Ecole d’été européenne du CIO – 2009: Le capitalisme dans la pire crise depuis les années ‘30

L’année 2009 constitue un moment critique et signifie beaucoup de tâches nouvelles pour toutes les sections du CIO. Le développement de cette crise du capitalisme nous confronte à de nouvelles questions. A titre d’exemple, cette année déjà, nous avons connu des grèves industrielles victorieuses en Angleterre, comme à Visteon, le mouvement de masse de la jeunesse allemande, d’innombrables luttes en France ou en Irlande, mais aussi des situations très graves comme au Sri Lanka ou encore au Pakistan. Là où nous sommes présents, nos camarades ont participé activement à ces luttes. Il s’ouvre une nouvelle ère dans la lutte des classes un véritable point tournant ; tant pour la classe ouvrière que pour notre internationale.

Rapport de la discussion

La crise économique la plus profonde depuis les années ‘30

La situation actuelle a des éléments de celle des années ‘80, quand nous sommes passés du statut d’observateurs à celui de facteur éventuellement décisif. D’un point de vue objectif, cette situation actuelle est encore plus favorable : le capitalisme est confronté à une crise mortelle. Les commentateurs bourgeois se confortent en se disant qu’ils ne sont pas confrontés à des résistances massives de la part de la classe des travailleurs, mais les commentateurs les plus sérieux comme Obama, reconnaissent le danger.

Ainsi, quand les banquiers se sont plaint des mesures d’Obama, il a répondu de façon intelligente: «entre vous et les fourches, il n’y a plus rien d’autre que moi». Le soi disant paradigme des années ‘90 qui a suivi la chute du mur, la fin de l’histoire, est parti à jamais. Les racines de la crise en font une crise organique du capitalisme. Les économistes bourgeois discutent de la forme que va prendre la récession : en L, en U, en W,… Mais ils sont en tout cas d’accord pour dire que la situation est mauvaise. Les keynesiens disent que ce n’est pas une dépression, mais une grande récession, tandis que Nouriel Roubini dit que c’est une quasi-récession. Mais en termes de dureté envers la classe ouvrière, on peut dire que cela va être comme dans les années ‘30.

Depuis trois ans, le capitalisme mondial est frappé de la pire crise qu’il ait connu depuis les années ‘30. Depuis le pic rencontré au 2ème trimestre 2008, la contraction de l’économie mondiale est d’environ -3% (chiffre à comparer aux +5% connus durant les 5 années qui ont précédé la crise). Par rapport à la crise des années ’30, cette crise est plus complexe et plus difficile à appréhender et anticiper à cause de la complexité de l’économie mondiale. Mais il ne s’agit pas que d’une crise économique, c’est aussi une crise sociale et une crise politique pour le capitalisme. Elle s’accompagne du développement d’un chômage de masse qui va encore s’amplifier. Ces dernières semaines, nous avons assisté à des soulèvements de masse dans certains pays. En Iran, il y a eu un soulèvement révolutionnaire en protestation contre les fraudes électorales. En Chine, au Xinjiang, on a vu des affrontements entre Hans et Ouïgours, immédiatement suivis par une forte répression.

Le coup d’Etat au Honduras est un signe de l’approfondissement de la crise politique en Amérique Latine. En Afrique du Sud, les grèves dans le secteur de la construction constituent un premier test pour le gouvernement Zuma. Le continent africain, même avant que la crise ne se développe complètement, avait déjà connu des émeutes de la faim dans 12 pays. Lors d’une rencontre internationale, le président de la Jamaïque a déclaré qu’il pouvait y avoir des mouvements de masse et révolutionnaires.

Des mouvements de masse et des grèves générales ont aussi eu lieu en Europe, notamment en France et en Grèce. En Grande-Bretagne, les luttes et les grèves avec occupation et blocages illégaux, notamment parmi les travailleurs de la construction, sont un signe des changements actuellement en cours. Ces mouvements vont avoir des effets sur la conscience des travailleurs, y compris dans les pays où des mouvements particuliers ne se sont pas développés. Cette crise met en péril la légitimité du capitalisme, même pour ses dirigeants.

Ces derneirs temps a eu lieu une explosion au grand jour de la corruption dans les grandes compagnies, notamment bancaires et d’assurance, avec par exemple l’affaire Madoff, qui a été condamné à 150 ans de prison suite à l’escrocrie de plus de 50 miolliards de dollars avec un système pyramidal. Cette affaire a fait grand bruit, mais les banques et les compagnies connaissent des dizaines de systèmes similaires, à la limite de la légalité. L’année dernière, des protestations ont eu lieu aux USA contre le renflouement des banques, les contribuables ne voulaient pas que leur argent aille sauver les banquiers.

Il est difficile encore de voir la profondeur et l’ampleur réels de la crise, même avec des chiffres. L’année dernière, plus de 50 mille milliards de dollars (¼ de la capitalisation mondiale…) ont été perdus, mais énormément de pertes sont encore cachées. Les pertes financière sont équivalentes à une année de production industrielle mondiale.

Les conséquences sont dramatiques pour des millions de travailleurs et pour leur famille, plongés dans la pauvreté ou la misère. Pour les commentateurs, cela est en premier lieu dû aux erreurs de crédit bon marché ou à la malhonnêteté de certains spéculateurs et dirigeants. Ces éléments ont pu jouer un rôle, mais c’est bien l’entièreté du système qui est responsable. Depuis Reagan et Thatcher, le capitalisme a quitté l’investissement industriel productif pour se réfugier dans l’investissement financier. Depuis cette époque, l’économie a été tirée par des bulles financières du genre de celle de l’immobilier, des nouvelles technologies,… Le poids de ces bulles spéculatives est visible quand on regarde la part de profits dus à l’activité financière. Avant les années ‘80, il s’agissait de 16%; pour monter jusqu’à atteindre les 41%. A côté de cela, les politiques néo-libérales ont conduit à un accroissement des inégalités sociales et économiques dans les pays mais aussi entre eux tandis que les capitalistes se sont eux mêmes illusionnés en affirmant qu’ils avaient éliminé les risques des marchés financiers et que s’ouvrait une période de profits sans fin. En définitive, la spéculation sur les dérivés financiers s’est avérée être la plus dangereuse, celle qui pouvait mener le plus rapidement au crash.

Cette situation ne va pas durer éternellement, le capitalisme va pouvoir retrouver des forces pour faire redémarrer l’économie, mais quel type de reprise pourrait-il y avoir? On ne peut qu’esquisser les différents scénarios possibles.

Avant 2007, la question qui se posait était celle de la profondeur de la crise. A l’époque, il était impossible de répondre précisément, mais les tendances génréales qui se sont exprimées ont été telles que nous l’avions dit. Maintenant, nous pouvons dire qu’il y aura pas de reprise rapide; ce ne sera pas une crise en V ou en U, même les dirigeants des multinationales disent plutôt que ce sera une crise en L, voire en W.

Tous les gouvernements d’Europe, des Etats-Unis, de Chine, du Japon, passent leur temps à injecter des milliards dans l’économie pour la soutenir, et ces mesures peuvent amortir ou ralentir les effets de la crise. Mais en conséquence, le déficit des USA va certainement atteindre 12% du PIB cette année, soit 13 mille milliards de dollars, ce qui représente 80% de son PIB annuel. Les taux d’intérêts seront de 500 milliards de dollars par an, ce qui représente 4% de son PIB annuel. Maintenant, nous sommes à plus de 700 milliards de dollars de plans de relance, sans que cela ait un effet réel sur l’économie.

Dans Union Européenne, le déficit va atteindre les 7,3% du PIB contre 1% en 2007. Les effets réels des plans de relance sont encore incertains et même si des mesures «sociales» sont prises pour amortir les effets de la crise sociale, aucun signe de retour à la normale n’est visible, notamment dans les secteur du prêt. Il n’y a pas non plus d’indice d’un redémarrage de l’investissement industriel par les grandes entreprises. La classe capitaliste n’a aucune idée claire sur la manière de sortir de la crise, elle réagit au coup par coup, selon les évènements.

Le début des années ‘80 avait été marqué par un passage conscient d’une orientation économique keynesienne, avec interventions d’Etats, à une orientation basée sur le monétarisme de Milton Friedman (comme l’ont appliqué Reagan, Pinochet, Thatcher,…). Ici, ils sont obligés de combiner les deux. Dans la plupart des pays, le taux d’intérêt avoisine 0%, pafois même sous 0%. Cela est dû à un recours massif à la ‘planche à billets’, ce qui crée une dévaluation monétaire. Un écroulement encore plus grave du système monétaire et financier a pu ainsi être évité, mais cela conduit au risque d’un développement massif de l’inflation, ce qui arrive toujours lors d’une impression massives de billets. Pour l’instant, cet effet est compensé par le fait que les banques gardent encore beaucoup de liquidités dans leurs coffres et par le fait que la surproduction garde les prix à un niveau relativement bas, pour l’instant on observe même plutôt une tendance déflationniste. Mais très rapidement, ces facteurs ne vont plus jouer et arrivera alors une inflation importante. La classe capitaliste n’a pas les moyens de maîtriser la situation, très certainement en ce qui concerne les mouvements qui peuvent se développer. En cas de forte inflation, il y aurait de suite une réaction de masse des travailleurs pour défendre leur niveau de vie.

Aucun pays capitalistes avancés n’aura une croissance cette année. Le Japon est confronté à une situation désastreuse, pire que dans les années ‘90. La contraction des exportations s’y élève à 41%. La surcapacité présente dans tous les pays capitalistes est une autre preuve que le capitalisme est incapable de développer les forces de production.

Ce qui est encore plus important pour l’avenir est l’augmentation exponentielle des dettes. La bourgeoisie est confrontée au choix : déflation ou inflation. Pour le moment ils pompent de l’argent dans l’économie, aux dépends de la dette énorme qui se crée et du risque inflationnel qui augmente. Cela signifie que partout la bourgeoisie sera obligée d’attaquer les services publics (services & salaires), l’Etat providence qui avait été construit pour adoucir les contradictions de classes va être brisé. Il y aura une guerre civile contre les services publics et les travailleurs des services publics.

Le CIO doit néanmoins discuter de toutes les variations possibles, et accepter le fait que la bourgeoisie peut avoir un effet avec ses mesures ; mais en compilant des problèmes encore plus grands pour le futur. On parle maintenant de la possibilité d’une reprise ; on parle de ‘croissance verte’. C’est possible qu’il y ait une certaine croissance, mais incomparable en tout cas avec la situation d’avant la crise.

Et évidemment, puisque le capitalisme est basé sur le profit, le travail non rémunéré des travailleurs, les capitalistes sont obligés de prendre des mesures contradictoires. Même le Financial Times reconnaît que la crise est provoquée par des contradictions entre l’offre et la demande, mais s’ils veulent reconstruire la profitabilité des entreprises pour se préparer à une nouvelle période de croissance, ils sont obligés d’attaquer les travailleurs. Cela va radicaliser les masses. On peut même aller encore plus loin et dire qu’il y a des éléments de révolution et de contre-révolution. S’il y avait des partis de masse de la classe ouvrière ça serait certainement le cas de manière plus visible.

Chine

En Chine, les mesures prises par le gouvernement ont permis d’amortir les effets de la crise, notamment la chute gigantesque des exportations. Mais cela a reposé sur un énorme investissement public avec en conséquence une pression sur les finances publiques et les banques, qui ont dû multiplier les prêts. L’investissement public aurait augmenté de quelques 49%. Même si ce chiffre officiel est un peu exagéré, même un chiffre de 20%, plus probable, resterait fort important. L’augmentation de l’investissement industriel serait de 44% contre 18% aux USA. Les prévisions de croissance parlent de 7,2% pour cette année en Chine, ce qui est une diminution non négligeable comparée aux 12% de croissance que les dernières années ont connu. De novembre à juin derniers, la balance commerciale de la Chine n’a pas cessé de baisser. Sur les 6 premiers mois de l’année uniquement, les importations ont chuté de -26%, les exportations de -21%, et le commerce global de -20%. Des mesures protectionnistes assez fortes ont été instaurées, comme contre l’importation de poulet américains (qui représentaient 60% des importations de poulets en Chine). En même temps, les prix du pétrole et des matières premières n’ont pas cessé d’augmenter depuis quelques mois. Il n’y a plus d’embauches du tout dans toute une série de secteurs industriels, et il y a encore une surcapacité de 40%.

Le gouvernement affirme que 60% des universitaires ont trouvé un emploi en quittant leur université, un chiffre identique à celui de l’an dernier, ce qui est impossible. Dans certaines régions, cela n’atteint que 10%. Selon la CCTV, 90% des PME chinoises ont des difficultés et 40% ont déjà fermé. Le plan de relance du gouvernement n’a pas été consacré à l’industrie réelle. Il y a toujours 20 millions de travailleurs migrants qui n’ont pas de travail et, à Shanghai uniquement, 700.000 employés de bureau sont maintenant au chômage. Si la croissance serait de 7,5% pour 2009, avec une certaine reprise économique, cela est du à une augmentation de l’investissement, mais pas de la demande. Il n’y a aucune chance pour que celle-ci augmente.

La part de l’investissement dans le PIB sera de 63% en 2009 (contre 57% en 2008). En fait, c’est 700 milliards de dolalrs qui ont été investis par l’Etat, largement plus que ce qui avait été annoncé initiallement, et cela demande une sortie monétaire très importante des réserves chinoises. La majorité de cet argent a été plongé dans l’économie spéculative, avec des investissements dans la bourse et notamment dans le secteur immobilier. L’indice boursier a grimpé de 72%, ce qui illustre bien que la Chine s’oriente vers une économie spéculative. Soit il va y avoir une augmentation de l’inflation, soit la bulle spéculative va éclater à un moment donné.

La question aujourd’hui n’est pas de se demander si la Chine va atteindre les 8% de croissance pour 2009, mais plutôt comment ils veulent atteindre ce chiffre. Là, l’orientation est vers une augmentation de l’investissement et pas du niveau de vie des travailleurs et des paysans. La polarisation de classe est de plus en plus forte; 0,4% de la population possède 70% de la richesse, et 15% de la population représente 80% de la consommation. A peu près 1/5 de la population chinoise (soit 300 millions de personnes) vit en dessous du seuil absolu de pauvreté (avec moins de 1,25 dollar par jour).

La crise est beaucoup plus forte en Chine qu’aux USA ou en Europe alors que le pays ne fait que rentrer en crise. La Chine montre les limites du schéma keynesien puisque l’économie chinoise est basée sur la super-exploitation et ne permet donc pas de créer de la demande.

A côté de cela, il serait faux d’affirmer qu’il y a pas eu de développements sociaux et politiques importants cette année. Des millions de travailleurs migrants, notamment, ont été virés du jour au lendemain et contraints de vivre dans la rue des grandes villes ou de retourner à la campagne, sans rien en poche, les salaires connu de fortes baisses, les conventions collectives de travail ou encore les accords de protection ne sont pas respectés, etc.

La crise économique qui a lieu est une des pires menaces auxquelles la dictature du parti ‘communiste’ chinois a eu à faire face depuis 20 ans. Mais la situation n’est pas la même car, en 1989, le régime était confronté à un mouvement révolutionnaire.

Les évènements du Xinjiang en sont un produit. Tout a démarré d’un événement qui s’est déroulé sur la côte est de la Chine, où un viol a été commis. La première manifestation a exigé que le gouvernement enquête sur cette affaire, des confrontations entre les Ouïgours et Hans ont suivi. C’est un reflet de la manière dont l’Etat chinois est intervenu dans le Xinjiang, en opprimant les Ouïgours et en favorisant les Hans. Le caractère interethnique de ce conflit illustre l’absence cruelle d’un mouvement ouvrier indépendant.

Crise révolutionnaire en Iran

En Iran, au départ, des informations circulaient selon lesquelles Ahmadinejad pourraient échouer aux élections. Ensuite, il a semblé que Moussavi ait gagné du soutien et risquait vraiment de prendre la place d’Ahmadinejad. Les 63% obtenus par ce dernier sont clairement le fait de fraudes électorales ; ce qui a de suite déclenché une crise avec des manifestations de masse. Mais Moussavi est un leader accidentel du mouvement, sans direction à lui proposer. Sa candidature était basée sur quelques réformes réclamées par des fractions un peu plus libérales du clergé, dont la principale était de parvenir à trouver un compromis avec les USA. De suite, le mouvement a été bien au delà de la question électorale et a mis une pression énorme sur Moussavi. Sans programme apte à répondre aux attentes des masses, il a essayé de calmer le jeu. Les masses manquaient d’organisation et de direction claire.

C’était une sorte de révolution populaire. Si les travailleurs étaient bien présents, c’était sans base de classe claire et distincte. Ahmadinejad a accumulé un soutien énorme et un pouvoir gigantesque au sein de l’Etat tant au sein du clergé que dans la police. Il a aussi utilisé la répression énorme comme un coup d’Etat interne à l’appareil. On peut dire que le régime va survivre, mais qu’il s’agira d’un régime de crise, avec un recours systématique à la répression pour calmer tous les mouvements de masse. Les revendications sociales vont être le moteur de futurs mouvements.

L’impérialisme américain : d’un bourbier à l’autre

Aux USA, Obama fait face à de sérieux problèmes et il a bien du mal à voir comment les résoudre. Il bénéficie toujours d’un soutien assez fort à l’intérieur du pays et de bonnes relations avec la plupart des dirigeants mondiaux ; mais cela va s’estomper petit à petit.

Sur la question de l’Iran, il a essayé de trouver un compromis avec Ahmadinejad concernant le nucléaire, mais les derniers évènements ont sapé la légitimité d’Ahmadinejad. Vis-à-vis de l’Irak, il apparaît qu’Obama tient ses promesses de retrait des troupes; mais la situation est loin d’être stable. Tous des scénarios restent possibles, y compris celui d’une guerre civile entre les Kurdes, les Chiites et les Sunnites. Le nord du pays a connu une augmentation des conflits, notamment sur la question de l’indépendance de la région kurde. Aucun accords n’existe entre les dirigeants locaux sur la manière de répartir les revenus du pétrole.

Mais le sujet le plus compliqué et brûlant pour l’administration Obama est la situation en Afghanistan, qui ne peut d’ailleurs être dissociée de celle du Pakistan. En fait, Obama retire des troupes du bourbier irakien pour les envoyer dans un autre, le bourbier afghan. Au Pakistan, la situation est explosive ; il est possible que le gouvernement tombe. On a vu les conséquences de l’offensive des Talibans dans la région de Swat a entraîné 1,5 million de réfugiés. Il semble que leur position ne soit pas du tout affaiblie.

Pour l’instant Obama surfe encore sur une vague de popularité (60% d’opinion positives au début de son mandat), essentiellement parce qu’il est pas Bush, qu’il n’est pas républicain et qu’il avait fait des promesses qui paraissaient déterminées. Sa popularité est toutefois passée à un peu moins de 50% du fait direct de l’absence de résultats de sa politique. Malgré les quelques déclarations qu’il a pu faire, il reste dépendant de Wall Street. Si son plan de relance a un peu ralenti l’approfondissement de la crise dans l’économie américaine, il n’a pas du tout réduit le chômage, ni empêché la réduction des effectifs, dans le secteur automobile par exemple.

Des mesures ont été prises pour tenter d’empêcher les expulsions de foyers, sans pour l’instant avoir d’effets. Pour la sécurité sociale, il avait fait des promesses (d’autant plus qu’un certain nombre de démocrates sont pour un système universel garanti par l’Etat) ; et même s’il a reculé sur l’idée du système du single-payer, il prône maintenant un système qui maintiendrait le système des assurances privées. Les syndicats avaient soutenu massivement la campagne en espérant pouvoir obtenir plus de droits, mais ce n’est vraiment pas une priorité pour lui. Aussi sur la question des droits des LGBT, Obama a refusé de défendre l’idée du mariage gay.

En même temps, il serait erroné de dire que les illusions qu’il a entretenues vont disparaître du jour au lendemain ; d’autant qu’existe la jusitification de la crise. Mais, peu à peu, faute d’avoir des solutions à apporter, la désillusion va toucher un nombre grandissant de personnes. Selon une étude menée en avril par Rasmussen, 37% des Américains de moins de 30 ans préfèrent le capitalisme; 30% le socialisme. Dans toute la population, selon les sondés, 53% soutiennent le capitalisme contre 20% qui affirment qu’ils soutiennent le socialisme. Ce qu’ils entendent par ‘socialisme’ n’est bien entendu pas clair, mais cela illustre le potentiel gigantesque qui existe pour les luttes contre les capitalistes et le capitalisme.

Impact de la crise aux Etats-Unis

Suite à l’écroulement du marché du crédit, des millions de personnes ont perdu leur maison, et on s’attend encore à 7 millions de personnes supplémentaires. D’après les estimations, 6,5 millions d’emplois ont été détruits depuis le début de la crise, soit le nombre d’emplois qui avaient été créés pendant le dernier boom. A titre d’exemple, une offre d’emploi à Washigton a donné lieu à une file de quelques 800 personnes…

C’est encore plus clair dans l’industrie automobile, la première et la plus violemment touchée par la crise. Depuis la crise, la chute des ventes a été de 20 à 30%, ce qui a conduit des entreprises comme Chrysler à la faillite. Le cas le plus exemplaire est celui de General Motors, symbole du capitalisme américain par excellence durant des années, et maintenant symbole de la crise économique.

Au cours des dix dernières années, unn tiers de l’emloi industriel et manufacturier a disparu, avec un effet désastreux sur la classe des travailleurs, sur les villes ouvrières,… Ces derniers mois, des milliers de suppressions d’emplois et de multiples fermetures d’usines ont eu lieu, mais il y a encore eu des attaques contre les conditions de travail et de salaires ainsi que contre les retraites. En réponse à la crise, l’Etat a pris 60% de participation de General Motors et, à Chrysler, c’est le syndicat des travailleurs (UAW) qui a pris 50% du capital. C’est une défaite pour les travailleurs car cela s’est déroulé au prix de l’assurance santé des travailleurs et des retraités. Maintenant, c’est le syndicat qui va devoir payer pour ça et faire des coupes dans la protection maladie. Dans l’accord de prise de participation de l’Etat à GM, il y a un nouveau plan de suppressions d’emplois qui s’élève à 20.000, à ajouter aux 20.000 pertes d’emplois de l’an dernier, en plus de la fermeture de 15 usines. Ceux qui resteront auront des conditions de travail encore plus mauvaises.

Malgré tout, la droite continue à dire que ce plan est trop favorable aux travailleurs et trop ‘socialiste’, que la manière dont les choses ont été gérées a été en faveur de l’UAW, toujours liée au parti démocrate. Du coup, dans la société, le renflouement du secteur automobile est vu comme favorable aux travailleurs. Nous devons expliquer ce que veut dire une véritable nationalisation et un véritable contrôle des travailleurs. Dans l’industrie automobile, nous devons expliquer ce que l’on ferait si les travailleurs contrôlaient les entreprises. Il y aurait déjà beaucoup à faire concernant l’environnement (voitures électriques, train,…). Les milliards qui sont allés vers ce secteur devraient favoriser la réorganiser du mode de production. La question de la reconversion industrielle ne doit pas être séparée de la question des conditions de travail des travailleurs et de leur niveau de vie.

La faillite des directions syndicales permet de voir plus clairement qui sont ceux les plus à même de diriger les luttes. Les luttes de Visteon ou de Lindsey en Grande-Bretagne démontre ce dont sont capables les travailleurs quand ils sont vraiment attaqués. Mais il leur faut une direction. C’est dans ce contexte que l’on peut voir comment nos forces peuvent jouer, notamment dans le cas de Lindsey. Parfois, le fait que notre organisation soit présente dans ces entreprises peut être complètement décisif. La question fondamentale est aussi comment on lie ces luttes à la perspective du socialisme.

La propriété privée des moyens de production est dépassée

L’ensemble des capitalistes se sont mis d’accord pour nationaliser complètement ou partiellement certains secteurs durant la période de la crise, pour évidemment les reprivatiser par la suite. Toutes les pertes ont été socialisées dans l’attente que les gains puissent à nouveau être réservés au privé. Mais ces nationalisations sont cependant significatives. Marx & Engels avaient déclaré que la moindre nationalisation à elle toute seule illustre déjà que la propriété capitaliste est une forme dépassée de production.

La tendance générale est à une propriété d’Etat pour de plus en plus de secteurs parce qu’il y a la recherche d’une forme plus progressiste d’économie. Nous devons mettre en avant de manière transitoire la question de la nationalisation sous contrôle ouvrier et celle de la gestion démocratiques de ces moyens de production nationalisés. Ce que nous proposons n’a rien à voir avec le centralisme bureaucratique des économies staliniennes et correspond à un plan international.

La question environnementale peut être un argument en ce sens, pour aller vers une gestion raisonable des ressources naturelles. Les perspectives sont également sombres sur ce point : 300.000 personnes meurent chaque année du fait des changements climatiques, selon l’ONU, notamment avec l’apparition de nouvelles maladies. La température a augmenté de 0,7° depuis le début de la période d’industrialisation. Le G8 s’est fixé comme objectif que l’augmentation de la température ne doit pas dépasser les 2° d’ici 2050, seuil que les scienfitiques disent crucial, sans quoi les changements seraient irrémédiables. Mais le G8 n’a pas décidé d’une stratégie, d’un plan, pour atteindre ce but et même pas pour essayer d’atteindre un objectif intermédiaire en 2020. Les différentes puissances sont dans une situation de confrontation et de concurrence telle qu’ils négligent complètement cette question environnementale.

Comment ce système arrive-t-il à survivre? A moins qu’il n’y ait vraiment la mise en avant d’une alternative au capitalisme et l’existence de forces capable de réaliser l’arrivée de cette alternative, le capitalisme trouvera toujours un moyen de sortir de ses crises. Des luttes massives vont se développer. Si une relance de l’économie se produit, beaucoup de luttes peuvent surgir très vite. Marx n’a jamais développé de déterminisme économique; la société ne change pas toute seule, il n’existe pas de crise finale du capitalisme. Nous devons construire des forces capables de changer la société, et la classe des travailleurs est la clé de la constitution de cette force. La transformation de la société nécéssite une organisation de masse et la construction de partis révolutionnaires. La classe des travailleurs doit avoir une conscience socialiste de la transformation économique, formulée en un programme, et aussi une direction profondément implantée en elle. Au nombre des tâches des militants figure aussi l’étude de la théorie et de l’histoire pour permettre cette transformation.

La crise économique de 74-75, qui était d’un niveau inférieur, a provoqué des mouvements révolutionnaires partout dans le monde: révolution des oeillets au Portugal en ‘74, révolution contre le régime des colonels en Grèce,… même si la crise était pas aussi forte. Elle avait énormément nui aux capitalistes et à leurs idées. Aujourd’hui, il n’y a toujours pas de contrôle sur les banques, une nouvelle chute banquière est d’ailleurs à l’ordre du jour. Tout ceci va conduire à une explosion de la colère de la classe ouvrière. Il y a des mouvements de caractère semi-conscients déjà, reflété par exemple par des émeutes comme en France.

Nous devons nous souvenir de ce que Trotsky et Lénine disaient de la montée des mouvements révolutionnaires après la première guerre mondiale : ils se demandaient si la classe ouvrière pourrait prendre le pouvoir sans parti révolutionnaire. La pratique leur a démontré que cela ne l’était pas. Nous on a une tâche différente. Sur la routes de la construction de partis révolutionnaires de masse se trouve la création de nouveaux partis des travailleurs, mais ce n’est pas notre seule tâche. En Grande-Bretagne, les luttes de Lindsey, par exemple, ont illustré comment notre parti peut devenir un point d’attraction pour différentes couches.

Nous allons vers une période similaire aux années ‘30; nous sommes au début du processus de la crise, un processus qui sera très étalé dans le temps, une crise économique mais aussi sociale et politique, qui mettra en péril les institutions de la bourgeoisie. Ce n’est jamais facile de pouvoir capter le mouvement dans un pays avec de petites forces. Mais tous nos cadres doivent être conscients du changement dans la situation et des nouvelles possibilités qui s’offrent à nous. Cette crise s’est développée à un rythme qui a surpris la bourgeoisie, mais nous aussi, nous pouvons être surpris par le rythme de développement de notre internationale.

L’effet initial de l’écroulement financier a été le choc et la peur. Dans certains pays des protestations ont eu lieu très rapidement, dans d’autres, la classe ouvrière et la classe moyenne ont été choquées et étourdies par la situation.

La chute de la richesse disponible va aggraver la bataille pour l’appropriation de cette richesse, c’est le contexte de cette offensive contre les travailleurs et les services publics. Nous ne devons pas purement et simplement nous opposer aux renflouements des banques, aux bail out, etc. Nous disons qu’il faut des bail out pour les travailleurs et leur famille, pas pour les banquiers. De la même manière, nous ne devons pas dire que nous sommes contre les nationalisations capitalistes, mais pour de véritables nationalisations, sous contrôle ouvrier. C’est aussi pourquoi il est crucial d’analyser et d’expliquer les fondements de cette crise et d’expliquer pourquoi les coupes budgétaires et les attaques sociales vont continuer. Si les gouvernements savent présenter leurs mesures de manière sociale, il reste encore un peu d’illusions sur les effets qu’elles peuvent avoir et leurs buts.

Il faut engager le dialogue avec ces travailleurs et ces jeunes qui ont encore des espoirs sur les politiques des gouvernements. Nous pouvons avoir des revendications de base envers ces gouvernement, mais tout en développant la question de la nécessité d’un mouvement ouvrier indépendant organisé, contre le simple lobbying. Cette crise ne déconsidère pas complètement et immédiatement le système capitaliste, la période des années ‘90 pèse encore lourdement sur la conscience des masses.

Dans beaucoup de pays, il y a eu des grèves et des mouvements pour dire ‘qu’on ne paiera pas leur crise’, ce qui est un bon point de départ pour une riposte face aux conséquences de la crise. Mais il n’y a pas encore eu d’opposition au système capitaliste en lui-même, pas encore eu de slogans à l’échelle de masse qui exprimaient un rejet du système capitaliste et pour une alternative socialiste. Mais cette faiblesse du niveau de conscience n’empêche pas le développement de luttes. La question est de savoir comment le mouvement et la conscience socialistes peuvent être reconstruits : par les déductions que les travailleurs et la jeunesse vont tirer des mouvements auxquels ils vont participer. Mais nous aussi devons être un facteur dans cette évolution. La radicalisation politique pourrait par exemple venir d’une situation où on aurait une petite reprise mais avec un niveau de chômage maintenu très haut.

Dans les pays où il n’y a pas d’alternative ouvrière massive, ces complications pourraient devenir des éléments très dangereux (des conflits interethniques par exemple). Ces dangers ne dépendent pas seulement de la situation objective, ça dépend de ce que fait ou ne fait pas le mouvement ouvrier, s’il existe. Le Sri Lanka, par exemple, était le pays qui avait le mouvement trotskyste le plus puissant au monde. Mais à cause de ces erreurs, on se retrouve là-bas dans une situation complètement dramatique. Il ne suffit pas de participer aux luttes, il faut avancer des perspectives et un programme corrects. La crise, si elle peut développer la lutte des classes, peut aussi développer des éléments très négatifs (le racisme,…).

Il s’agit d’une crise internationale. C’est pour ça que le G8 a fait une déclaration commune pour une autorité internationale de régulation. La crise demande une réponse mondiale, c’est l’argument qu’utilisent les dirigeants capitalistes. C’est aussi le point que nous utilisons pour mettre en avant notre internationalisme et la nécessité de construire le mouvement internationalement mais aussi le Comité pour une Internationale Ouvrière, en mettant en avant ce qu’il pourrait permettre en terme de luttes dans les différents pays où il est présent. Nous pouvons jouer un rôle dans le changement du monde, pour le débarrasser de l’impérialisme et du capitalisme.


Le Comité pour une Internationale Ouvrière, CIO

Le capitalisme est un système mondial et il doit être combattu à la même échelle. C’est pourquoi le Parti Socialiste de Lutte fait partie d’une organisation marxiste internationale: le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO), un parti mondial actif sur tous les continents. Notre lutte en Belgique s’inscrit dans le cadre d’une lutte des travailleurs du monde entier pour un société socialiste car si la révolution socialiste éclate sur le plan national, elle se termine sur l’arène internationale. La démocratie ouvrière et la planification socialiste de la production ne peuvent se limiter à un seul pays. C’est d’ailleurs l’isolement de la Russie soviétique qui a conduit à sa dégénérescence à partir de 1924.

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