Le chantage du FMI et de l’UE signifie la misère pour les travailleurs
Le PNB letton a chuté de 18% en un an entre le premier trimestre 2008 et le premier trimestre 2009. Au cours de la même période, la production industrielle a chuté de 22% et les ventes dans la distribution de 25%. Ces données sont catastrophiques. «La Lettonie est devenu un enfer capitaliste», écrivait au début de l’année Veckan Affärer, le journal économique suédois. L’économie lettonne est en train de s’effondrer à une vitesse et avec une ampleur sans précédent.
Par Per Olsson, Rattvisepartiet Socialisterna (Parti de la Résistance Socialiste – CIO-Suède)
Au cours des trois premiers mois de cette année, la contraction annualisée du PNB était de -30%. Avec l’effondrement de l’économie, les cadres du FMI et de l’UE ont exigé que le gouvernement letton coupe son budget coupe de 40% – une mesure drastique, qui ne peut qu’étrangler un pays déjà à genoux.
Jusqu’à ce que le gouvernement présente son plan de coupe budgétaire avec l’objectif de réduire son déficit en-dessous de 7% du PNB, le FMI et l’UE refusent de payer les prêts d’urgence déjà promis à la Lettonie. L’exigence du FMI était que le déficit budgétaire soit réduit sous les 5% du PNB ; le gouvernement maintient toutefois qu’ils ont réussi à négocier ce déficit à 7% (personne ne sait encore si cette affirmation est vraie ou pas). Mais même si le gouvernement letton supprime 40% de son budget pour cette année, cela ne permettra pas de satisfaire les exigences du FMI et de l’UE.
«C’est pire que nous avions imaginé dans nos pires cauchemars. La Lettonie n’a aucune chance de pouvoir ramener son déficit budgétaire sous les 7% du PNB. Nous pensons qu’il s’élèvera à environ 15%» confiait Lars Christensen, analyste en chef de la Danske Bank, au journal suédois Dagens Nyheter du 13 mai.
En décembre dernier, le FMI, l’UE et le gouvernement suédois ont promis de donner à la Lettoie un prêt de près de 8 milliards d’euro. Le gouvernement suédois a promis 750 millions d’euro – «Entièrement à destination des banques suédoises – Swedbank, SEB et Nordea, qui ont ensemble prêté au total environ 50 milliards d’euro aux Etats batliques» (Dagens Nyhter, 13 mai).
Chantage
La promesse d’un prêt est devenue un outil de chantage visant à protéger des intérêts tels que ceux des grandes banques suédoises, et d’éviter la dévaluation de la monnaie lettonne. Déjà en mars, le FMI a postposé le versement de près de 200 millions d’euro, et menace maintenant de postposer le prêt qui devrait arriver en juin.
«Afin de recevoir le prochain versement du prêt de soutien européen, la Lettonie doit mettre en oeuvre les réformes budgétaires et structurelles promises», a déclaré la semaine passée le Commissaire européen Joaquin Almunia.
La dévaluation interne que le FMI et ses pairs veulent imposer à la Lettonie est vouée à l’échec, et si le gouvernement devait malgré tout la tenter, il signerait alors son propre arrêt de mort. Les prévisions de coupes qui ont été jusqu’ici rendues publiques parlent d’elles-mêmes. La moitié des enseignants du pays pourraient perdre leur emploi, le nombre d’hôpitaux serait quasi réduit de moitié, et une nouvelle baisse des salaires des fonctionnaires et des allocations pour les enfants sont comprises.
Pendant ce temps, le chômage est monté à 14% et continue à monter. La moitié des près de 200.000 chômeurs ne reçoivent pas d’allocation de chômage, et ceux qui en reçoivent ne bénéficient que d’une allocation minimale pendant tout juste neuf mois.
Le 2 mai, le correspondant du Dagens Nyheter a rencontré une famille d’enseignants de Lettonie qui bénéficiaient d’un revenu combiné de 3.000€ bruts par mois, ce qui est relativement élevé pour la Lettonie. Mais depuis l’automne dernier, chacun d’eux a perdu son deuxième boulot, et leur salaire de prof a été réduit par deux fois, de près de 40%. En seulement six mois, le revenu familial est tombé à un médiocre 1.000€ par mois. Dans un tel climat, demander des coupes budgétaires est la recette d’une destruction sociale et humaine majeure.
Les protestations augmentent
Les protestations se sont accrues : les enseignants, les fermiers, et même la police ont défilé dans les rues. Un tollé parmi les parents s’est élevé contre les coupes dans le budget des allocations familiales.
Il y a peu, plus de 1.000 étudiants ont pris part à une manifestation dans la capitale, Riga, contre les coupes dans l’éducation, pour la deuxième fois en un mois. Cette fois, les manifestants ont apporté une couronne funéraire à la porte du Département de l’Education, afin de symboliser le fait que les coupes sont en train d’enterrer le système scolaire du pays.
La Lettonie sera probablement forcée de dévaluer sa monnaie, ce qui sera inévitablement suivi par des dévaluations similaires dans les deux pays baltes voisins, l’Estonie et le Lituanie, qui ont aussi connu un effondrement de leur économie.
Ceci va à son tour approfondir la crise bancaire en Europe occidentale, puisque de moins en moins de pays vont être capables de repayer leurs dettes en euro (plus de 80% des emprunts lettons le sont en euro). Qui plus est, la dévaluation n’est pas une solution : elle frappe la classe salariée sous la forme de prix plus élevés, et ne sera pas une garantie contre de nouvelles coupes budgétaires.
Aucune « politique capitaliste » ne peut arracher la Lettonie de l’emprise que les banques, les grandes entreprises et les institutions capitalistes ont sur le pays. Une lutte est nécessaire afin d’affaiblir cette emprise et de se battre pour : la fin des remboursements d’emprunts, la fin des versements aux banquiers, l’annulation de la dette, la fin du chantage du FMI et de l’UE, un nouveau gouvernement des travailleurs qui se positionne sur une plateforme démocratique et socialiste.