Les Marches des Femmes ont réuni des millions de personnes à travers le monde!

L’affluence aux « marches des femmes » qui ont été organisées partout dans le monde le 21 janvier a surpris tout le monde, y compris les organisateurs. De Los Angeles à Tel Aviv en passant par Oslo et même l’Antarctique, des millions de gens ont déferlé dans les rues pour protester contre l’investiture de Donald Trump en tant que président des États-Unis d’Amérique.

Par Socialist Alternative, USA

Ces marches marquent sans doute le début d’une nouvelle phase extrêmement importante de la riposte de la part de la jeunesse, des classes moyennes et de la classe prolétaire contre les atrocités du capitalisme, ses représentants politiques et les divisions que ce système tente de susciter.

Au départ, la marche des femmes de Washington a été appelée par des groupes féministes pour exprimer leur colère face aux commentaires scandaleux proférés par Tump à l’encontre des femmes et face à la menace que pose son administration pour les droits des femmes.

Mais cette marche, tout comme les centaines d’autres marches que cette dernière a inspirée, a servi de point de ralliement à de nombreux autres groupes qui désiraient eux aussi donner un signal clair, dès le premier jour de la présidence Trump, du fait que son régime réactionnaire sera confronté à une opposition massive à chaque pas qu’il fera.

Par effet « boule de neige », tout ceci a finalement donné le plus grand mouvement de contestation coordonné à l’échelle internationale jamais vu depuis l’invasion de l’Irak en 2003.

Il est maintenant crucial et urgent d’utiliser ce mouvement en tant que tremplin en vue de l’édification d’un mouvement démocratique et solide à l’échelle internationale avec une stratégie visant la victoire et une vision d’une alternative – le socialisme. Nous devons nous assurer du fait que le 21 janvier 2017 sera retenu dans les livres d’histoire non pas comme une simple journée où les gens ont libéré leur colère avant de rentrer chez eux, mais comme le jour où tout a basculé.

Construire un mouvement de masse contre Trump, l’austérité et le capitalisme

On estime à 5 millions le nombre de gens qui ont manifesté partout dans le monde. Il est important de constater que de nombreuses personnes partout dans le monde ont ressenti un tel besoin d’exprimer leur solidarité internationale avec leurs frères et sœurs des États-Unis qu’elles ont décidé de protester par milliers même dans des pays qui ne se trouvent pas du tout en première ligne par rapport à l’impact qu’aura la présidence Trump. Ce phénomène est dû en partie du fait de la position centrale qu’occupent les États-Unis dans la politique mondiale de manière générale, en partie aussi parce que les gens comprennent que l’instabilité et la réaction trumpistes seront telles que leur impact se fera sentir dans le monde entier.

Mais une autre raison pour laquelle les gens sont descendus en masse est qu’en réalité, ils manifestaient non pas seulement contre Trump lui-même, mais contre tous les « petits Trumps » dans leurs propres pays, contre les mesures « trumpistes » qui sont prises aujourd’hui par les gouvernements capitalistes partout dans le monde. Les manifestants ont dénoncé toutes les formes de sexisme, de racisme et d’inégalité. Certains étaient préoccupés par la politique environnementale de Trump, d’autres par sa rhétorique va-t’en-guerre ou par ses propos xénophobes. Ces marches ont joué le rôle d’un aimant qui a attiré à lui une grande partie du sentiment de mécontentement ressenti par la population mondiale de manière générale, exacerbé par les craintes et la colère qui accompagnent l’élection de Trump.

Beaucoup de gens ont été outragés par la réponse de Theresa May, la Première ministre britannique, lorsqu’on lui a demandé si elle allait interpeler Trump sur son attitude envers les femmes lors de leur prochaine rencontre. Pour elle, la meilleure chose qu’elle puisse faire à cet égard est simplement d’être là, en tant que femme Première ministre ; tout en se concentrant plutôt sur les « problèmes urgents » tels que l’OTAN ou la Syrie.

Quel que soit son genre, Mme May ne représente pas la majorité des femmes. Il est clair que ses priorités dans ses discussions avec Trump seront avant tout d’assurer la sécurité et la stabilité du système capitaliste plutôt que de défendre les droits des femmes comme, par exemple, les deux millions quatre-cent-mille femmes qui ont été contraintes de fuir la Syrie. Nombre de ces réfugiées se sont retrouvées enfermées et maltraitées par les gouvernements occidentaux (tel que celui de Mme May), qui ne font qu’aggraver la situation au Moyen-Orient. Mme May a par ailleurs elle-même soutenu des mesures qui ont causé des pertes d’emplois pour des centaines de milliers de femmes au Royaume-Uni depuis que son parti est arrivé au pouvoir. On estime que d’ici 2020, 85 % des coupes budgétaires et des hausses de taxes effectuées depuis 2010 auront été payées par les femmes.

Un très grand nombre des manifestants étaient conscients de cette situation et ont exprimé le souhait de rester actifs pour poursuivre et intensifier les mouvements dans chaque pays tout en cherchant à relier entre elles l’ensemble des luttes contre tel ou tel aspect du système. Beaucoup de gens participaient là à leur toute première manifestation, tout en affirmant que ce ne serait pas leur dernière. Une des meilleures manières d’exprimer notre solidarité avec ceux qui combattent le régime Trump aux États-Unis n’est-elle pas de nous organiser chez nous pour lutter contre l’austérité, l’oppression et le capitalisme à notre propre niveau ?

La suite du mouvement

Dans sa réponse au discours d’investiture de Trump, Kshama Sawant, membre du conseil de la ville de Seattle et membre du groupe Alternative socialiste, section du CIO aux États-Unis, a appelé à de nouvelles actions le 8 mars (journée internationale de la femme ouvrière) et le 1er mai (fête du Travail), pour dénoncer la politique de Trump en ce qui concerne les droits des femmes et les droits des immigrés. Les mêmes jours le CIO organisera des actions de solidarité dans les différents pays où il est présent.

Toutes ces mobilisations doivent nous aider à nous unir pour former une force aussi grande que possible afin de combattre la droite. Le mouvement du 21 janvier a révélé à quel point la société est prête à porter un tel mouvement : un désir de transformer le simple nombre en une réelle force pour vaincre Trump, ses clones partout dans leur monde et leurs idées. Ce processus nécessitera de nombreuses discussions et de nombreux débats.

Pour commencer, le mouvement doit reconnaitre que c’est l’élite capitaliste qui est responsable de l’arrivée au pouvoir de Trump. C’est en raison des conditions d’oppression qu’elles connaissent sur une base quotidienne : le chômage, le mauvais état des services publics, le mépris des politiciens… que de nombreuses personnes ont été poussées vers les fausses « solutions » de la droite. Tout mouvement désireux de vaincre la droite ne peut donc se permettre d’afficher la moindre tolérance envers l’élite capitaliste. Ce mouvement doit au contraire adopter un discours et une démarche susceptibles de rallier les plus aliénés des travailleurs et des jeunes.

Aux États-Unis, cela signifie de reconnaitre que le Parti démocrate est pieds et poings liés à cette petite caste de milliardaires qui se trouvent à la tête de la finance mondiale. C’est pourquoi Hillary Clinton ne pouvait jamais vaincre Trump. Au contraire, la popularité de la campagne de gauche menée par Bernie Sanders lors des primaires démocrates a démontré à tous ce qu’aurait pu obtenir un programme radical. Sanders a commis une erreur monumentale en se retirant pour soutenir Clinton alors que l’appareil du Parti démocrate avait dès le départ pris toutes les mesures nécessaires pour qu’il ne soit jamais élu.

Suite à l’énorme campagne de soutien à Sanders, et vu le mouvement émergent aujourd’hui contre Trump, la tâche urgente aux États-Unis est de bâtir un nouveau parti qui représentera les 99 % de la population contre les 1 % de superriches. En mettant en avant un programme socialiste audacieux, clairement prolétarien, un tel parti serait à même de saisir l’occasion qui nous est offerte pour croitre à une vitesse inouïe. Partout dans le monde d’ailleurs, notre combat doit avoir le même objectif : lutter pour l’édification d’un mouvement capable de porter la voix de la classe des travailleurs et des mouvements de contestation radicaux qui se développent un peu partout.

Une alternative : le socialisme

La lutte pour un nouveau parti aux États-Unis deviendra de plus en plus importante au fur et à mesure que Trump reviendra sur ses promesses électorales en abandonnant tous ceux qu’il avait convaincu, à tort, qu’il serait un candidat « antisystème ». Vu la crise profonde qui affecte le système capitaliste à l’heure actuelle, jamais il ne sera à même de réaliser la moindre de ses promesses concernant la création d’emplois, d’écoles ou d’infrastructures. Il est clair que Trump n’est pas un candidat socialiste. Un nouveau parti prolétarien de masse qui exprimerait clairement cet état de fait pourrait gagner un grand nombre de ceux qui ont voté Trump en novembre. Il pourrait aussi, contrairement au vieux Parti démocrate qui n’a jamais fait que défendre le même « statu quo », inspirer les 42 % de la population qui ne se sont pas donné la peine d’aller voter.

Une autre caractéristique de ces manifestations est le nombre de gens qui étaient explicitement à la recherche d’une alternative socialiste. Kshama Sawant a dit, dans sa réponse au discours de Trump :

« En ces temps difficiles, je tire un grand espoir de ce nouvel esprit de rébellion qui vit parmi la jeunesse et, plus que tout, du soutien croissant aux idées du socialisme, vu le nombre de gens qui, par milliers, rejoignent les organisations socialistes partout dans le pays. La raison de ceci est simple : le capitalisme est un système en faillite. Donald Trump n’est qu’une expression particulièrement répugnante de la nature prédatrice du système capitaliste lui-même.

C’est cette semaine que nous avons que huit personnes – huit personnes, pas plus – détiennent plus de richesses que la moitié de la population mondiale. Nous avons aussi appris que cette année est la troisième année d’affilée où les températures mondiales battent tous les record, c’est-à-dire que la catastrophe climatique continue à progresser. Nous avons besoin d’une société d’un type radicalement différent. Nous avons besoin du socialisme. Le socialisme, c’est-à-dire une société qui sera dirigée par et pour les gens qui travaillent, et non pas par la classe des milliardaires. Une société dans laquelle les grandes entreprises appartiendront au public, pour que nous puissions planifier démocratiquement la manière dont nous voulons utiliser les ressources à la disposition de la société pour satisfaire à l’ensemble des besoins humains, et non pas à la soif de profits de quelques-uns. »

L’énergie dégagée par ces récentes manifestations nous offre à présent une réelle occasion de bâtir un puissant mouvement socialiste à l’échelle internationale capable de concrétiser ces idées. Le Comité pour une Internationale ouvrière et ses sections partout dans le monde seront au premier rang de ces luttes.

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