Présenter un recul comme si c’était un progrès. C’est un travail quotidien pour des politiciens néolibéraux. En décembre 2016, la ministre flamande de l’Enseignement Hilde Crevits en a encore donné un exemple. Sous couvert de financement nécessaire de l’enseignement, elle proposait d’élargir la possibilité de déduction fiscale des dons aux écoles. Au même moment, elle imposait un saut d’index des moyens pour les écoles primaires et secondaires en Flandre. Ce saut d’index inclut le coût du personnel. On cherche à compenser les baisses de moyens publics par l’appel à ‘‘la charité’’ d’investisseurs privés.
Ce système existe déjà aujourd’hui pour les universités et, depuis 2016, également pour les hautes écoles. En Flandre, cette méthode reste pour le moment encore limitée avec des revenus des fonds externes pour universités. Celles-ci ont augmenté de 14,2 millions d’euros en 2013 à 23,3 millions d’euros en 2014, dont 18 millions pour la KUL, l’université de Louvain en Brabant flamand.
Dans le monde anglo-saxon, où l’apport des moyens privés dans l’enseignement supérieur est largement diffusé, de tels dons ne se font certainement pas par charité. Les investisseurs cherchent des profits en devenant un partenaire privilégié de l’université, à l’aide de dons. Ainsi, ils créent des liens entre les entreprises et les options d’études et la recherche scientifique. Et cela remet en question l’indépendance de la recherche scientifique universitaire.
Il est clair que l’appel à davantage de dons est, pour Crevits et le gouvernement flamand, une manière d’adoucir les conséquences négatives du manque d’investissements publics depuis des années. Combien de millions d’économies a-t-on fait ces dernières années en ne prévoyant pas les moyens publics nécessaires et en dépensant moins pour l’enseignement (en pourcentage du PIB) ?
Si la ministre Crevits reconnait qu’il faut des moyens supplémentaires, elle ferait mieux d’annuler ses mesures d’austérité et celles de ses prédécesseurs. Mais nous n’avons pas d’illusions quant à ses intentions. Ces gouvernements et leurs ministres ont déjà montré qu’ils continueront à chercher l’argent auprès de la majorité pour que la minorité puisse continuer à s’enrichir. Les 10% de personnes les plus riches en Belgique possèdent une fortune de plus de 1.000 milliards d’euros. L’un des belges les plus riches, Albert Frère, possède à lui tout seul 6,2 milliards d’euros, autant que les 2,2 millions de belges les plus pauvres. Entretemps, des bénéfices gigantesques sont envoyés dans les paradis fiscaux et les multinationales ne payent pas leurs impôts. Les moyens existent ; ils peuvent contribuer à l’organisation d’un enseignement démocratique, gratuit et de qualité. Nous avons besoin d’un programme qui défend un réel réinvestissement dans l’enseignement et qui unit dans la lutte les écoliers, les étudiants, les enseignants et le personnel.