Sexisme à l’ULB : les femmes systématiquement jugées «d’un point de vue esthétique»

Le scandale a éclaté fin mai lorsque les étudiantes de médecine de l’ULB ont pris connaissance du code vestimentaire recommandé pour leur proclamation du 28 juin. « D’un point de vue esthétique, il est préférable que les jeunes femmes revêtent une robe ou une jupe ainsi qu’un joli décolleté et les hommes, un costume. Bien entendu, mesdames, cette consigne n’est pas obligatoire. »

Un point de vue de la campagne ROSA (Résistance contre l’Oppression, le Sexisme et l’Austérité)

Le cas de l’ULB n’est pas isolé. Que ce soit dans les universités, les entreprises, les administrations publiques, dans la rue ou à la plage, les femmes sont à peu près systématiquement sous pression pour adopter tel ou tel code vestimentaire. On peut évidemment penser à l’interdiction des burkinis, à Trump qui exige que les femmes de son administration « s’habillent en femme » c’est-à-dire selon lui en jupe et talons, aux écoles interdisant aux élèves de porter des vêtements jugés « trop courts »… Pour paraphraser le mail de l’ULB, la société capitaliste continue d’évaluer les femmes « d’un point de vue esthétique ».

Le sexisme, dans l’intérêt des actionnaires

L’Europe reste le premier marché pour l’industrie cosmétique : 63 milliards € en 2008, 72 en 2013. On peut aussi parler de la taxe rose, le fait que les produits de consommation quotidienne pour femmes coûtent systématiquement plus chers que ceux à destination des hommes : coiffeurs, rasoirs, déodorant ou gel douche et même des tubes de colle rose (bien entendu…).

Dès leur plus jeune âge, les femmes apprennent qu’elles seront essentiellement évaluées sur leur physique. Et si elles l’oublient, les publicités sont là pour le leur rappeler. Mais les injonctions de cette société capitaliste sont contradictoires. Les femmes qui se maquillent ou s’habillent à la mode sont perçues comme moderne d’un côté mais aussi comme « futiles », voire même comme des proies. L’émission Quotidien animée par Yann Barthès a, par exemple, diffusé l’interview d’un jeune garçon présent au salon des youtubeuses beauté Get Beauty. L’adolescent y explique sa stratégie pour trouver « énormément de proies », se présentant comme « le seul prédateur » présent. La réaction de l’émission ? « Il a tout compris. »

Se battre contre le capitalisme, c’est se battre contre le sexisme

Le capitalisme ne se contente pas de faire du profit sur les ventes de vêtements ou de cosmétiques. Les femmes sont aussi d’avantage touchées par les bas salaires et les emplois précaires. A ce sujet, Jean-Luc Mélenchon déclarait le 17 mars dernier: « Si vous mettez les salaires des femmes au niveau du salaire des hommes, le surcroit de cotisation sociales que ça rapporte permet de payer la retraite à 60 ans ». Même s’il ne développe pas comment il compte imposer cela aux actionnaires, cela a le mérite d’illustrer le lien entre sexisme et austérité.

L’inégalité salariale et la précarisation de l’emploi poussent les femmes dans une situation de dépendance économique. Elles sont ainsi d’avantage touchées par la concurrence entre entreprises qui nivelle par le bas les salaires. Prenons l’exemple du secteur du nettoyage qui emploie majoritairement des femmes. A l’ULB comme dans bien d’autres secteurs, ce travail n’est plus géré en interne mais sous-traité. La conséquence ? Une dégradation des conditions de travail du personnel.

Suite à ce fameux mail sexiste en vue de la proclamation de médecine, le doyen de l’ULB l’a dénoncé comme étant « déplacé et contraire à nos valeurs ». Cependant, depuis des années, la valeur vers laquelle s’oriente l’ULB est celle de l’argent. Que ce soit en jouant sur la concurrence pour diminuer les salaires de ses services sous-traités au sein desquels les femmes sont majoritaires, en revendant une partie de ses terrains au privé ou en acceptant l’augmentation du minerval des étudiants étrangers.

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