Les gouvernements sauvent les banques
Et pour nous… la note!
Les énormes subsides du gouvernement aux banques ont rapidement redonné confiance aux banquiers et actionnaires: les valeurs boursières ont connu un cours moins maussade ces dernières semaines. Quand, le 20 août, le président de la FED (Federal Reserve, la banque centrale américaine) Ben Bernanke a parlé d’«indices de stabilisation de l’activité économique», cela a suffi pour que le Bel 20 (les 20 principales entreprises belges cotées en Bourse) réalise un bond de 1,97% sur cette seule journée. C’est plus que l’intérêt annuel offert par les banques pour un compte épargne…
Les banquiers recommencent à sabrer le champagne et à s’accorder de copieux bonus. Paul de Grauwe, ancien parlementaire libéral flamand et professeur d’économie à la KUL, trouve cela «choquant»: «Les gouvernements sont massivement venus en aide aux banques et maintenant, lorsqu’elles réalisent à nouveau des profits, cet argent est destiné aux actionnaires et aux banquiers, qui s’attribuent des bonus fantastiques» (Volkskrant, 7 août). Eric de Keuleneer, de l’ULB, affirme que «Sans les interventions gouvernementales, les banques seraient en faillite» et compare les banques à un «secteur subsidié». (Le Soir, 22 août)
C’est avec l’argent de la collectivité que le secteur bancaire a été sauvé. «Il semble que les banquiers soient les grands vainqueurs de la crise économique. Après avoir conduit l’économie au bord d’un abîme, et après avoir été sauvées par le gouvernement avec l’argent du contribuable, les banques entrent dans un nouvel âge d’or.» affirme encore Paul De Grauwe (De Morgen, 22 août), en ajoutant qu’il voit là des problèmes «éthiques» et «économiques». Tout cela n’a pourtant que peu à voir avec l’éthique, c’est simplement la logique du système capitaliste.
Selon Paul de Grauwe, les opérations de sauvetage de ces derniers mois, qu’il résume par la formule «la privatisation des profits, la socialisation des pertes», risque de poser les bases d’une nouvelle crise bancaire à l’avenir. Eric de Keuleneer lance, lui aussi, un avertissement: «Si nous n’en tirons pas les leçons, si nous gardons nos mauvaises habitudes financières, nous allons immanquablement vers une crise encore plus grave dans les années à venir, au terme de laquelle l’économie occidentale se trouvera marginalisée. Ce qui sera particulièrement lourd à porter pour les générations suivantes» (Le Soir, 22 août).
Si on laisse la bride sur le cou aux banques et aux grands actionnaires, rien ne les empêchera de continuer à festoyer tranquillement sur notre dos. Il ne faut pas compter sur les partis traditionnels pour les remettre au pas. Même un ancien néolibéral comme De Grauwe dit aujourd‘hui que le gouvernement «ne s’est pas laissé guider par le principe de l’intérêt général (à savoir celui du contribuable), mais par des intérêts particuliers», à savoir celui des banquiers et des grands actionnaires. Et, à la rentrée, les gouvernements s’apprêtent à faire payer la note de la crise bancaire à la collectivité en organisant des coupes d’austérité dans les services publics et la sécurité sociale,… en s’en prenant donc aux personnes déjà précarisées par l’âge, la maladie ou le chômage.
Nous refusons cette politique. Pourquoi serait-ce aux travailleurs, aux chômeurs, aux pensionnés, de payer pour une crise causée par l’avidité d’une minorité ? Le Parti Socialiste de Lutte met au contraire en avant des mesures qui feront payer les vrais responsables – la nationalisation du secteur bancaire sous le contrôle des travailleurs et de la collectivité, un impôt sur les grandes fortunes, une lutte résolue contre la fraude fiscale. Sans cela, les banquiers continueront à faire la fête pendant que nos poches se videront.