Le gros mot, c’est ‘‘capitalisme’’, pas ‘‘socialisme’’

Il y a une trentaine d’années que le capitalisme a remporté son combat historique contre le bloc soviétique. Depuis lors, en dépit du fait qu’il n’ait pas véritablement été contesté, ce système est parvenu tout seul à saper structurellement les bases de son soutien populaire. S’il se tient encore debout aujourd’hui, c’est en raison de l’absence d’un adversaire crédible, d’une alternative largement enracinée et soutenue. Les inégalités atteignent des proportions hallucinantes. L’état du monde devient chaque jour plus instable. Ceux qui hier vivaient leur vie dans l’insouciance sont aujourd’hui saisi d’angoisse devant un avenir menacé par les guerres, le terrorisme, la pauvreté croissante, les dictatures, les catastrophes climatiques,…

Par Bart Vandersteene

Ce système en crise doit être protégé des critiques, c’est une question de survie. Et pour certains, la meilleure défense, c’est encore l’attaque. C’est ce qui explique les déclarations au vitriol des politiciens et idéologues libéraux contre le PTB. Son soutien est l’expression de la recherche d’une alternative de gauche et il est positif que le PTB fasse connaitre les idées de gauche auprès d’une plus vaste audience. Mais pour parvenir à atteindre son objectif – la réalisation d’une société socialiste selon ses textes de congrès – il lui faudra clarifier la manière dont il compte s’y prendre.

Dans les pages du quotidien flamand De Morgen, le président du PTB Peter Mertens a réagi aux critiques récurrentes concernant le passé stalinien du parti en préconisant de laisser aux historiens le soin de faire le bilan du XXe siècle. En réagissant ainsi, il désarme son parti et ses membres face aux attaques de la droite. Toute personne engagée dans la lutte pour une société socialiste se demandera pourquoi les choses ont si mal tourné en Russie soviétique et ce que cela implique aujourd’hui vis-à-vis de la lutte pour le socialisme. En laissant cette question sans réponse, les membres du PTB se retrouvent sans aucun argument lorsqu’on leur demande – pour la énième fois – pourquoi ils se disent communistes, s’ils défendent Staline ou non, s’ils se réclament du marxisme, si le stalinisme ne démontre pas que le socialisme est une utopie,…

Le PTB préfère éviter ce débat complexe. La tactique peut sembler intelligente à court terme mais, dans la pratique, l’absence d’objection est surtout une belle aubaine pour la propagande antisocialiste de droite.

Dans la communication du PTB destinée au grand public, ses tracts ou lors de débats télévisés, pas un mot n’est dit sur le capitalisme ou le socialisme. Le nouveau livre de Peter Mertens ‘‘Graailand’’ (qui pourrait être traduit par ‘‘un pays de rapaces’’, uniquement disponible en néerlandais) comprend de nombreux arguments intéressants contre le néolibéralisme, comme c’était déjà le cas avec de précédents ouvrages. Beaucoup de lecteurs pourront par eux-mêmes parvenir à la conclusion qu’il y a un fil rouge dans cette critique, à savoir la logique du système capitaliste, mais les choses ne sont pas dites de manière aussi explicite. Concernant le socialisme, la manière dont il pourrait fonctionner, les défis à relever, la manière d’instaurer un tel système, etc., on ne trouve rien.

Ce n’est pas un hasard si les mesures ou ‘‘bonnes idées’’ proposées par le PTB ne sont pas encore appliquées aujourd’hui. Seule une approche révolutionnaire est de nature à faire face à la guerre de classe que déchainerait sur nous la classe dirigeante si un gouvernement adoptait de telles mesures. Comme ce fut le cas en Grèce, elle essayerait par tous les moyens de nous mettre à genoux. À moins que le mouvement n’ose riposter en retirant le pouvoir des mains de l’élite capitaliste. Sa force ne provient pas de son nombre, mais du contrôle qu’elle exerce sur les secteurs-clés de l’économie, la machine de propagande des médias et le système judiciaire.

Une société socialiste serait à l’opposé du capitalisme. Les secteurs-clés de l’économie seraient sous propriété collective et non pas sous la propriété privée d’une petite élite de super-riches. La concurrence effrénée céderait place à la solidarité et à l’entraide. Grâce aux progrès technologiques, nous travaillerions moins pour une même richesse. Grâce à un contrôle démocratique sur ces richesses et à leur répartition, il n’y aurait plus de super-riches. Sans les motivations liées à la voracité économique, il n’y aurait plus aucune raison de mener des guerres et des occupations impérialistes.

Peu de gens refuseraient de vivre dans un tel monde dès maintenant, mais beaucoup doutent que cela soit toutefois possible. Ces appréhensions proviennent dans une large mesure de la propagande idéologique de droite selon laquelle la nature humaine ne reposerait pas sur la solidarité mais sur la compétitivité. Cette propagande s’appuie essentiellement sur l’échec des tentatives de construire un monde socialiste au XXe siècle.

Ces questions méritent d’être étudiées. Ce n’est qu’ainsi qu’il nous sera possible d’à nouveau mettre en avant le socialisme en tant qu’alternative crédible.

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