Accord Interprofessionnel – face à l’agression patronale:
Les profits ont plus que doublé, mais pas le pouvoir d’achat.
Dès avant l’été, les patrons ont lancé l’offensive en vue du nouvel Accord Interprofessionnel (AIP). Sur leur cahier de revendications: plus de flexibilité, un gel des salaires et un système de fin de carrière encore plus favorable aux patrons. Il s’agit de préserver la compétitivité des entreprises. Sous peine de mettre en danger l’emploi et l’Etat-Providence. Bref: nous devons remercier les patrons de pouvoir faire des sacrifices.
La presse, qui est entièrement aux mains du patronat, ne cesse d’asséner ce non-sens. De temps en temps, la presse spécialisée publie pourtant les vrais chiffres. Et qu’en ressort-il? D’après l’hebdomadaire de droite ‘Trends’, les 30.000 plus grandes entreprises de Belgique ont doublé leurs bénéfices en 2003, engrangeant le montant record d’au moins 27.8 milliards d’euros ou 1.121 milliards de francs belges, soit un peu moins de 300.000 frs par habitant actif.
L’entreprise la plus rentable en 2003 était Belgacom. Les 15.975 travailleurs ont rapporté au moins 5 milliards d’euros de profits nets, soit 12,65 millions de francs belges par travailleur.
Brisons le carcan de de la norme salariale
Malgré ces super-profits, le patronat ne veut pas entendre parler d’augmentation de salaire. Les extrémistes du Voka, l’ancien VEV, vont jusqu’à remettre en question l’indexation des salaires. La FEB et l’UCM veulent limiter l’augmentation des salaire à 3.3 %, soit le niveau de l’inflation. Il n’est toujours pas question de compensation pour l’augmentation de la productivité. Même l’augmentation barémique de 1 % est remise en cause.
Le patronat invoque le Conseil Central de l’Economie (CCE). Celui-ci calcule la soi-disant norme salariale qui impose que les salaires belges ne doivent pas augmenter plus que ceux des pays voisins. Le CCE a pourtant fait savoir “discrètement” qu’il s’était trompé de 0.9% au détriment des travailleurs. La réaction de Paul Soete, de l’organisation patronale Agoria, en dit long: “Ne cédons pas au fétichisme des chiffres”. Bref: la norme salariale ne vaut que lorsqu’elle arrange les patrons.
Les directions syndicales ne revendiquent que 1% d’augmentation de salaire au- delà de l’inflation et des augmentations barémiques. Ce n’est rien d’autre qu’un appât pour nous faire avaler plus de flexibilité. Lorsqu’on voit l’augmentation du nombre de travailleurs pauvres, les chiffres de profits qui donnent le tournis, les prestations de la bourse belge et les salaires mirobolants que s’accordent royalement les managers d’entreprises, on ne peut qu’exiger une hausse substantielle du pouvoir d’achat des travailleurs et l’abrogation immédiate de la norme salariale.
La classe politique et le patronat: bras dessus, bras dessous
Malgré les chiffres de profits, beaucoup de travailleurs pensent que les entreprises sont sur le point d’être foudroyées par la concurrence. Depuis l’été, les arguments patronaux ne cessent d’être martelés par le patronat lui-même et la presse, mais aussi par les politiciens.
Frank Vandenbroucke a déjà annoncé le gel des salaires des fonctionnaires flamands avant même que le patronat n’y ait songé. En culpabilisant les chômeurs et en les contraignant à accepter n’importe quel job, on cherche à brader le prix de la main d’oeuvre. Les patrons jouent là-dessus sans vergogne pour mettre les salaires sous pression et faire reculer les conditions de travail.
Il est de bon ton aujourd’hui de dénoncer la “fraude sociale” pour faire accepter la politique de suspension des chômeurs. Mais qui sont ces gens qui suspendent? Marie Arena a été prise la main dans le sac pour avoir dépensé au moins 300.000 euros – soit 12 millions de francs! – dans la rénovation de son cabinet.
Il semble que chaque législature voit les ministres dépenser entre 50.000 et 70.000 euros pour la rénovation de leur cabinet. La plupart des travailleurs ne consacrent pas autant d’argent à la maison dans laquelle ils espèrent habiter toute leur vie!
La semaine des 40 heures en pratique
L’accord dans le secteur de la construction, qui permet de prester 130 heures supplémentaires non-récupérables à seulement 120 % du salaire normal, a donné des idées aux patrons. Ils veulent maintenant 175 heures supplémentaires par an (au lieu de 65h) et ce sans devoir passer par la délégation syndicale. Celui qui travaille 150 heures supplémentaires par an preste en moyenne une semaine de 40 heures. Les patrons veulent en plus que les heures de travail soient comptabilisées en base annuelle. Pour les travailleurs, cela signifie en pratique qu’ils pourront travailler 48 heures une semaine et puis 28 heures la semaine suivante.
Les jeunes surtout sont touchés par les emplois précaires et hyperflexibles. C’est une pratique illégale courante de ne faire signer leur contrat aux intérimaires qu’après la prestation de leur semaine de travail. Certaines entreprises comptent plus de 50% d’intérimaires dans leur personnel. Pour lutter contre cela, les jeunesses syndicales et Résistance Internationale organisent le 19 mars une nouvelle Marche des Jeunes pour l’Emploi. Le MAS essaie de lui donner un caractère combatif en lançant dès à présent des comités de mobilisation aux bureaux de pointage, dans les entreprises avec les délégations jeunes des syndicats, dans les quartiers, dans les écoles et les universités. N’hésitez pas à prendre contact avec nous.
La combativité y est
Vers une grève générale!
Cela fait des mois déjà que les entreprises entrent en action les unes après les autres contre un patronat de plus en plus agressif. Licenciements, allongement de la durée du travail, flexibilité accrue, menaces de délocalisation, les patrons mettent en oeuvre toute la panoplie de menaces à leur disposition. Les entreprises publiques ne sont pas épargnées. De Lijn, les TEC, la STIB, La Poste, la SNCB,… partout des milliers d’emplois sont en jeu et les conditions de travail se dégradent. Il n’y a pas d’argent pour les bâtiments scolaires. Le Non-Marchand a un besoin urgent de 25.000 emplois supplémentaires et d’un rattrapage salarial.
L’offensive du patronat et de ses laquais politiques est générale. Nous devons y répondre par des actions de grève générales. Le Non-Marchand part en grève le 27 janvier. Pourquoi pas une grève générale de 24 heures ce jour-là ou, mieux encore, de 48 heures les 27 et 28 janvier?
Avec quel programme? Cela fait plus d’un an que le Non-Marchand a rassemblé ses militants en front commun syndical lors d’un grand meeting pour travailler à une plateforme commune de revendications.
Pourquoi ne pas faire de même sur une base interprofessionnelle. Une telle plate-forme de revendications pourrait aligner les mots d’ordre suivants:
Le mot d’ordre de grève générale est un vain mot s’il ne va pas de pair avec un programme clair et un plan d’action qui soient discutés dans les entreprises et qui reçoivent le soutien de tous les travailleurs. Non à la grève pour faire retomber la pression, oui à la grève pour imposer nos revendications.
Il faut un nouveau parti des travailleurs!
Même si les travaillleurs parviennent temporairement à faire plier le genou au gouvernement et au patronat, ceux-ci ne renonceront jamais à nous imposer les mêmes mesures sous l’une ou l’autre forme tant que le capitalisme subsistera. D’où la nécessité de construire le MAS/ LSP en tant que parti révolutionnaire.
Un parti qui ne rejette pas l’anticapitalisme et le socialisme dans un avenir lointain, mais qui y travaille quotidiennement en partant de la pratique. Nous ne disons pas d’attendre des lendemains qui chantent. Bien au contraire, nous devrons lutter pour y arriver, y compris avec tous ceux qui ne sont pas encore convaincus aujourd’hui de la nécessité de changer fondamentalement la société. Mais même si nous faisons tomber le gouvernement, nous savons que nous n’avons rien de bon à attendre d’une autre coalition. Les travailleurs sont en effet privés d’instruments politiques. Le SPa, le PS et les verts sont devenus des partis intégralement au service du patronat.
Nous plaidons pour la formation d’un grand parti de lutte, ouvert à tous ceux qui veulent lutter contre les mesures d’austérité néo-libérales. Un parti qui fasse également retentir les griefs des travailleurs dans l’enceinte du Parlement et qui sache l’utiliser pour soutenir les luttes quotidiennes et les populariser.
Un tel parti ne pourra voir le jour en Belgique que si la CSC/ACV rompt avec le CDh/CD&V et la FGTB/ABVV avec le PS-SPa et que des pans entiers du mouvement syndical décident de se donner un prolongement politique. La seule mise sur pied d’un tel parti signifierait déjà un énorme pas en avant. Il serait cependant rapidement placé devant le choix de s’intégrer au système ou de rompre avec lui.