Grève à Tecteo: 20 millions d’économies sur le dos des travailleurs

Hier, la place Saint-Lambert au centre-ville de Liège a été occupée toute la matinée par les travailleurs de Tecteo (intercommunale active dans les secteurs de l’énergie, de la télédistribution et propriétaire de la marque Voo), en front commun syndical. Depuis lundi, ils sont en grève, et jusqu’à la fin de la semaine, en protestation contre un plan d’économie pas piqué des vers: augmentation du temps de travail pour le même salaire, augmentation de l’âge pour accéder à la prépension, menace de 229 licenciements,…

Vendredi dernier, c’est à 90% que les travailleurs ont décidé de partir en action. Il faut dire que c’est loin d’être la première fois qu’il y a des tension dans l’ancienne ALE (Association Liégeoise d’Electricité) et, pour beaucoup, la coupe était déjà pleine. Là, ce n’est pas une goutte supplémentaire qui est venue s’ajouter, mais carrément tout un seau.

Xavier nous explique :

Socialisme.be : Peux tu nous en dire plus sur ce plan d’économie?

«La boîte se dit en difficulté, mais c’est surtout une mauvaise gestion. Et maintenant, c’est à nous de payer!»

«La direction de Tecteo a fait appel au bureau d’audit Mc Kinsey, pour qui le personnel est en surnombre de 229 travailleurs. Par contre, il faudra augmenter le temps de travail de chacun, mais pour le même salaire! La direction veut en effet nous faire avaler un nouveau statut de 38 heure de travail par semaine, payés 36. Des catégories doivent également être supprimées, et les travailleurs vont recevoir des évaluations dont dépendra leur salaire. Au premier rapport d’évaluation négatif, le 13e mois serait supprimé, au deuxième le travailleur serait purement et simplement viré! Avant, on pouvait accéder à la prépension à 58 ans, mais ce sera 60 avec ce plan. Et encore, on ne connaît pas tout…»

«Attention, ce plan ne s’applique pas à partir d’un certain niveau, tout le monde ne doit pas s’inquiéter… En bref, c’est toujours aux mêmes de trinquer, "c’est tôdi les p’tits qu’on spotch!" Nous sommes soi-disant gérés par des socialistes, mais on se demande vraiment s’ils le sont encore!»

«Cela faisait un moment qu’on sentait le coup venir. Depuis pas mal de temps déjà, on doit faire plus avec moins de personnel. On travaille aussi de plus en plus avec des intérimaires, plus ‘dociles’. Pour nous, cela veut aussi dire que nous devons à chaque fois tout réexpliquer, en plus de notre travail, sans que l’on ait plus d’espace pour le faire…

Socialisme.be : Comment l’Association Liégeoise d’Electricité (ALE, ancienne Tecteo) a-t-elle fait face à la libéralisation?

«L’ALE était mal, très mal préparée à tel point qu’aucun travailleur ne pensait que ça allait bien arriver. C’était presque devenu un sujet de blague, on en entendait quasi plus parler dans la presse. Et puis, au premier janvier 2007, on a senti que ça allait être un beau bordel.» «C’était il y a deux ans et le travail n’est toujours pas en place : il manque du matériel, informatique notamment, et l’organisation est déplorable. Tous les travailleurs subissent les effets négatifs de la libéralisation. Ce n’est à l’avantage ni de la société, ni de la clientelle. Il y a d’ailleurs beaucoup de plaintes, bien plus qu’avant.»

Socialisme.be: Et à l’intérieur de l’entreprise, comment est l’ambiance?

«Assez mauvaise, on a l’impression de ne rien être pour la direction. C’est bien simple, on ne connait même pas les chefs de services et les directeurs. Nous, on doit faire efforts sur efforts pendant qu’on voit débarquer des gens d’on ne sait où qui vous tout décider à notre place pour de gros, mais très gros, salaires. Mais eux, pas question d’y toucher…»

«Lors de la réunion de jeudi dernier où nous a été présenté le plan Mc Kinsay, on ne connaissait même pas le type qui est venu nous parler!»

«Nous sommes une intercommunale, pas une société privée! Mais nous avons de plus en plus de mal à remplir notre mission de service public. On a même l’impression que ce sont des gros mots aux yeux de la direction!


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