Attentat de Manchester: Unité contre le terrorisme, la guerre et le racisme

Des jeunes en sortie se sont retrouvés confrontés à l’une des pires horreurs imaginables lorsqu’une bombe a explosé dans la Manchester Arena, la plus grande salle de concert de Grande-Bretagne. Vingt-deux personnes ont été tuées et au moins 59 blessées par cette explosion à la fin d’un concert de la chanteuse américaine Ariana Grande.

Par Judy Beishon, Socialist Party (section du Comité pour une Internationale Ouvrière en Angleterre et pays de Galles)

Cette atrocité, que le Socialist Party condamne complètement, rappelle l’attaque commise dans la salle du Bataclan à Paris en novembre 2015. Dans les deux cas, des gens de tous horizons ont été abattus sans discrimination, en particulier des jeunes. Les premiers rapports ont suggéré que l’agresseur était un kamikaze mort sur les lieux. Il s’agit de la pire attaque terroriste en Grande-Bretagne depuis que 56 personnes ont été tuées lors de l’attentat de Londres en juillet 2005.

Les habitants de Manchester ont rapidement réagi pour aider les personnes fuyant la scène, en proposant de les accueillir, de leur offrir un lit ou de les raccompagnez chez eux tandis que les chauffeurs de taxi n’ont pas fait payer leurs courses. Cette réaction faite de solidarité et d’entraide – ainsi que celle des travailleurs des services d’urgence et des hôpitaux – n’a rien de commun avec la réaction hypocrite des ministres du gouvernement conservateur qui expriment leur sympathie et leur chagrin alors qu’ils sont totalement responsables des politiques qui fournissent la base sur laquelle de telles atrocités sont commises.

Les attaques terroristes dans les villes européennes sont de plus en plus fréquentes. En Grande-Bretagne, l’inquiétude touchera cette fois tout le pays, l’attaque ayant été perpétrée en dehors de Londres. Les raisons qui se trouvent derrière ces attaques semblent souvent être multiples et aucun événement ne ressemble exactement à un autre. Des liens ou une sympathie idéologique avec Daesh (l’Etat islamique) ainsi que la colère contre les interventions impérialistes occidentales au Moyen-Orient sont toutefois des caractéristiques communes.

Il est essentiel de s’opposer à des organisations réactionnaires comme Daesh, qui soutiennent et commettent des actes barbares, mais aussi de s’opposer aux guerres impérialistes et d’appeler au retrait immédiat des forces militaires britanniques du Moyen-Orient. Nous devons également créer l’unité des travailleurs contre la stratégie visant à trouver des boucs émissaires en jouant sur le racisme et la division, en défendant les idées du socialisme comme seule alternative à ce système actuel qui ne peut pas et ne mettra pas fin à la pauvreté, aux guerres et au terrorisme.

L’incapacité des conservateurs à contrer le terrorisme

La Première ministre Theresa May tentera sans aucun doute d’instrumentaliser ces atrocités pour apparaître comme la championne des lois anti-terroristes et renforcer sa position dans la perspective des élections du 8 juin prochain. Ces deux dernières décennies n’ont cependant pas manqué de nouvelles législations antiterroristes et aucune d’entre elles n’est parvenue à empêcher de nouvelles attaques à l’instar de celle de mars dernier à Westminster ou du dernier terrible événement en date, celui de Manchester. Le Socialist Party n’a dès le début cessé de prévenir que ce serait le cas.

Parallèlement, l’austérité implacable appliquée par les conservateurs au pouvoir rend chacun plus vulnérable lorsque survient un attentat. Après l’attaque de Westminster, nous avons attiré l’attention sur la façon dont les réductions budgétaires dans les services de secours, les hôpitaux et le personnel des transports réduisent inévitablement la rapidité des secours.

Les victimes de l’attentat de Manchester auraient été soignées dans 8 hôpitaux des environs, certains d’entre eux doivent actuellement faire face à une diminution de leurs moyens et la fermeture des urgences 24 heures sur 24 est même envisagée. Cet attentat, commis en fin de soirée, expose la nature potentiellement dévastatrice de ces coupes budgétaires, que les conservateurs désirent par ailleurs encore approfondir.

Au cours de l’actuelle campagne électorale, les conservateurs actuellement au pouvoir ont clairement démontré qu’ils entendent poursuivre sur leur voie austéritaire de manière tout à fait insensible. Ils ont suscité des réactions indignées en précisant qu’ils souhaitaient encore durcir leur politique à l’égard des bénéficiaires d’allocations sociales. A la suite de l’attentat de Manchester, les conservateurs vont tenter de se profiler comme les défenseurs de la population, cette manœuvre doit être exposée et combattue.

La popularité des politiques anti-guerres

L’attentat de Madrid en 2004, où 191 personnes avaient perdu la vie, a eu lieu au cours d’une campagne électorale. Le Parti populaire, qui était au pouvoir, a tenté d’utiliser ces atrocités pour stimuler sa campagne. Leur stratégie a toutefois échoué, la colère des masses s’était dirigée contre lui après qu’il ait essayé de faire porter la responsabilité de l’attentat aux nationalistes basques. Il est au contraire clairement apparu que les auteurs agissaient en sympathie avec le réseau Al-Qaida. Le rejet de la politique du gouvernement dans le cadre de la guerre en Irak a conduit à la victoire du PSOE, le parti social-démocrate espagnol.

Dans l’actuelle campagne électorale en Grande-Bretagne, l’approche anti-guerre de Jeremy Corbyn (le chef du Parti travailliste) peut bénéficier d’encore plus de résonance et d’un puissant impact. Corbyn a longtemps été un adversaire conséquent des interventions de la Grande-Bretagne et d’autres puissances capitalistes occidentales dans les guerres d’Afghanistan, d’Irak, de Libye et de Syrie. Celles-ci ont causé une dévastation massive et d’innombrables pertes de vie tout en créant les conditions du développement de l’horrible violence terroriste dans ces pays et au-delà.

Le Socialist Party s’est fermement opposé à ces guerres et a constamment prévenu que ce seraient les travailleurs et la population ordinaires au Moyen-Orient et dans le monde entier qui supporteraient le coût de cette politique, tant au niveau financier qu’à celui de de l’instabilité croissante.
En même temps, nous condamnons (tout comme Jeremy Corbyn) l’idéologie et les méthodes odieuses des organisations réactionnaires de droite comme Daesh et Al-Qaida, qui cherchent à construire un califat semi-féodal et capitaliste hautement répressif, sans la moindre parcelle de droits fondamentaux ou de démocratie des travailleurs.

La classe des travailleurs, en Irak et en Syrie, doit construire des syndicats, des organismes de défense non-sectaires démocratiquement dirigés, etc., pour lutter contre Daesh, avec le soutien des travailleurs à l’échelle internationale. Les puissances impérialistes n’interviennent que pour défendre leur prestige et leur influence ainsi que pour défendre les intérêts de leurs grandes entreprises.

L’impérialisme britannique n’a pas fait exception, qu’il ait été représenté par les conservateurs ou par les blairistes du New labour avant eux. Par une coïncidence appropriée, le «briefing du matin» du Guardian suite à l’attaque de la Manchester Arena a commencé par l’attaque terroriste pour ensuite suivre avec le «soutien sans précédent pour l’industrie des combustibles fossiles» dans le manifeste électoral conservateur. Les dirigeants de l’industrie pétrolière ont en conséquence promis plus de £ 390.000 à la campagne de la première ministre Theresa May.

Les élections générales du 8 juin offrent une opportunité d’expulser les conservateurs et de faire avancer la lutte du mouvement ouvrier contre les blairistes en plaçant Jeremy Corbyn au poste de premier ministre. Il s’agirait d’une étape très importante pour mettre fin à l’austérité, à la pauvreté et à la guerre inhérents au système capitaliste, qui porte également en lui la division, le racisme et le terrorisme.

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