Trump peut être vaincu. Toute la question est de savoir comment…

100 jours après être entré à la Maison-Blanche, Donald Trump dispose du plus faible soutien pour un président de toute l’histoire des Etats-Unis. Ce n’est en rien surprenant, il a déjà été élu en tant que deuxième politicien le plus haï. Sa grande chance fut d’avoir pour adversaire une politicienne tout aussi détestée: Hillary Clinton. Vous êtes en droit de penser que Trump ne tiendra jamais le coup toute la durée de son mandat. Et c’est vrai. Trump et son cabinet peuvent être renversés. Cela exige juste de disposer de la stratégie appropriée. Dans le cas contraire, il n’est pas exclu que Trump puisse même bénéficier d’un second mandat en 2020.

Par Bart Vandersteene, porte-parole du PSL etspécialiste des luttes sociales aux USA

L’entrée en fonction officielle de Donald Trump, fin janvier, fut l’occasion des plus grandes manifestations de l’histoire du pays. Des millions d’Américains sont descendus dans les rues pour exprimer leur colère et leur révolte. Les marchés boursiers étaient par contre à la fête, les yeux pétillants à l’idée de nouvelles réductions d’impôts et mesures de déréglementation financière. Trump n’était pas le favori d’une bonne partie de l’élite dirigeante, c’est vrai. Mais les capitalistes peuvent se montrer flexibles. Une fois Trump élu, ils ont essayé d’exploiter la situation à leur avantage.

Pour l’establishment, le plus gros problème, ce sont les troubles sociaux et les mobilisations de masse. Pour y faire face, il peut faire appel à la direction du Parti démocrate. En essayant de se placer à la tête du mouvement anti-Trump, cette dernière vise à éviter qu’il s’aventure dans des eaux plus radicales. Mais l’autorité de la direction démocrate a elle aussi reçu quelques claques sévères. L’intérêt du mouvement social exige qu’il construise ses propres organisations, des organisations indépendantes des deux partis de Wall Street.

Trump essaye d’imposer ses vues

Ces dernières semaines, Trump a surtout fait parler de lui concernant la politique étrangère, domaine où il a adopté un style fait de déclarations martiales et d’interventions militaires. Intimider d’autres pays est une manière classique et sanglante de détourner l’attention des problèmes intérieurs. À cet effet, Trump semble changer son approche, initialement plutôt isolationniste, en faveur d’une politique étrangère plus interventionniste.

L’offensive menée contre les soins de santé, le Trumpcare, est probablement la mesure dont l’impact sera le plus retentissant et qui suscitera le plus de résistance. L’Obamacare avait ses limites, mais ce système garantissait tout de même l’accès de millions d’Américains à une certaine forme de soins de santé, en permettant aux entreprises privées de transférer certaines factures vers d’autres assurés ou vers les autorités publiques. La réforme de Trump ne vise pas à corriger les éléments les plus faibles de l’Obamacare, c’est tout l’inverse. L’accès aux soins de santé sera dramatiquement réduit.

Jamais encore le pays n’a connu un tel soutien en faveur d’un système universel de soins de santé publique à la place du mécanisme actuel reposant sur des assureurs privés. Bernie Sanders a pu bénéficier d’un écho phénoménal en se prononçant sur ce sujet. Mais le Parti démocrate exclut cette approche car elle signifie de heurter de plein fouet l’industrie pharmaceutique et le secteur des assurances.

Sanders est devenu l’homme politique le plus populaire des États-Unis, avec 57% d’opinions favorables. Tous les sondages mettent en avant qu’il aurait remporté la présidentielle s’il s’était retrouvé à la place de Clinton contre Trump, avec une moyenne de 56% contre 44%. Qu’un homme politique âgé de 75 ans qui se réclame ouvertement du socialisme devienne l’homme politique le plus populaire de ce pays en dit long sur l’attrait exercé par les idées socialistes. Cela en dit également beaucoup sur le dégoût qu’a la classe des travailleurs des deux grandes familles politiques traditionnelles. Républicains et Démocrates défendent une politique tout entière dévouée à la défense des intérêts de la petite élite capitaliste. Pour 62% des Américains, le Parti républicain a perdu contact avec les gens ordinaires. Le verdict est tout encore plus spectaculaire pour le parti démocrate: 67%. La victoire de Trump ne doit pas être confondue avec un enthousiasme pour son programme, ce fut l’expression du rejet massif de toute la clique de l’establishment démocrate personnifié par Clinton.

Cette situation impose de créer un nouveau mouvement politique de masse socialiste, indépendant des démocrates et des républicains et sur lequel le monde de l’argent n’aurait aucune prise. Malheureusement, Bernie Sanders continue à nourrir l’illusion que le Parti démocrate peut être réformé. Beaucoup de militants sincères se retrouveront ainsi dans un cul-de-sac. Pendant ce temps, des milliers d’Américains rejoignent les organisations explicitement socialistes, à l’instar de notre organisation soeur, Socialist Alternative. Il existe un énorme potentiel pour des actions de masse contre Trump, son cabinet et sa politique. Dans tout le pays, des manifestations de masse et des actes de désobéissance civile ont eu lieu. Grèves et actions sur les lieux de travail doivent maintenant se développer afin d’accroitre la pression. La lutte contre le Trumpcare pourrait servir de catalyseur.

Toute forme de résistance et d’opposition à Trump qui porte l’empreinte des démocrates et / ou du clan Clinton sera vouée à l’échec. On ne peut lutter contre Trump et poser les bases d’une alternative progressiste en se basant précisément sur ce qui a assuré sa victoire.

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