Malgré l’opposition générale du personnel, le plan d’économies voulu par le directeur Stéphane Moreau est d’application depuis le 7 septembre. Passage de 36 à 38 heures (payées 36 !), réduction ou suppression pure et simple de primes, instauration d’un système d’évaluation calqué sur le privé, fermeture de postes locaux,… le choc est brutal. Et c’est loin d’être fini.
Par Jean Peltier
Pour plus d’informations:
- TECTEO: Quand le PS met une intercommunale à l’école du privé…
- TECTEO : La colère monte, il faut d’urgence un plan de mobilisation syndicale
- La direction de Tecteo n’aime vraiment pas le tract du PSL ! (suite et certainement pas encore fin)
- TECTEO : La direction n’aime pas le tract du PSL
- TECTEO: Interview de militants (juillet 2009)
Car une nouvelle restructuration est en vue. Plus de 250 travailleurs devraient se voir imposer des mutations dans les prochains mois. Dans certains secteurs, la direction a commencé à dresser, dans la plus grande discrétion, des listes d’agents à déplacer, ce qui pourrit le climat dans l’entreprise. De plus, la création annoncée d’une nouvelle filiale sous forme de société anonyme ouvre la porte à terme à un changement global de statut de l’intercommunale publique vers celui de groupe privé. C’est certainement là le but final de Moreau, par ailleurs multimandataire du PS (pour ne pas dire cumulard : 28 mandats dont 10 rénumérés !). Face à ce rouleau compresseur, il faut bien dire que la réaction syndicale a jusqu’ici été bien faible.
Des «actions ciblées» à la grève
Depuis le début de l’été, une grosse centaine d’affiliés de la CGSP sont passés à la CSC pour protester contre l’absence de réaction de la CGSP (ultra-majoritaire à Tecteo) face au plan Moreau. La CSC a rejeté dès le 11 août le plan Moreau et commencé à mener de courts arrêts de travail couplés à des actions à l’extérieur. La première assemblée générale des affiliés CGSP – réunie le jour même de l’entrée en vigueur des mesures ! – a écarté le départ en grève et voté à 60% en faveur d’«actions ciblées» menées à l’extérieur de l’entreprise dans le but de faire connaître largement la situation à Tecteo et de faire pression sur la direction. De petits rassemblements de militants ont eu lieu à diverses occasions, en particulier lors de l’inauguration des Fêtes de Wallonie et de la nouvelle gare des Guillemins.
Mais, après un mois de telles actions, le bilan est très léger. Certes, le cas Tecteo a commencé à être évoqué dans la presse mais cela n’a guère impressionné la direction de Tecteo, comme le montre le récent discours de Stéphane «Je-n’ai-peur-de-personne» Moreau devant le personnel.
La CSC a, à nouveau fait un pas en avant, en entamant depuis le 14 septembre des grèves de 3 jours par semaine. Mais son poids dans l’entreprise reste limité. C’est pourquoi il est essentiel que la CGSP suive et décide elle aussi le passage à la grève. C’est aujourd’hui le moyen décisif pour construire un rapport de forces meilleur face à la direction.
Solidarité indispensable
Un point positif à relever est la présence de délégations d’autres intercommunales liégeoises – (CILE (eau), ALG (gaz), AIDE (épuration des eaux), Intradel (déchets) – aux assemblées syndicales. Ce n’est pas un hasard car on commence là-bas à sentir souffler le même vent mauvais qu’à Tecteo. Même si les directions de ces intercommunales nient toute intention de changer le statut des intercommunales et des agents, les syndicats craignent à raison que Tecteo ne soit qu’un banc d’essai. Mener dans ces sociétés de vraies actions de solidarité avec Tecteo serait donc à la fois un bel acte de solidarité… et aussi une assurance pour l’avenir. De même, il serait bien que des actions de solidarité réciproque puissent se développer avec les enseignants. Car, malgré la différence des situations, c’est bien la même logique du «travailler plus pour gagner moins» que patronat et ministres imposent agressivement des deux côtés.