Les 140 ouvriers de Bridgestone Aircraft Tyres à Frameries, spécialisé en rechapage de pneus d’avion, sont en grève depuis le 11 juin. Ils réagissent ainsi face au licenciement brutal de 8 ouvriers, dont le délégué principal de la FGTB. La direction tente de justifier ces licenciements par sa décision de délocaliser le magasin "pneus" à Zeebrugge dans une entreprise tierce et invoque des raisons techniques et de sécurité. Cependant, il n’y a eu aucun audit, aucun document de non-conformité, aucune justification ou preuve de la nécessité de fermer le magasin.
En agissant de la sorte, la direction ne respecte pas la dernière convention collective de travail conclue sur le plan de l’entreprise pour les années 2007-2008 et 2009. L’article 1 de celle-ci intitulé "sécurité d’emploi" stipule que: "L’entreprise mettra tout en œuvre en vue d’éviter des licenciements pour raisons économiques et techniques. Si des difficultés surviennent en la matière, il est préalablement instauré un régime de chômage partiel, si possible par roulement."
Bridgestone n’est pas une entreprise en difficultés. Elle contrôle 50% du marché du pneu pour compagnies aériennes en Europe, en Afrique et au Moyen-Orient. Les bénéfices nets après impôts du site de Frameries s’élèvent à quelques 5,2 millions d’euros, dont plus de la moitié a été versé aux actionnaires. L’entreprise a bénéficié de plus d’un milliard d’euros de dons publics: 591.941 euros avec la déduction des intérêts notionnels, 358.559 euros en réductions de cotisations à la sécurité sociale et 189.997 euros en économies au niveau de la formation.
La direction a quand même réservé une petite récompense :
- 1 mois de salaire pour les ouvriers ayant moins de 10 ans d’ancienneté;
- 1,5 mois de salaire pour ceux ayant entre 10 et 20 ans de service;
- 2 mois de salaire pour ceux ayant plus de 20 ans de fidélité à l’entreprise.
Ce montant s’ajoute au préavis légal des ouvriers concernés de 28 jours à 210 jours selon l’ancienneté.
La Direction aurait examiné le reclassement des 8 ouvriers du magasin au service "production". Hélas, cette réflexion, n’a débouché sur rien! Pourtant, il y a 24 prépensionnables dans le service "production" et dans les 12 mois qui viennent, il y a une quinzaine de CDD dont le contrat se termine. On pourrait aussi faire du crédit-temps, et bien entendu organiser le chômage partiel comme exigé par la CTT d’entreprise.
Mais ce n’était évidemment pas le but de la direction. Elle voulait par contre provoquer une grève afin de changer les relations de force dans l’entreprise et faire ainsi retourner les travailleurs au travail sur les genoux. Il parait même qu’une liste noir d’au moins encore 30 travailleurs circule. Mais la direction ne s’était probablement pas imaginé que la solidarité tiendrait aussi longtemps.
La semaine dernière, la direction a écrit à tous les travailleurs, les menaçant de reprendre le travail. Après 6 semaines de grève, elle veut sonder combien de travailleurs se trouvent tellement en difficultés qu’ils veulent reprendre le boulot. S’ils sont 20 à 30 à vouloir reprendre, la direction commencera l’offensive avec des requêtes unilatérales et des astreintes afin d’écarter le picket.
Les grèvistes revendiquent
- l’annulation des huit licenciements
- la reprise des travailleurs dans le poste de production
- le respect de la convention collective de travail du secteur
- Que les contrats à durée déterminée soient transformés en contrat à durée indéterminée
Pour marquer votre solidarité avec la grève: route de Bavay, 7080 Frameries, à proximité de l’autoroute. Vous pouvez également faire un don au numéro de compte 035-7064230-52
Exemple de motion de solidarité
Motion de solidarité avec les travailleurs de Bridgestone Aircraft Tyre – Frameries
Votre lutte, c’est la nôtre!
- Reprise des huit travailleurs licenciés
- Respect de la CCT
- Transformation des contrats à durée déterminée en contrats de durée indéterminée
Si Bridgestone s’en sort ainsi, d’autres entreprises suivront.
De la part de: [nom, fonction,…]