Le retour du danger rouge. La droite à l’offensive contre le PTB

Peter Mertens le 1er mai à Anvers. Photo : Liesbeth

Les attaques médiatico-politiques se sont multipliées contre le PTB ces derniers mois. Principalement de la part du MR, de la N-VA et du quotidien économique et financier L’Echo mais avec les applaudissements de la plupart des partis et médias traditionnels.

Par Ben (Charleroi), article tiré de l’édition de février de Lutte Socialiste

Un cordon sanitaire contre le PTB ?

Mi-novembre, l’hebdomadaire Le Vif titrait ‘‘après le Brexit et Trump, Marine Le Pen, puis le PTB ?’’ Peu de temps après, Denis Ducarme (MR), inquiété par l’éventualité d’un rapprochement entre PS, Ecolo et PTB, appelait à discuter d’un cordon sanitaire contre le PTB, taxé d’extrémiste et de populiste. Soyons clair, pour le MR, les seuls partis démocratiques sont ceux qui acceptent la logique néolibérale et l’austérité sans broncher.

Dans le débat dominical(1) qui a suivi, Philippe Goffin (MR) s’est ridiculisé en tentant de défendre péniblement la position de son parti. Demandant au représentant du PTB s’il se revendiquait encore du stalinisme, Germain Mugemangango (du PTB) a rapidement pu répondre en disant que non. L’élu MR a ensuite essayé de se rattraper en demandant plus généralement si le PTB se réclamait du marxisme, la réponse étant positive. L’attaque devenant alors si grossière qu’elle a déclenché des réactions de soutien au marxisme et PTB dans la période qui a suivi(2). Pour l’anecdote, on retiendra l’absence de réponse de Goffin vis-à-vis des crimes du néolibéralisme dans le monde, comme par exemple sous la dictature de Pinochet au Chili.

En digne représentant du MR, Goffin expliqua que lorsque le PTB clame qu’il faut ‘‘faire payer les riches’’, selon lui, le PTB ‘‘stigmatise une population’’. Puis, ‘‘la vie en société, ce n’est pas ça, la vie en société, c’est créer une cohésion où chacun peut s’épanouir’’. Venant du Parti qui provoque tout le contraire en menant les pires attaques sur les conditions de vie et de travail de la majorité de la population depuis la seconde guerre mondiale, c’est osé !

Du côté néerlandophone, l’argument du stalinisme a été ressorti à plusieurs reprises, pour s’engouffrer dans la brèche ouverte par le PTB lui-même qui, tout en se distanciant aujourd’hui du stalinisme, ne fait aucune analyse publique de ce qui a coincé en Union soviétique. Celui qui ne s’engage pas dans la bataille de l’Histoire est bien mal armé pour celles de l’avenir.

Le PTB et ses maisons médicales

Fin décembre, c’est L’Echo qui rentrait dans la bataille vis-à-vis du PTB en publiant un dossier à charge sur les maisons médicales et ‘‘la face cachée du PTB’’. On y accuse les maisons médicales de refus de soin à des patients qui se présentent sur d’autres listes électorales. Il y a pourtant de sérieuses raisons de douter de ces accusations en l’air, sans informations plus précise. Comme le fait remarquer Hugues le Paige(3), le timing de ces accusations était une pathétique tentative de détourner l’attention des véritables affaires, comme le Kazakhgate ou Publifin.

La critique s’est d’ailleurs beaucoup plus focalisée sur le fait que les maisons médicales seraient des lieux de discussions politiques. Au pays des piliers(4) qui regroupent syndicats, mutuelles et partis, on peut dire que c’est l’hôpital qui se fout de la charité. Sans même parler de l’action commune, rappelons que même les libéraux ont leur propre pilier, avec la mutualité libérale et le syndicat CGSLB. On se souviendra d’ailleurs de la manière dont l’ancienne ministre galant a joué sur le syndicat libéral pour trouver du soutien à la SNCB en l’imposant comme syndicat représentatif tout en faisant perdre ce statut au SIC et au SACT.

Les maisons médicales proposent des activités politiques ? On a envie de répondre ‘‘et alors ?’’ ou même ‘‘tant mieux !’’ car, avec les attaques sans précédent sur les soins de santé, et en particulier sur l’existence même des maisons médicales, mener des discussions politiques se justifie pleinement. Si le travail des maisons médicales joue certainement un rôle positif dans le travail d’implantation du PTB, sa croissance fulgurante dans les sondages du côté francophone est surtout due au discrédit grandissant vis-à-vis des partis traditionnels et à la posture d’alternative politique que représente le PTB dans une situation objective où la colère et la volonté de changement augmente.

Des attaques restées sans réponse

Les attaques de forme et différentes critiques superficielle vis-à-vis du PTB prouvent la peur grandissante des partis et média traditionnels face aux changements profond qui parcourent la base de la société. Il existe bel et bien un espace pour la construction d’une nouvelle force de gauche en Belgique. Les attaques de la droite ne répondent jamais aux questions et préoccupations qui y conduisent.

Nous avons des divergences avec le PTB, sur son programme, sa stratégie politique ainsi que beaucoup de question sur son fonctionnement interne. Nous aimerions des discussions franches et honnête, et débats de fond sur ces questions avec le PTB et ses membres. Ainsi qu’avec tout parti, association ou militant individuel qui veux combattre l’austérité et se lancer dans la bataille pour changer de société. Mais tout en étant lucide sur les divergences qui existent au sein de la gauche, face aux critiques de la droite, il faut faire front. Les attaques sont dirigées contre tous ceux qui remettent le système actuel en question.

NOTES

(1) Débat RTBF du dimanche 4 Décembre 2016 : Faut-il élargir le cordon sanitaire au PTB ?
(2) Comme par exemple le café serré de Thomas Gunzig du mercredi 7 Décembre sur la première.
(3) Voir blog de politique du 9 Janvier 2017: http://blogs.politique.eu.org/Haro-sur-le-PTB-ce-n-est-qu-un
(4) Définition du CRISP : Ensemble d’organisations qui ont une idéologie commune et qui veillent à son influence dans l’organisation de la société.

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