auront pus qu’à assurer l’accès à l’apprentissage de ceux qui ne constitueront jamais un marché rentable et dont l’exclusion de la société en général s’accentuera à mesure que d’autres continueront de progresser»