LE 2 DÉCEMBRE nous organisons une manifestation contre le NSV raciste à Gand. Chaque nouvelle victoire électorale du Vlaams Blok relance la discussion sur la Lmeilleure manière de le combattre. On ne compte plus les mouvements antiracistes et tous les partis traditionnels qui jurent la main sur le coeur qu’ils sont contre le racisme. Cela n’empêche pas le Blok de continuer à progresser.
Boris Van Acker
Une grande partie du mouvement anti-raciste s’imagine pouvoir faire reculer le Blok avec des fêtes multiculturelles, des grands débats académiques, des actions symboliques ou en faisant signer des plate-formes par les organisations sociales. Ceux qui votent pour le Vlaams Blok sont les grands absents de ces actions ou de ces débats. On se contente trop souvent de pointer sur eux un doigt accusateur: «C’est mal d’être raciste, vous êtes contre la politique, vous avez peur, vous vous plaignez pour un rien». Si le mouvement antiraciste est à bout de souffle, c’est justement parce que sa stratégie est trop souvent la même que celle des partis traditionnels. Qu’il puisse y avoir quelque chose d’erroné dans la politique de ces partis leur effleure rarement l’esprit. La question de savoir comment le Vlaams Blok parvient à faire autant de voix reste finalement sans réponse. On cherche alors des solutions qui n’en sont pas.
C’est ainsi que Frank Beke, le bourgmestre de Gand, a reçu le Prix de la Démocratie des mains d’Eric Goeman, le porte-parole d’ATTAC/ Flandre et de Démocratie 2000. Le Vlaams Blok est le deuxième parti à Gand où il a obtenu 22,8% des voix en 2004 et 19,4% en 2003. C’était 2% de moins qu’aux élections de 1999. L’idée qui sous-tend la remise du Prix de la Démocratie … à Beke est que c’est la bonne gouvernance de la ville qui a fait reculer le Vlaams Blok. Une étude de l’université de Gand démontre pourtant qu’une des principales raisons que les électeurs du Vlaams Blok invoquent pour expliquer leur vote est le sentiment «d’impuissance politique». Le constat que la politique de la ville ne prend pas leurs intérêts en compte. Ce sentiment a encore augmenté entre 2003 et 2004. Les raisons pour lesquelles le Blok a obtenu moins de voix en 2003 seraient dues à des facteurs externes comme des changements dans la population gantoise et la présence d’un grand nombre de figures politiques de premier plan. En effet, il y a beaucoup d’étudiants qui s’installent à Gand tandis que nombre de personnes à bas revenus doivent déménager à cause du prix des loyers.
Les gens ont raison lorsqu’ils disent que la ville ne s’intéresse pas à leurs problèmes. Le dernier exemple en date est la volonté de la ville d’utiliser 20 millions d’euros du Fonds des communes pour un parking souterrain en-dessous de la Place Saint-Pierre. Cet argent est pourtant destiné à des projets sociaux. La politique qui consiste à démolir des quartiers ouvriers pour faire place nette … à des logements de standing, histoire d’attirer des ménages à plus hauts revenus, n’est pas moins antisociale.
Cette politique ne diffère pas fondamentalement de celle des villes hollandaises où on exige des gens qui veulent s’installer dans certains quartiers qu’ils aient un revenu minimum. Frank Beke ne mérite pas le Prix de la Démocratie. C’est même un scandale qu’il le reçoive des mains de ceux-là même qui se targuent d’être la conscience de la gauche.
A l’approche de la manifestation anti-NSV, nous espérons que d’autres organisations partageront notre analyse et cesseront de chercher leur salut dans des procès contre le Vlaams Blok ou dans des actions symboliques censées démontrer l’absurdité du racisme et de flirter avec le SP.a et Groen! Ce serait un tournant.
Le MAS agit depuis quelques années déjà dans des quartiers plus populaires. Nous avons su unir des électeurs du Vlaams Blok et des immigrés dans des campagnes concrètes contre la politique antisociale. Des campagnes comme celle que nous avons menée contre la démolition de 89 maisons dans un quartier de Gand leur font comprendre que leur véritable ennemi n’est pas celui qui habite dans la même rue qu’eux, mais bien celui qui prend de telles décisions dans le salon de sa villa cossue. On ne peut que regretter que la plus grande partie de la gauche soit restée au balcon dans ces moments-là.