Ecole d’Eté Européenne du CIO – 2009: Meeting Public : 1989 – Les conséquences et les leçons de la chute du Mur de Berlin (3)

Le massacre de Pékin

Les évènements de 1989 en Chine ont été un point tournant, pas seulement pour la Chine mais aussi pour l’Europe de l’Est, l’URSS et le monde entier de façon générale. Il y a 30 ans, Thatcher a affirmé qu’il n’y avait pas d’alternative et le néolibéralisme s’est développé largement sur le globe. A la fin des années ‘70, la Chine a elle aussi rejoint la liste des pays qui faisaient des réformes pro-capitalistes. Le régime chinois a commencé son processus de réformes pour réinstaurer le capitalisme.

L’intégralité du rapport de ce meeting est disponible en cliquant ici

Tiananmen -1989, les sept semaines qui ébranlèrent le monde – Un nouveau livre de chinaworker.info

Ce livre (en anglais) de 96 pages republie le témoignage de Stephen Jolly, qui était présent lors des gigantesques manifestations estudiantines d’avril-juin 1989 contre l’autocratie et la corruption, et complété par de nouveaux articles de Vincent Kolo et de Chen Mo.

  • Chine : 58 000 «incidents de masse» au cours des trois premiers mois de 2009
  • Les autorités sont angoissées à l’approche du vingtième anniversaire du massacre de Tiananmen

La bureaucratie et les intellectuels du PCC sont devenus des fans de tristes individus comme Milton Friedman (le ‘pape’ du néo-libéralisme). Ils ont commencé par dissoudre les fermes collectives, privatiser l’industrie et déréguler le système des prix en entraînant ainsi une vague de corruption dans la bureaucratie. La spirale inflationniste, inconnue jusqu’alors, a atteint 32% en 88! Un vent de panique a soufflé sur le pays en conséquence.

La crise sociale a commencé par des fissures au sommet de l’appareil. Toutes les dictatures essaient de garder le pouvoir à n’importe quel prix. A l’époque, les pro-capitalistes étaient majoritaires et les anciens maoïstes étaient plutôt insignifiants; la différence se situait au niveau de la vitesse à laquelle il fallait réformer. Le 17 avril, Hu Yaobang décéda, cela a été le commencement de manifestations de professeurs et d’étudiants qui ont marché à 700 sur Tiananmen. Le mouvement s’est vite développé, mais il était assez flou. Le 26 avril, le gouvernement a essayé de stopper le mouvement en menaçant les étudiants, mais le mouvement a continué à grossir, et de plus en plus de travailleurs ont commencé à le rejoindre.

Le 17 et le 18 mai, 500.000, puis 1 million de personnes ont défilé à Pékin, dont une majorité de travailleurs. Le mouvement s’est ensuite étendu à 110 autres villes. Des organisations ouvrières indépendantes ont commencé à émerger. Le gouvernement a alors compris ce que les masses n’avaient pas encore appréhendé: le mouvement avait un potentiel révolutionnaire.

Le 19 mai, la régime a déclaré la loi martiale mais, pendant 10 jours, des gens ordinaires sont restés dans les rues, ont mis en place des barricades, ont formé des chaînes humaines, et ont empêché l’armée de reprendre la ville. Des équipes de jeunes et de travailleurs organisaient la vie (le trafic routier, le ravitaillement,…), le taux de criminalité a fortement baissé et des criminels ont même déclaré qu’ils faisaient une grève du vol! Il y avait des éléments de ce que les marxistes appellent la situation de ‘double pouvoir’. Le gouvernement était coincé mais cela ne pouvait pas durer éternellement et l’espace a été laissé pour la réaction.

La nuit du 3 au 4 juin, l’«armée populaire» est entrée avec des tanks pour nettoyer la place Tiananmen et les rues de Pékin. Il est possible que des milliers de personnes aient été tuées cette nuit. Les masses ont fait grève pour contre-attaquer, mais il était trop tard. Surtout, il y avait un manque énorme d’organisation, de direction et de stratégie pour prendre le pouvoir. Après ces événements, plus de 50.000 personnes ont été arrêtés, 40.000 peines de prison ont été déclarée et une centaine d’exécutions ont eu lieu (principalement des travailleurs, pas des jeunes).

On peut décrire le mouvement de 1989 comme une révolution politique, mais à cause du manque d’organisation et de stratégie, ce mouvement a été vaincu. Après ça, les médias bourgeois ont prédit que la Chine retournerait à l’économie planifiée, mais le Comité pour une Internationale Ouvrière faisait partie des rares à dire qu’au contraire le processus vers le capitalisme continuerait. Aujourd’hui, le gouvernement chinois met en place une politique néolibérale des plus violentes: il y a 825.000 millionnaires dans la Chine actuelle, le nombre le plus élevé de la terre après les USA: la polarisation de la richesse est extrême.

La Chine est à l’aube de nouveaux mouvements de masse et de mouvements révolutionnaires. Comme l’a dit Lénine, oublier l’Histoire c’est la trahir. Le CIO est intervenu cette année à la manifestation de 200.000 personnes à Hong Kong ce 4 juin dernier, nous sommes les seuls à dire que ce mouvement était bien un mouvement révolutionnaire et un mouvement de la classe ouvrière et pas seulement d’étudiants. Nous devons rappeler aux gens ce qui s’est passé, raison à la base de la publication de notre livre «Sept semaines qui ont changé le monde».

Nous devons analyser ce qui s’est passé en 1989, avec une méthode marxiste et en tirer les conclusions pour la construction d’un parti révolutionnaire. En 1989, le CIO a d’ailleurs essayé d’intervenir pour clarifier les tactiques à adopter avec en particulier la courageuse visite en Chine de notre camarade australien Steve Jolly («Eye witness in China»). D’autres groupes veulent que la dictature change sa position officielle sur les évènements de 1989, mais nous réclamons la fin du régime de parti unique. La classe ouvrière est déterminante pour réaliser cette tâche, c’est elle qui peut changer les choses. La lutte pour des droits démocratiques est indissociable de la lutte contre le capitalisme.

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