INTERVIEW DE DEUX CAMARADES ISRAÉLIENS
Propos recueillis par Karim Brikci
Pouvez-vous vous présenter?
– Shahar: "Nous sommes membres de Maavak Sozialisti, organisation-soeur du MAS en Israël/Palestine."
Quelle est la situation politique aujourd’hui?
– Shahar: "La bourgeoisie s’attaque violemment aux acquis de la population et l’appareil syndical préfère freiner le mouvement et négocier avec le patronat. Dernièrement, il y a eu la grève des travailleurs municipaux qui, depuis plus d’un an et demi, n’avaient pas reçu de salaire, et celle des dockers contre la privatisation d’un port. Dans les deux cas, les directions syndicales n’ont réagi qu’au moment où leur base commença à entrer en lutte. La Cour du Travail, avec l’accord tacite des directions syndicales, a déclaré ces grèves illégales. Les dockers ont toutefois continué le combat contre l’Etat et leur direction syndicale durant plusieurs jours. Lors des ces grèves, les travailleurs se sont débarrassés de leurs délégués syndicaux et se sont organisés à la base pour se préparer aux prochaines attaques néolibérales."
Comment réagit la population israélienne à propos du plan de retrait de Gaza?
– Shahar: – "L’espoir d’être plus en sécurité et la propagande du gouvernement font que ce plan a un grand soutien. Mais la situation dans les territoires palestiniens couplée aux offensives néo-libérales en Israël ne font qu’augmenter les tensions. La désillusion envers le plan et le vide politique à gauche en Israël/Palestine vont permettre une ouverture plus grande aux idées socialistes."
Qu’elles pourraient être les conséquences d’une disparition prochaine d’Arafat?
– Yacov: "Il y aura une escalade de la violence. Aucune organisation bourgeoise n’est capable de contrôler la situation. En cause: la corruption de l’autorité palestinienne et les tentatives de la classe dirigeante israélienne et de l’impérialisme américain pour mettre en place de nouveaux premiers ministres sans soutien dans les territoires. La mort d’Arafat déclenchera une lutte armée entre fractions du Fatah."
Peux-tu nous parler de la construction du mur de séparation et des réactions que cela suscite ?
– Yacov: "Le mur détruit le quotidien des Palestiniens en séparant maisons, lieux de travail… Les Palestiniens n’ont pas d’autre choix que de résister par tous les moyens possibles. On a vu de nombreuses manifestations massives organisées par des comités de villages ou de villes, sur une base très démocratique, aidées par des activistes israéliens et internationaux. Le rôle des organisations bourgeoises officielles et des groupes islamistes y est insignifiant. Nous intervenons chaque semaine, malgré la répression très dure de la police, de la police militaire et de l’armée. Plusieurs camarades ont déjà été arrêtés."
Comment abordez-vous la question nationale?
– Shahar: "Nous essayons de surmonter les divisions de la population sur base religieuse et communautaire en avançant la nécessité de l’unité de tous les travailleurs. Ni deux états séparés ni un état uni sur base capitaliste ne peuvent amener de solution. Le capitalisme est incapable de résoudre les problèmes sociaux: les conditions désastreuses de vie des Palestiniens dans les territoires occupés ou la baisse du niveau de vie des travailleurs israéliens. Seuls deux états socialistes au sein d’une confédération socialiste du Moyen-Orient, où les travailleurs contrôlent à la base la production peut sortir ces populations de la crise."