La recette de vacances réussies : un polar par semaine (2)

La frontière de Patrick Bard

A Ciudad Juarez, les grandes firmes mondiales profitent d’une main d’œuvre docile et bon marché pour faire pousser leur filiales comme des champignons. Et avec elles, la misère, la prostitution, la violence et même la mort.

Par Jean Peltier

Des cadavres de jeunes ouvrières ont été trouvés aux abords de la ville, épouvantablement mutilés, éviscérés, décapités. Est-ce l’œuvre d’un psychopathe? La machination d’une secte satanique? Ou un règlement de compte entre narcotrafiquants?

Envoyé par son journal pour une enquête de quelques jours, Toni Zambudio, en débarquant dans la ville ou même le diable aurait peur de vivre, ignore qu’il vient de tirer le fil d’un écheveau sanglant qui le conduira sur la piste d’un ennemi plus terrifiant encore et dont le pouvoir est à la mesure de ce qui se joue du côté mexicain de la frontera..

«La frontière» est un roman, mais ce qui est le plus terrible, c’est qu’il suit la réalité de près. Ciudad Juarez existe bel et bien, la violence qui est décrite aussi. Et, de même, les conditions de travail des ouvrières de la frontières, aussi incroyables puissent-elles paraître à nos yeux européens, correspondent strictement à la réalité. Quant aux meurtres, selon Amnesty International, 370 cadavres de femmes, dont beaucoup ont été violées et mutilées, ont été trouvés entre 1993 et 2005 et plus de 400 femmes sont considérées comme disparues. Certains responsables de ces meurtres ont été identifiés et arrêtés, mais les assassinats ont continué et l’ensemble de l’affaire n’a jamais été élucidé. Ce qui fait que ce polar haletant est en même temps un reportage effrayant sur une des faces cachées du capitalisme multinational.


La frontière, de Patrick Bard, Seuil Point policier n°1102, environ 7 EUR


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