Israël : Manifestations du Premier Mai – Nous n’allons pas payer la crise !

Les membres du Mouvement Socialiste de Lutte (CIO-Israël) ont participé aux manifestations qui ont marqué le Premier Mai à Tel-Aviv et Haifa, soulignant la solidarité internationale des travailleurs, la nécessité de lutter contre le racisme et la division nationaliste, et le rejet déterminé des tentatives de faire payer la crise mondiale du capitalisme aux travailleurs.

Neta Neharde’a, Mouvement Socialiste de Lutte (CIO-Israël)

Avec les effets croissants de la récession, et sous la menace d’attaques néolibérales massives par le nouveau gouvernement impopulaire, de nouvelles couches de travailleurs et de jeunes en Israël ont trouvé que les événements du Premier Mai étaient un important point de référence et une occasion de protester contre le système capitaliste décadent et contre le futur catastrophique qu’il promet pour les conditions de travail et de vie.

Le syndicat Histadrut – la principale fédération syndicale – ne mobilise pas les travailleurs pour le Premier Mai. Son prédécesseur, une fédération jaune, réformée en 1994, lui, mobilisait, mais le faisait au titre de plus grand organe patronal dans l’économie, sous le contrôle des partis traditionnels soumis à l’élite dirigeante, avec des mots d’ordre nationalistes et pro-establishment. De nos jours, plutôt que de faire sortir les travailleurs, Histadrut se contente pour marquer cette journée de soutenir son mouvement de jeunes nationalistes dans l’organisation d’une marche symbolique apolitique. Près de 3.000 de ces jeunes ont défilé dans les rues de Tel-Aviv cette année.

Les organisations pro-ouvrières et socialistes, et parmi elles le Comité pour une Internationale Ouvrière et ses sections, reconnaissent que la forte conscience syndicale du passé, où 85% de la main d’oeuvre était organisée contre 25% aujourd’hui, doit encore être reconstruite, de pair avec le mouvement ouvrier organisé lui-même. Mais cette conscience doit être reconstruite sur base d’une indépendance de classe et sur une forte solidarité entre travailleurs juifs, arabes, et immigrés. Les événements du Premier Mai devraient refléter cela et, ces dernières années, le Mouvement Socialiste de Lutte et d’autres organisations ont collaboré afin de rendre au Premier Mai son véritable esprit, dans l’effort de créer une nouvelle tradition.

La coalition du Premier Mai

Cette année, la coalition du Premier Mai à Tel-Aviv a inclus le Mouvement Socialiste de Lutte, Hadash (front du Parti Communiste), «Pouvoir aux Travailleurs» (une organisation ouvrière démocratique à laquelle participe le CIO), «Notre Avenir» (une formation d’opposition au sein du syndicat des travailleurs sociaux, dirigé par des étudiants et des salariés), quelques formations étudiantes, et aussi, malgré une forte opposition de notre part, le parti libéral pro-capitaliste «Meretz» («Vigueur»).

La direction du Hadash / PC a invité ce parti en tant que membre de sa campagne visant à «reconstruire la gauche», en voulant dire par cette expression qu’ils visent à rassembler tous ceux qui ne feraient ne fût-ce que se dire simplement de gauche. Ce cas est particulièrement outrageux, puisque Meretz a non seulemnt fait partie des derniers gouvernements néolibéraux, mais fait également aujourd’hui partie d’une coalition néolibérale au sein de la municipalité de Tel-Aviv. Meretz a catégoriquement soutenu le dernier raid meurtrier sur la Bande de Gaza.

Nous avons expliqué que notre but nétait pas d’adopter une position «puriste», mais que le fait d’avoir Meretz à notre manifestation est un obstacle toute tentative des différentes organisations participantes d’atteindre des cercles plus larges de travailleurs et de jeunes avec nos idées. Et ce, même si Meretz est d’accord de signer, de la manière la plus hypocrite qui soit, la déclaration de l’événement, puisque ce parti élitiste est, à juste titre, méprisé par les travailleurs juifs, et est perçu comme un parti de l’establishment par les travailleurs arabes. Malheureusement, Hadash étant la plus grande organisation présente (électoralement, elle pèse aujourd’hui plus lourd que Meretz), ce parti a donné à Meretz une occasion d’exploiter l’événement, permettant même à un de leurs parlementaires de faire un discours. Nous comptons bien poursuivre une campagne de critique vis-à-vis de cette décision, afin d’expliquer les risques que cela implique pour la construction d’un mouvement.

Tandis que Meretz a fait pression pour que la manifestation adopte un caractère aussi «neutre» et apolitique que possible – une attitude en partie soutenue par Hadash dans un premier temps – nous avons insisté sur le fait que le slogan principal de la manifestation soit «Non à ceux qui veulent faire payer la crise aux travailleurs et aux jeunes». Certains de nos slogans contre les licenciements et les coupes budgétaires figuraient aussi sur les bannières du grand podium au rassemblement.

En marche

Près de 1.500 personnes ont défilé à Tel-Aviv lors du principal événement (plus de trois fois plus que l’an dernier), dont beaucoup de travailleurs et de représentants des travailleurs – y compris les représentants des jeunes chercheurs de la faculté de l’Université Ouverte, syndiqués par «Pouvoir aux travailleurs», et qui mènent en ce moment une grève militante pour des contrats collectifs et de meilleures conditions de travail. Hadash avait un grand bloc de Juifs et d’Arabes, et Meretz a amené quelques douzaines de militants.

Le bloc du Mouvement Socialiste de Lutte a défilé aux côtés des blocs de «Pouvoir aux Travailleurs» et de «Notre Avenir», fusionnant pratiquement au fil de la manif en un seul bloc général, criant les slogans les uns des autres, chantant «Premier Mai, Premier Mai – je demande – pourquoi le règne du capital est-il toujours vivant?!»

Nos principaux slogans étaient : «Faisons payer aux milliardaires la crise qu’ils ont créée», «On ne payera pas, on ne payera pas – le prix de la crise!», «Juifs et Arabes, luttons contre les licenciements», «Solidarité des travailleurs – Juifs et Arabes», «Juifs et Arabes – à bas les racistes!», «La lutte est la seule réponse aux attaques du gouvernement», «Le socialisme est la solution – démantelons le règne du Capital», «Démantelons le système qui crée le chômage», « Histadrut appartient aux travailleurs, chassons les carriéristes», «Eyni [président du Histadrut] est un traître!», «La réponse aux licenciements : des syndicats forts», «De l’argent pour l’éducation et les emploi – pas pour l’occupation et les guerres».

D’autres slogans ont été lancés, parmi une multitude, par «Pouvoir aux Travailleurs» et «Notre Avenir», y compris «Nous ne serons pas exploités – tout le pouvoir aux travailleurs», «Assez de sexisme, assez de discrimination, le revenu secondaire familial n’existe pas» (faisant référence aux bas salaires des travailleurs sociaux, une profession qui en Israël regroupe principalement des femmes).

A Haifa, quelques centaines de Juifs et d’Arabs ont défilé lors du Premier Mai, sous le slogan «La crise – pas à nos dépens». Nous avons participé dans l’organisation de cette marche, aux côtés du bloc de «Pouvoir aux Travailleurs», et un camarade du Mouvement Socialiste de Lutte a parlé à la tribune à la fin de la manif.

Répression de la manifestation palestinienne

Tout en reconnaissant le progrès dans les manifestations de cette année, nous sommes vigilants vis-à-vis de la brutale répression des manifestations de Palestiniens en Cisjordanie, comme c’est encore arrivé ce Premier Mai. Une manifestation était organisée par un comité populaire du district de Bethlehem et par la section locale de la Fédération Générale des Syndicats Palestinienne (FGSP), afin de célébrer le Premier Mai et de protester contre le mur de séparation. Cette manifestation a été complètement écrasée par l’armée israélienne, à l’aide de balles d’acier recouvertes de caoutchouc, de gaz lacrymogène, et de bombes soniques. Certains membres du comité populaire local ont été arrêtés et sont toujours détenus. Ceci fait partie d’une tentative du régime israélien d’intensifier la répression des protestations palestiniennes, en particulier depuis le récent massacre à Gaza.

Le Premier Mai sert de rappel quant à la nécessité de la solidarité internationale des travailleurs, afin d’amener un changement significatif.

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