Après une longue grève, les travailleurs de Bridgestone reprennent le travail

Vendredi dernier, l’assemblée générale a accepté le projet d’accord entre les syndicats et la direction avec 63 votes pour, 47 contre et une abstention sur un total de 111 présent. Cet accord prévoit le reclassement externe des 8 travailleurs licencié dans des entreprises de la région avec des salaires censé être identiques à ceux qu’ils percevaient à Bridgestone et une prime de départ.

Ben (Hainaut)

L’accord prévoit aussi la transformation d’une bonne partie des travailleurs sous CDD en contrat à durée indéterminée. Il y a également une sorte de volet « sécurité d’emploi » pour les 132 ouvriers restant, ainsi que la promesse de la direction de ne plus prévoir de restructuration. Enfin, à tout cela s’ajoute le fait que les syndicats proposeront pour le 15 septembre au plus tard une proposition de CCT 90, permettant la mise en place d’un système de prime nette d’impôt en fonction d’objectif déterminé de production.

On peut bien évidemment douter de l’utilité du volet « sécurité d’emploi » puisqu’il en existait déjà un avant le conflit et que le patronat de Bridgestone ne l’avait pas respecté mais cet accord est tout de même légèrement meilleur que le précédent. Il est seulement un peu surprenant que les syndicats acceptent une augmentation du rythme de travail pour quelques primes.

Quel bilan tirer ?

Si le patron a du faire certaines concessions, c’est grâce à la solidarité et au courage des ouvriers de Bridgestone car ils ont montré une combativité et une capacité de résistance au patronat longtemps oubliée dans la région. Avec 58 jours de grèves, ce conflit est l’un des plus long que la région de Mons Borinage ait connu. Chaque ouvrier de Bridgestone devrait donc reprendre le travail avec fierté et ne pas laisser le management croire que le rapport de force est en sa faveur.

Cependant, la reprise du travail va être difficile, c’est toujours le cas suite à de pareils conflits, et c’est dans ces moments la qu’il faut se serrer les coudes. Des conflits comme celui-ci sont rares, ils nous permettent de renouer avec la lutte collective, la seule méthode qui paye. Si on en tire les leçons, on peut apprendre vraiment beaucoup grâce à ce type de conflits. Faire le bilan du conflit est donc utile.

Ce genre de bilan doit être discuté, mais selon nous, l’absence d’assemblée générale régulière et d’un comité de grève a contribué au fait que la grève se termine ainsi. C’est plus pratique d’avoir des assemblées car ça permet à tous les travailleurs de participer. Ensuite, pour contrecarrer les tactiques et les manœuvres du patronat, mettre en place un groupe de travailleurs autour des délégués aurait permis une organisation plus concrète et la possibilité de prendre des initiatives plus facilement. L’une d’elles aurait pu être de mettre en place un système de visites à domicile des travailleurs pour les tenir informé et s’assurer qu’ils n’ont pas trop de difficulté financière ou familiale. Avec de tels mécanismes, la cohésion des travailleurs se trouve renforcée, et aussi bien ceux souvent présent au piquet que ceux qui sont pris par d’autres obligations se sentiraient partie prenante dans le mouvement.

Sur le piquet, le sentiment qu’on ne gagne pas une grève sur les 10 m² devant l’entreprise était présent. Beaucoup discutait de la nécessité de populariser et d’élargir le soutien au conflit. C’est avec cette idée en tête que les militants du PSL ont essayé d’aider du mieux qu’ils pouvaient. Nous avons participé pleinement au comité de soutien, nous avons distribué des tracts et essayé de populariser la grève sur nos lieux d’interventions habituels. Nous avons fait appel aux délégations et aux syndicalistes avec qui nous sommes en contact pour leur proposer de voter des motions de soutien.

Au début de l’année, les travailleurs de Bekaert sont rentrés en lutte, et c’est intéressant d’y jeter un œil car la solidarité en dehors de l’entreprise qu’ils étaient parvenus à obtenir nous a fortement impressionné. Ils ont organisé des distributions de tract dans les entreprises du coin et ils ont été discuter directement de leur situation. Peut être qu’on aurait pu faire ça a Bridgestone, on a tous vu qu’il existait des possibilités énormes pour organiser un soutien large dans les entreprises notre région, on a vu beaucoup de délégué, de travailleur et d’habitant de la région montrer des marques de soutien et de solidarité. Le syndicat ou peut être un comité de grève aurait pu organiser ces distributions de tract et ces prises de paroles dans les entreprises du zoning pour organiser le soutien. Et si la proposition d’une grève régionale de solidarité de 24h pouvait paraître téméraire en période de vacance, proposer une manifestation régionale de soutien comme ça été fait à Bekaert aurait été possible.

Pour un relais politique aux luttes.

Un point de conclusion dans le conflit, c’est certainement l’isolement de la lutte sur le plan syndical. On sait que sans relais politique, une délégation syndicale est presque irrémédiablement vouée à l’échec. Les relais traditionnels des syndicats ne sont plus prêt à mener la lutte pour défendre chaque emploi. PS et CDH ont beau faire de grandes déclarations, dans les faits ils sont dans tous les mauvais coups contre les travailleurs. Il faudrait que la FGTB et la CSC coupent leurs liens avec ces partis traditionnels. Et pour que nos revendications soient portées au niveau politique, il nous faut un nouveau parti des travailleurs, un parti créé par et pour les travailleurs, un parti de classe qui se fait le porte parole politique des revendications syndicales.

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