Ces dernières années, les travailleurs de La Poste ont vu pleuvoir les coups sur eux: des bureaux ont été fermés, un plan Georoute a suivi l’autre,… La colère contre la privatisation et la politique d’assainissement est grande. Mais à l’exception d’une manifestation nationale en mars dernier, la protestation est restée limitée à des actions isolées, bureau par bureau. D’une telle façon, l’introduction du Mc facteur – le «facteur de quartier» qui travaille à temps partiel pour un salaire de famine – ne sera pas stoppée. Nous avons besoin d’une résistance et d’une lutte généralisée.
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Ces derniers jours, différentes actions se sont déroulées dans diverses régions, et il est maintenant question de grève généralisée des travailleurs de La Poste du côté francophone, ce à quoi la direction a de suite réagi en annonçant qu’il n’était pas question de grève du côté néérlandophone. Si l’opposition n’est pas vigoureusement organisée, la direction trouvera toujours une façon de semer la discorde.
Durant plusieurs années, la politique de libéralisation a fortement diminué le nombre de travailleurs: alors qu’il y avait autrefois 40.000 emplois, il y en a maintenant 8.000 de moins. Un emploi sur cinq a disparu. 8.000 emplois, c’est encore trois fois Opel-Anvers. Les autorités n’ont accordé aucun soutien, au contraire, ce sont elles qui ont imposé la libéralisation.
Maintenant, la direction de La Poste veut remplacer un grand nombre de facteurs par des livreurs de courrier qui devront se contenter d’un salaire de famine. La direction pense particulièrement à des femmes au foyer et des étudiants qui distribuerons le courrier trois heures par jour. Des McFacteurs en d’autres termes. Du reste, il est certain que cette expérience sera renouvelée ailleurs: pourquoi des femmes au foyer et des étudiants ne pourraient-ils pas être utilisés comme chauffeurs de bus aux heures de pointe par exemple? Cela n’est peut-être pas encore pour demain, mais si des contrats de trois heures par jour à 8,43 euros de l’heure sont permis, d’autres n’hésiteront pas à suivre cet exemple.
Le personnel de La Poste est actuellement déjà très flexible. Nombreux sont ceux qui travaillent depuis déjà plusieurs années comme interimaires avec des contrats d’une semaine. D’innombrables bureaux ont été fermés. Les facteurs travaillent le chronomètre à la main, avec de plus grandes rondes à effectuer. Mais pour le patron de La Poste, un salaire de 8,43 euros de l’heure n’est pas «salaire de famine» – qu’il accepte alors lui-même un salaire semblable – parce qu’il est possible grâce aux primes d’aller jusqu’à 10 euros brut de l’heure. En plus, ajoute-til, «c’est justement le but que les facteurs de quartier aient encore un autre revenu».
À terme, La Poste veut remplacer 4.000 facteurs par 8.000 facteurs de quartier. La direction veut mettre en place une trentaine de projets-pilotes au cours des prochaines semaines, ce qui divise la résistance. C’est l’introduction de ces facteurs mal payés et à temps partiel qui a donné lieu à la manifestation de mars 2009. Beaucoup de travailleurs et de travailleuses de La Poste ont considéré cette manifestation comme quelque chose qui aurait dû arriver depuis longtemps et espéraient qu’un plan d’action coordonné au niveau national arriverait. Il est assez regrettable que cela n’ait pas été le cas.
Il est grand temps d’avoir un plan d’action avec des journées d’action nationales revendiquant une Poste de qualité avec un vrai personnel qui bénéficie d’un emploi à part entière et d’un traitement honnête. Cela signifie de s’opposer à la libéralisation et que La Poste redevienne un service public où la prestation de service et le respect pour le personnel sont à nouveau des élément centraux.