Combat et résistance, les maîtres-mots pour les travailleurs de Truck Technic

Photo : FGTB

Truck Technic, c’est cette entreprise spécialisée dans le reconditionnement des systèmes de freinage pour poids-lourds, située dans le zoning des Hauts-Sarts en région liégeoise et dont les travailleurs étaient partis en grève le 5 décembre pour protester contre leurs conditions de licenciement. En effet, le groupe international Méritor dont dépend l’entreprise, a pris la décision de délocaliser l’activité en Tchéquie. Ceci a des accents bien connus : la direction du groupe tente de maximiser ses profits en s’installant dans une région où la main-d’œuvre est à moindre coût et où le taux d’exploitation est plus élevé.

Par Simon (Liège)

Le groupe n’est pourtant pas en difficulté. En 2016, il a fait 551 millions de dollars de bénéfice après rétribution des actionnaires. Malgré cela, la première proposition de Méritor aux travailleurs était de leur octroyer 15% du préavis légal en guise de dédommagement, ce qui correspond pour certains a à peine 600€ net. Les travailleurs de Truck Technic ont estimé qu’ils valent mieux que cela. Ils ont revendiqué une prime de licenciement qui leur permette de voir venir ainsi que la mise en place d’une cellule d’outplacement gérée par les pouvoirs publics.

Méritor a d’abord proposé des montants ridiculement bas en regard des possibilités du groupe mais il a assorti le versement de ces montants à des conditions vexatoires : renoncement des travailleurs licenciés à tout recours juridique tant collectivement qu’individuellement et surtout, exigence de pouvoir contrôler le site en l’absence de tout représentation syndicale à la fin des négociations pour inventorier les éventuels « vols et dégradations ». A juste titre, les travailleurs ont repoussé ces conditions et ont demandé une forme de contrôle ouvrier lors de la visite des représentants du groupe.

Afin de peser sur les négociations, les ouvriers ont décidé la grève avec occupation de leur lieu de travail. Celle-ci a duré plus de 45 jours. A une époque où tant de travailleurs licenciés se résignent, cette ténacité rend toute sa dignité au monde ouvrier et au combat syndical.

En ce sens, les concessions du groupe aux travailleurs relèvent déjà de la victoire. Ils ont obtenu un relèvement de leurs primes, une indemnité compensatoire pour les RCC, un accord pour une présence syndicale lors de l’inventaire et une cellule de reconversion publique.

Le maintien du site sous statut public t n’était certainement pas la piste la plus probable mais a bien sûr fait l’objet de discussions par les grévistes :  ce n’est pas comme si l’activité de Truck Technic n’avait aucune valeur pour la collectivité. Elle  tirerait plutôt avantage à voir une entreprise de ce type continuer d’exister et être réorientée vers la  satisfaction de besoins sociaux : le secteur public dispose d’un parc automobile important pour lequel il n’existe pas forcément de solution d’entretien.

Les travailleurs ont interpellé la Région Wallonne qui travaille encore aujourd’hui à une « solution industrielle » pour maintenir une activité sur le site, malheureusement sans piste de solution sérieuse à ce jour.

Ceux qui l’ont vécu le savent bien : une grève aussi longue est difficile à vivre. Elle pèse sur le moral, sur la vie de famille. Les grévistes de Truck Technic ont tenu le coup grâce à une forte cohésion (des assemblées ont eu lieu plusieurs fois par semaine durant l’occupation) et parce qu’ils ont pu compter sur de nombreuses manifestations de solidarité : des visites de délégations, des encouragements de la part de la population, du ravitaillement par exemple au moment de Noël puisque le réveillon s’est passé au sein de l’entreprise.

Au terme du combat, i les ouvriers de Truck Technic peuvent se targuer d’avoir fait plier une multinationale grâce à leur persévérance, ceci vient renforcer leur mérite, cela doit aussi servir de leçon au mouvement ouvrier : Ne doutons pas que d’autres Truck Technic continueront à se déclarer régulièrement puisqu’il existe d’autre Méritor. Dans ces moments, il sera de la responsabilité de chaque militant syndical d’organiser sa délégation ou son secteur pour venir renforcer le combat des camarades dont l’emploi est menacé car chaque licenciement économique est une défaite pour l’ensemble d’entre nous.

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