Allemagne : 100.000 participants à la manifestation syndicale du 16 mai

Ce 16 mai, l’Allemagne a connu une des plus grandes manifestations syndicales depuis le début de la crise économique mondiale. Près de 100.000 personnes ont répondu à l’appel de la fédération syndicale allemande, la DGB, en tant que participant à la Journée Européenne d’Action qui a aussi vu des manifestations à Prague, Madrid et Bruxelles.

Sascha Stanicic, Sozialistische Alternative (SAV, CIO-Allemagne)

Bien que 100.000 personnes soit un afflux massif, en réalité, un tel taux de participation est loin derrière le potentiel qui existe pour une réponse massive de la part des travailleurs face aux licenciements, fermetures d’usines, et coupes sociales prévisibles. Mais pour cela, il faudrait que la direction des syndicats donne une direction combative. Le 28 mars, deux manifestations organisées par des syndicalistes de gauche, des mouvements sociaux et des groupes socialistes, ont mobilisé près de 60.000 personnes. Elles étaient bien plus énergiques et combatives que la manif de la DGB du samedi 16.

A la manifestation DGB, des groupes de travailleurs réclamaient une grève générale. L’atmosphère était combative parmi les contingents de la jeunesse syndicale, qui chantaient des chants ouvriers traditionnels, et appelaient même à la «révolution» et à un «changement de système». Mais les dirigeants officiels des syndicats ont détourné la manifestation à leur profit, pour appeler à un renouvellement du pacte avec le SPD (le Parti Social-Démocrate, l’équivalent de notre PS, qui fit partie du gouvernement de la grande coalition). Quelques jours seulement avant la manifestation, la DGB et le SPD avaient publié une déclaration commune.

Les principaux politiciens du SPD, de même que ceux du Parti Vert, ont défilé sur le tout devant de la manifestation, aux côtés des dirigeants syndicaux, et les orateurs officiels se sont limités à critiquer le CDU (parti chrétien au pouvoir avec le SPD) et le FDP (parti libéral). En même temps, un appel a été fait pour voter en faveur d’un salaire minimum européen lors des prochaines élections européennes (une revendication maintenant reprise par le SPD et les Verts).

Tandis qu’un des slogans à la manifestation était «Faisons payer la crise aux responsables», un autre appelait à un «pacte social». Dans la logique de cogestion et de défense de l’économie de marché capitaliste qui est mise en avant par les dirigeants syndicaux, ceci signifie que ce sera à la masse des travailleurs de supporter les conséquences de la crise. Ceci est reflété par le président du syndicat des métallos, Huber, qui a déclaré : «Il faut perdre le moins d’emplois possibles».

Le gouvernements des conservateurs et des sociaux-démocrates est en train de tenter de reporter pour après les élections générales de septembre les grosses attaques qu’il voudrait infliger à la population. Mais dans les secteurs industriels, les annonces de licenciements massifs et de fermetures d’usines se suivent. Il n’est pas exclu que de grosses batailles industrielles puissent faire irruption avant même que ne se déroulent les élections. Mais ce qui est certain, c’est qu’après les élections, les luttes industrielles vont se rassembler au cours des attaques massives contre la sécurité sociale, et le potentiel pour une contre-attaque unifiée de la classe ouvrière va considérablement augmenter. La question d’une grève générale va arriver sur le devant de la scène.

Attaques physiques des délégués syndicaux officiels contre les stands de gauche

Le caractère de la direction syndicale a été révélé par les attaques physiques organisées par des délégués syndicaux officiels contre plusieurs stands d’organisations de gauche qui étaient présents sur la place où le rassemblement final a été tenu, y compris contre le stand de Sozialistische Alternative (SAV – CIO-Allemagne). Alors que «l’aile ouvrière» du CDU, le parti conservateur, avait la permission de tenir son propre stand, les stands des groupes politiques de gauche ont été bannis par les dirigeants syndicaux. Lorsque les activistes de gauche ont expliqué qu’ils n’étaient pas question pour eux de quitter leurs stands, ils ont été physiquement attaqués par des délégués syndicaux officiels, et les tables ont été endommagées.

Les membres du SAV ont participé à la manifestation sous le slogan «Pour un grève générale d’un jour», et ont participé à diverses activités. De nombreux jeunes membres du SAV ont rejoint le contingent des jeunes, fort de 500 personnes – principalement des jeunes membres de Die Linke – et qui appelait à une grève dans l’enseignement. D’autres membres du SAV ont aidé à distribuer les pancartes appelant à une grève politique (c-à-d générale) et disaient «La lutte, pas les concessions!». D’autres partisans du SAV encore participaient à un petit contingent de syndicalistes d’opposition de la corporation automobile Daimler.

Les photos de la manif peuvent être trouvées sur le lien suivant.


Le Comité pour une Internationale Ouvrière, CIO

Le SAV – Sozialistische Alternative – est la section-soeur du PSL/LSP en Allemagne. Depuis la fondation de Die Linke, nouveau parti large de gauche, le SAV collabore au sein de ce parti pour en renforcer son aile socialiste et révolutionnaire, au même titre que nos camarades de la Gauche Révolutionnaire au sein du NPA en France

Le capitalisme est un système mondial et il doit être combattu à la même échelle. C’est pourquoi le Parti Socialiste de Lutte fait partie d’une organisation marxiste internationale: le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO), un parti mondial actif sur tous les continents. Notre lutte en Belgique s’inscrit dans le cadre d’une lutte des travailleurs du monde entier pour un société socialiste car si la révolution socialiste éclate sur le plan national, elle se termine sur l’arène internationale. La démocratie ouvrière et la planification socialiste de la production ne peuvent se limiter à un seul pays. C’est d’ailleurs l’isolement de la Russie soviétique qui a conduit à sa dégénérescence à partir de 1924.

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