La lecture du poème «Vamos juntos» (Allons ensemble) de l’écrivain uruguayen Mario Benedetti, décédé récemment, a donné le ton de l’assemblée d’ouverture du Congrès d’Unification entre le Collectif Liberté Socialiste (CLS) et le groupe Socialisme Révolutionnaire (SR), qui s’est tenu au soir de vendredi 22 mai à São Paulo. L’exemple d’une unité de principe, au milieu d’un contexte de scissions et de fragmentation de la gauche, a été salué comme un important pas en avant par toutes les personnes présentes.
André Ferrari, Comité National de LSR – Liberté, Socialisme et Révolution
Outre les membres du SR et du CLS, de nombreux autres invités ont pris part à l’assemblée d’ouverture. Parmi les personnes représentées, se trouvait Conlutas (une organisation clé pour les mouvements sociaux et syndicaux), le PSOL («Parti pour le Socialisme et la Liberté», le nouveau parti de gauche large au Brésil), des intellectuels militants tels qu’Oswaldo Coggiola et Plínio de Arruda Sampaio Júnior (un catholique de gauche qui s’est radicalisé au cours des dernières années). D’autres courants et partis tels que le C-SOL (une scission du PSTU, qui participe au PSOL aux côtés de nos camarades), la Conspiration Socialiste et le PSTU (Parti Socialiste des Travailleurs Unifié – le parti moréniste) ont également envoyé des délégués.
Le vieux militant Plínio l’Arruda Sampaio a fait une apparition remarquée, saluant l’unification des deux organisations. Bien que le Comité pour une Internationale Ouvrière n’ait pas pu être représenté, une vidéo de salutations de Tony Saunois, de la part du Secrétariat International, a été diffusée lors de cette assemblée. Des salutations ont également été reçue d’autres endroits dans le pays et du monde.
Au cours des deux jours qui ont suivi l’assemblée, les membres de SR et du CLS se sont mis d’accord pour former un nouveau courant socialiste unifié, le LSR – Liberté, Socialisme et Révolution. Cette nouvelle organisation a, dès sa fondation, une présence dans huit Etats brésiliens, et intervient dans toute une série de syndicats et de mouvements sociaux, tels que ceux des sans-terre, des étudiants, des femmes et des LGBT.
Après une large discussion, le Congrès a voté l’acceptation des documents de base, afin de constituer une nouvelle organisation : une déclaration de principes, un programme, des status et une résolution approuvant l’affiliation au Comité pour une Internationale Ouvrière, et l’établissement de la nouvelle organisation en tant que sa section brésilienne.
Le Congrès a également réaffirmé son soutien à une participation active au sein de Conlutas, et l’effort de bâtir une nouvelle centrale syndicale unie pour les syndicats et les mouvements sociaux dans le pays. Elle a aussi adopté une politique de lutte en faveur de l’édification d’une aile de gauche révolutionnaire à l’intérieur du PSOL. Sur ces deux fronts, dans Conlutas et dans le PSOL, le LSR participera au sein du Bloc de Résistance Socialiste, qui associe divers groupes de gauche tels que l’Alternative Socialiste (AS), l’Alternative Socialiste Révolutionnaire (ARS) et la Réponse Socialiste.
Le LSR a aussi déclaré son soutien politique à «Terre Libre», un mouvement populaire à la fois urbain et rural, et est en faveur du respect de son autonomie, tout en désirant oeuvrer pour l’aider à se renforcer.
Les militants socialistes présents au congrès ont cherché à prendre des décisions qui reflétaient la nouvelle période historique qui a débuté, marquée par la crise capitaliste mondiale et la nécessité de réorganiser et de renforcer une nouvelle gauche socialiste cohérente, capable de répondre aux immenses défis qui se dressent devant la classe salariée et les pauvres.
Le Congrès a été marqué par l’enthousiasme des membres par rapport à l’unification de SR et du CLS, et vis-à-vis des opportunités de croissance rapide et solide pour la nouvelle organisation.
Une naissance au coeur des luttes
La classe salariée brésilienne est gravement touchée par la pire crise du capitalisme international depuis 1945, en dépit des discours triomphalistes du Président Lula. La vague de licenciements de masse dans l’industrie et d’autres secteurs de l’économie qui s’est produite au cours des derniers mois est loin d’être terminée. Il suffit de voir les menaces qui pèsent sur les travailleurs du géant minier Vale pour se rendre compte de ce qui est encore à venir. Nous allons voir de nouveaux licenciements de masse, mais aussi des tentatives de réduire les salaires des travailleurs du secteur public.
Le gouvernement et les patrons tentent à tout prix d’éviter les hausses salariales. Ils utilisent la crise comme moyen de justification. Les négociations salariales, combinées à de nouveaux licenciements et au désespoir des travailleurs qui ont été licenciésau début de l’année et qui maintenant perdent leurs allocations de chômage, peut provoquer de nouvelles mobilisations radicalisées au cours des mois qui viennent.
Toutefois, le développement d’une conscience politique quant à la route à suivre pour sortir de la crise dépend largement du rôle et de l’intervention des socialistes conscients. Les luttes en cours, la perspective de mobilisations plus nombreuses lors du prochain semestre et les élections de 2010 seront des opportunités importantes pour renforcer une alternative ouvrière et socialiste face à la crise.
Le LSR est directement impliqué dans ces luttes et ces processus. Le camarade de l’Etat de Goiás est arrivé au Congrès après avoir participé à la direction d’une mobilisation et d’une lutte victorieuse. Ici, des centaines de travailleurs sans-terre organisé par le mouvement «Terre Libre» ont occupé les bureaux de l’INCRA (Institut National de la Colonisation et de la Réforme Agraire) pendant cinq jours dans la capital d’Etat de Goiânia.
Certains membres de LSR qui font partie de l’Alternative de Lutte (un courant d’opposition au sein du syndicat de l’eau et des égouts de l’Etat de São Paulo) ont immédiatement quitté le Congrès pour se rendre à leur mobilisation en cours pour leur grève du 26 mai. Ces travailleurs luttent contre les licenciements et pour une hausse des salaires.
A l’Université de São Paulo (USP), où le personnel universitaire entrent dans leur troisième semaine de grève, les membres de LSR contribuent à la mobilisation pour la grande manifestation des universités d’Etat du 25 mai.
Vale do Paraíba, une ville de l’Etat de São Paulo, a été le théâtre d’une lutte contre les licenciements de masse chez General Motors et Embraer (un constructeur aéronautique). C’est aussi dans cette ville que des membres de LSR préparaient lors du Congrès une nouvelle lutte contre les attaques dans l’industrie agro-alimentaire de la région, dans des usines telles que celle d’InBev (maintenant Anheuseur-Busch InBev).
Plusieurs camarades étaient absents du Congrès à cause des mobilisations qui se déroulent dans leur région. Ceci comprenait les camarades impliqués dans la construction d’une grève des fonctionnaires dans la ville de Hortolândia (Etat de São Paulo). Dans cette ville, une nouvelle couche de travailleurs entrent en lutte pour la première fois. Ceci est un exemple de ce qui pourrait se passer dans d’autres régions, comme cela s’est déjà vu à Campinas, Limeira et Taubaté.
Les membres de LSR dans Apeoesp (un syndicat des enseignants de l’Etat de São Paulo), dans différentes sections de leur syndicat, sont directement impliqués dans la construction et la direction d’une grève qui commencera à partir du 29 mai.
Les membres de LSR au sein du mouvement étudiant dans plusieurs universités participent à une campagne électorale pour l’élection en juin et juillet de délégués à deux congrès étudiants nationaux différents. Dans ces deux institutions, nous défendons une politique d’opposition au gouvernement et à ses partisans au sein du mouvement étudiant. Nous revendiquons l’unité de tous les secteurs indépendants du gouvernement et dans une lutte contre la politique étudiante néolibérale.
Construire l’unité
Le parcours qui a mené à la formation de LSR fait partie d’un processus de réorganisation plus large de la gauche socialiste après la perte du PT (Parti des Travailleurs, le parti de Lula) en tant que parti de lutte des salariés.
La formation du PSOL a rassemblé la plupart des groupes de gauche qui n’ont pas capitulé et qui ne se sont pas adapté au capitalisme. Toutefois, le tournant du PSOL vers une politique plus modérée, qui menait à la répétition des erreurs du PT dans le passé, a mené à de nouvelles luttes et à de nouveaux débats au sein du PSOL. Pratiquement toutes les tendances et groupes nationaux du parti ont subi des scissions, et on a vu la formation de nouveaux courants, qui ont tiré les leçons de leurs propres expériences.
De ces expériences, ensemble avec un travail commun dans le processus de réorganisation des mouvements social et syndical, a émergé la possibilité d’un accord politique entre SR et le CLS, et le processus qui a mené à l’édification du Bloc de Résistance Socialiste.
Après trois ans de discussions, d’initatives communes et de construction de relations communes et de confiance politique, le Congrès d’Unification de SR et du CLS a résulté dans une synthèse politique et organisationnelle supérieure à celle des deux organisations précédentes. Le LSR a le potentiel de devenir un pôle d’attraction pour de larges couches de militants de gauche au sein des mouvements social et ouvrier et qui sont à la recherche d’une bannière de lutte socialiste, démocratique qui soit cohérente et propre.
L’unification était donc la conclusion d’une importante phase de lutte visant à bâtir une nouvelle gauche socialiste capable de tirer les leçons des erreurs du passé.
Une solide base politique
Les résolutions votées au Congrès donnent une solide base politique pour la constitution d’un nouveau courant uni. Le groupe LSR se présente comme une alternative socialiste et révolutionnaire, basée sur la lutte indépendante des salariés, clairement internationaliste, et qui se voue à l’édification de formations larges, afin de rebâtir les forces de notre classe.
Toutefois, au delà de cela, le processus d’unification a montré l’engagement à construire une nouvelle culture politique qui soit démocratique, franche, honnête, et tolérante en ce qui concerne le débat politique, contrairement aux méthodes bureaucratiques et sectaires qui vivent parmi la gauche brésilienne. Le nouveau courant cherche à combattre les résidus des pratiques staliniennes qui affectent même ceux qui se rangent dans le camp antibureaucratique.
Les status adoptés définissent le caractère de l’organisation, qui est démocratique, basée sur la base des membres actifs, et sur la lutte de classe. Les statuts soulignent l’importance de la construction et du renouvellement de cadres politiques, et d’une atmosphère saine et honnête en ce qui concerne le débat interne.
La décision unanime d’affilier la nouvelle organisation au Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) reflète l’engagement par rapport à la pratique internationaliste et le soutien du CIO à la fois politiquement et en tant qu’outil dans la lutte stratégique pour une Internationale révolutionnaire de masse. Les différentes trajectoires du passé n’empiètent pas sur la construction d’une internationale commune dans le présent et dans le futur, où un accord politique principiel puisse être atteint.
Le nom de la nouvelle organisation a été décidé après avoir discuté de nombreuses possibilités qui liaient entre elles les trois éléments qui exprimaient une idée du socialisme distincte du réformisme et des affreuses pratiques du stalinisme. «Liberté, Socialisme, et Révolution – LSR» a été le nom retenu par la majorité des délégués, et a été accueilli avec enthousiasme par tous les délégués et observateurs présents.
Des plans et des objectifs ont été décidés en vue de la production d’un journal mensuel appelé Offensive socialiste, que l’on espère pouvoir commencer à partir du début de l’année prochaine. Cependant, en plus de cela, on a également établi des plans en faveur d’une offensive ambitieuse dans la communication et d’autres publications, notamment via l’internet, afin d’atteindre des couches larges.
Les objectifs de croissance incluent la construction d’une nouvelle base forte dans le sud, le nord-est et dans la capitale Brasilia, de même que le renforcement de notre travail à São Paulo, Rio de Janiero, et dans le Minas Gerais. Le Congrès a aussi tracé un plan d’études politiques pour ses membres, y compirs une école nationale de cadre en conjonction avec la nouvelle école d’Amérique latine du CIO au début de l’année prochaine.
Les finances de la nouvelle organisation reflètent le caractère de classe et militant de LSR. Contrairement à ce qui est une pratique commune parmi la gauche brésilienne, nos ressources proviennent des contributions des membres et des campagnes menées parmi les travailleurs.
Le nouveau courant participera également dans la lutte politique lors du second Congrès du PSOL, à travers un document commun Placer le socialisme à l’ordre du jour – pour un PSOL capable de remplir les tâches de ce moment historique. Nous allons lutter pour un programme socialiste pour le PSOL, pour un PSOL ancré dans les luttes sociales, pour une démocratie interne et pour une politique basée sur l’indépendance de classe. De la même manière, nous allons nous efforcer de renforcer et de développer le Bloc de Résistance Socialiste, stimulant un débat stratégique quantà l’avenir du Bloc.
Notre intervention à l’intérieur de Conlutas est basée sur la construction d’une nouvelle Centrale unie avec d’autres secteurs, qui devrait prendre place dans la première moitié de 2010. Nous défendons l’idée que cette Centrale ne devrait pas être que pour les syndicats, mais également incorporer toutes les organisations de la lutte de la classe salariée, c’est-à-dire y compris les mouvements sociaux et estudiantins qui ont une orientation vers la classe salariée.
Tandis que les camarades concluaient le Congrès en chantant l’Internationale, il était clair qu’un important pas en avant avait été accompli, non seulemnt pour les trajectoires individuelles des militants, mais également pour la construction d’une alternative socialiste cohérente au Brésil.
Le Comité pour une Internationale Ouvrière, CIO
Liberdade, Socialismo e Revolução – LSR est la nouvelle section brésilienne du CIO.
Le capitalisme est un système mondial et il doit être combattu à la même échelle. C’est pourquoi le Parti Socialiste de Lutte fait partie d’une organisation marxiste internationale: le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO), un parti mondial actif sur tous les continents. Notre lutte en Belgique s’inscrit dans le cadre d’une lutte des travailleurs du monde entier pour un société socialiste car si la révolution socialiste éclate sur le plan national, elle se termine sur l’arène internationale. La démocratie ouvrière et la planification socialiste de la production ne peuvent se limiter à un seul pays. C’est d’ailleurs l’isolement de la Russie soviétique qui a conduit à sa dégénérescence à partir de 1924.
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