La crise épargne t’elle le secteur public? Réponse à l’administrateur délégué de l’AFSCA

L’Agence Alimentaire est un parastatale (agence publique non rattachée à un ministère). Actuellement, la Ministre responsable est Sabine Laruelle Ministre de l’Agriculture, de la Politique scientifique, des PME et des Indépendants. Auparavant, la responsabilité politique de l’Agence était confiée au Ministre de la Santé Publique. La mission de l’Agence Alimentaire est d’assurer la sécurité de la chaine alimentaire et l’innocuité des produits destinés à la consommation humaine, animale ainsi que la santé et la protection des végétaux.

Par Alain Mandiki, laborantin à l’Afsca

L’AFSCA est l’acronyme de : Agence Fédérale pour la Sécurité de la Chaine Alimentaire. Elle a été crée en 2000, suite à l’affaire de la dioxine qui a consacré la faillite totale de la politique de contrôle et de traçabilité d’alors. Ce parastatale comptait, en 2006, 1700 équivalents temps pleins répartis en Unité provinciale de contrôle, laboratoire et service centraux.

Dans le dernier numéro du Foodnote «le journal du personnel de l’Agence Alimentaire», l’administrateur délégué, Monsieur Gil Houins, a tenu des propos qui méritent d’être mis en perspectives.

Tout d’abord ceux-ci: «Les préoccupations des médias et des citoyens se sont déplacées vers la ‘crise’ financière et la ‘crise’ économique née dans le prolongement. Ce n’est plus la santé du consommateur qui est menacée mais son porte-monnaie! Ces circonstances ont réveillé certains lobbies dans l’agro-alimentaire qui avaient adopté un profil bas au cours des dernières années. Sous prétexte que les sociétés souffrent déjà sur le plan économique, nous devrions être plus coulants, voire laxistes, sur les problèmes de contamination de denrée et les conditions de fabrication. Cette thèse a même été distillée à haut niveau au sein de la Commission européenne…»

Ceci confirme bien ce que l’on pensaient depuis longtemps, à savoir que la logique de profit ne peut apporter aucune garantie en matière de sécurité et de santé publique. Mais le citoyen peut-être rassuré car Monsieur l’administrateur délégué veille au grain :

«Je m’élève contre cette tentative de faire passer la sécurité alimentaire au second plan à l’occasion des problèmes économiques».

On peut donc dormir sur nos deux oreilles… Malgré moi, je persiste cependant à penser qu’il faut renforcer les contrôles afin d’assurer que la nourriture avec lesquelles les gens s’alimentent soit exempte de tout danger. Cela ne peut se faire qu’avec des agents publics bien formés et en nombre suffisants. Il faut aussi que la production la transformation de nourriture sorte de la logique froide du capital, sans cela on ne sortira pas de l’impasse de l’agriculture intensive et on ne jugulera pas les dégâts provoqués par les intrants et les extrants nécessaires et issus de celle-ci. De plus en plus d’étude montre aujourd’hui l’impact des produits chimiques notamment utilisé dans l’agro-industrie sur la santé humaine mais aussi dans la pollution des eaux et des terres en général.

La deuxième partie de son intervention vaut son pesant d’or. En peu de mot, on a le parangon de la ‘pensée-type’ du top manager dans le secteur public. On voit à quelle point les hauts-fonctionnaires de l’Etat ont assimilé la pensée libérale et comment ils contribuent à faire passer les intérêts du patronat dans le secteur public.

Pour Monsieur Houins, la crise a épargné le secteur public: «Lorsque l’on tend l’oreille dans les lieux publics, on constate que le climat est à la morosité… C’est à ce moment que la stabilité de l’emploi dont vous jouissez (en parlant des fonctionnaires: NDA) prend tout son sens. Ce n’est pas un hasard si une enquête récente plaçait les ‘services publics’ en deuxième choix parmi plusieurs dizaines soumis à de futurs diplômés… Ne vous laissez donc pas influencer par le climat ambiant: votre pouvoir d’achat est resté intact et votre avenir est assuré dans une organisation moderne et reconnue. Pensez-y lorsque votre journée commence…»

Cette déclaration est soit du cynisme soit de la provocation. En effet, en Mai 2008, ce même monsieur avait annoncé dans un show en grande pompe devant tout ses agents, la distribution de chèque-repas au personnel de l’agence. Ce qui tombait à pic lors de la flambée des produits alimentaire. Jusqu’à aujourd’hui, pas un seul chèque repas n’a été distribué, la restriction budgétaire due à la crise étant sans doute passer par là!

Quelques petites précisions semblent à ce stade nécessaires. Il faut en finir une bonne foi pour toute avec la mauvaise foi libérale, lorsque Monsieur Houins affirme péremptoirement que le pouvoir d’achat des fonctionnaires est resté intact, il dit exactement le contraire de la réalité. Dans ses perspectives 2009-2014 le Bureau Fédéral du Plan, qui n’est pas connu pour être un repère de marxistes, dit ceci :

«Après deux années consécutives de croissance soutenue (2.6% par an en moyenne), le pouvoir d’achat des particuliers belges a stagné en 2008, et ce en dépit de la progression sensible de l’emploi. La hausse nominale du revenu disponible des ménages a en effet été complètement annulée par la forte augmentation des prix en général (l’indice national des prix à la consommation a enregistré sa croissance la plus forte depuis 1985, à savoir 4.5%) et des prix de l’énergie en particulier. Or, ces derniers ne sont que partiellement intégrés dans l’indice santé. En conséquence, l’indice santé à progresser moins vite (4.2%) que l’inflation totale. De plus, l’indexation intervient avec un certain retard par rapport à l’évolution de l’indice santé… deux mois dans le cas des salaires publics (dont l’indexation à atteint 3.0% en 2008)… ». (Perspectives économiques 2009-2014, Bureau fédéral du Plan)

Les travailleurs du secteur privé et du secteur public n’ont donc pas rêvé l’augmentation du coup de la vie! Ils ont d’ailleurs réagit massivement lorsque l’occasion leur a été donnée. Quand à savoir si ‘notre avenir est assuré’, avec un déficit de 7% du PIB en chiffre plus ou moins 20 milliards, une croissance pour 2009 évaluée a -4% et les scénarios d’austérité ‘absolue’ qui circulent actuellement. Aucun secteur public ne sera épargné (selon les mots même du ministre du budget).

Ce genre de déclaration vise à paralyser l’action des travailleurs par la peur de perdre leur avantage si d’aventure ils entraient en lutte. C’est aussi une manière de diviser les travailleur en secteur soi disant privilégié public et l’autre le privé où, il est vrai, les contrats précaires sont légions.

Seule l’unité la plus large de la classe salarié avec ou sans emploi avec ou sans papier nous fera éviter l’appauvrissement collectif que nous prépare les gouvernement et ses relais ‘toutous’, tous les Gil Houins de la fonction public.

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