Ce vendredi 25 septembre, une assemblée générale a rassemblé des membres du PC, de la LCR, du PH et du PSL. 55 personnes s’étaient ainsi réunies pour tirer un bilan du travail en cartel effectué à l’occasion de la campagne électorale de juin dernier, où ces quatres formations s’étaient présentées ensemble aux régionales à Bruxelles. La motion que vous pouvez lire ci-dessous a été acceptée par chacun des partis comme texte de bilan de notre collaboration.
- Assemblée générale du PC, de la LCR, du PH et du PSL, rapport et photos
- Texte d’évaluation du PSL-LSP
Lorsque nos quatre partis se sont réunis à Bruxelles à l’occasion des élections régionales de 2009, ce n’était pas dans l’idée de réaliser une percée électorale, mais bien de tenter d’unir nos forces autour d’un programme commun pour faire face au capitalisme en crise. Nous savons que la crise frappe l’ensemble de la population selon un rythme et une intensité différentes selon les pays, voire les régions, et les secteurs. Nous comprenons aussi que, bien que la conscience suive les conditions matérielles – avec, parfois, un certain retard – la relation entre la conscience de classe et l’évolution des conditions matérielles n’a rien d’automatique. Par contre, nous sommes convaincus que cette crise du système capitaliste aura partout un effet profond, non seulement sur les conditions de travail et de vie, mais aussi sur le développement de la conscience politique des travailleurs et de la jeunesse, même si cette prise de conscience n’affectera au début qu’une minorité d’entre eux.
Ne nous trompons pas quant au stade actuel de la crise, et surtout sur les effets de cette dernière sur la conscience politique de larges couches de la population. Il est clair que les partis qui ont voulu maintenir un profil néo-libéral dur, comme le MR et le VLD, ont été sanctionnés lors des dernières élections. Ecolo a pu bénéficier à la fois de son profil de parti d’opposition et de la prise de conscience écologique. Le parti qui a pu capitaliser le mieux sur la peur suscitée par l’irruption de la crise économique a été le PS. Toute en perdant des voix, ce parti sort vainqueur des élections. En effet, il a pu limiter les dégâts en jouant sur la crainte d’un « bain de sang social » provoqué par l’arrivée d’un MR prédateur au pouvoir en pleine période de crise économique. Le PS a d’ailleurs, tout comme le CD&V en Flandre, pu faire appel aux structures et aux réseaux sociaux et syndicaux qui l’entourent. Bien qu’il garde une assise raisonnable à Bruxelles par rapport aux prévisions des sondages, le PS y cède la première place au MR. L’appartenance du FDF au MR donne à ce dernier une image moins ouvertement bourgeoise et la force électorale du MR à Bruxelles s’explique également par la tradition libérale et la concentration géographique de la bourgeoisie qui sont très fortes au sein de la Région.
Le nombre de suffrages exprimés pour les partis flamands dans la région Bruxelles Capitale a de nouveau reculé, passant de 62.000 votes en 2004 à moins de 52000 en 2009. Ce recul s’explique principalement par le fait que les Flamands de Bruxelles se sentent mal à l’aise avec la rhétorique flamingante à laquelle recourent tous les partis flamands. Il faut aussi se féliciter du déclin électoral des formations d’extrême droite, victimes de leurs divisions claniques, des nombreuses affaires de corruption et de l’absence de structures. En Flandre, le Vlaams Belang perd également une partie de son électorat au profit d’autres formations de droite telles que la N-VA et la Liste Dedecker. Tout en nous réjouissant du recul de l’extrême droite, nous pensons toutefois que tant qu’une alternative de gauche n’émerge pas contre la crise, l’extrême droite aura la capacité de se ressaisir.
Avant même le scrutin, la bourgeoisie avait marqué sa préférence pour une coalition gouvernementale qui disposerait de liens privilégiés avec les directions syndicales ce qui assurait les meilleures conditions pour pouvoir imposer l’austérité à la base syndicale sans choc frontal. L’argument comme quoi l’Olivier est la solution la plus à gauche possible sera utilisé à cette fin, bien que ce gouvernement appliquera fidèlement la politique du patronat. Cette politique conduira une partie des travailleurs à remettre en question les liens entre les syndicats et les partis traditionnels. Les plus conscients d’entre eux soulèveront la nécessité d’un instrument politique indépendant pour les travailleurs. Certes, notre cartel n’est pas cet instrument. Il faudrait pour cela l’engagement de pans entiers des organisations syndicales et de leurs militants. Par contre, notre cartel peut aider à construire l’unité et à populariser un programme réellement au service de la population laborieuse. Bien qu’il faille formuler ces revendications de manière compréhensible et adaptée au niveau de conscience politique de nos interlocuteurs, nous ne pensons pas que c’est en abandonnant des points essentiels du programme que nous pourrons combler le vide existant à gauche dans la société. C’est au contraire, en apportant des véritables solutions telles que la nationalisation des secteurs clés de l’économie que nous serons capables d’illustrer en quoi nous sommes réellement différents des partis qui appliquent une politique de droite tout en se disant de gauche.
La correcte évaluation de l’étape dans laquelle se trouvait notre processus unitaire a constitué un facteur crucial dans le succès du cartel: quatre partis avec des analyses, des programmes et des méthodes encore forts différents, mais néanmoins prêts à collaborer et à militer ensemble sur un certain nombre de points communs. La multiplication de tracts et d’affiches propres de la part des diverses composantes a peut-être ajouté à la confusion, mais c’était la condition essentielle pour que puisse s’instaurer la confiance nécessaire. Le cartel n’a jamais voulu forcer la main à aucun de ces composants, ni freiner leur droit de se profiler sur leurs thèmes propres. Par contre, là où le cartel le pouvait, lors des stands au premier mai où encore lors des assemblées générales en commun, il a illustré en quoi il représentait un plus tout en s’appuyant sur les points forts des diverses composantes. Pour toutes ces raisons, le cartel souhaite continuer à développer cette voie, non seulement en période électorale mais également, et surtout, lors de luttes sociales et ce, dans l’esprit de collaboration et de loyauté entre les quatre organisations qui a caractérisé notre participation conjointe dans la récente campagne électorale.