Déjà avant les élections, le président Obama avait annoncé le retrait progressif des troupes US d’Irak. Depuis lors, il a créé une ouverture pour des négociations avec l’Iran et même avec les Talibans « modérés » d’Afghanistan. Un nouvel élan a aussi été donné à la collaboration entre l’OTAN et la Russie. Ces éléments indiquent-ils un vrai changement dans la politique extérieure des Etats-Unis ?
La « nouvelle » position d’Obama n’implique pas une rupture avec la politique impérialiste de son prédécesseur. Le retrait des troupes d’Irak sera utilisé pour envoyer plus de troupes vers l’Afghanistan afin d’y mener la « guerre contre le terrorisme ». Pourtant, après presque huit années de guerre, il n’y a aucune perspective de victoire pour les troupes de l’OTAN. En outre, l’avancée des Talibans au Pakistan a coupé des itinéraires de ravitaillement cruciaux pour l’OTAN entre ce pays et l’Afghanistan.
Afin de pouvoir envoyer un plus grand nombre de soldats en Afghanistan (Obama parle de 17.000 militaires en plus), les Etats-Unis ont du changer leur attitude envers la Russie et l’Iran. Ils avaient besoin de la Russie pour transporter leur ravitaillement vers l’Afghanistan ainsi que de l’Iran pour conclure des accords et des alliances avec des populations afghanes qui parlent le persan (comme en Iran).
La volonté affichée par Obama de parler avec les Talibans « modérés » en Afghanistan ne marque pas non plus une rupture fondamentale avec la politique impérialiste des Etats-Unis. Au cours de la guerre civile en Afghanistan, les partenaires pakistanais et saoudiens des USA ont créé puis soutenu les Talibans, d’abord contre les troupes soviétiques dans les années ’80, puis ensuite dans la guerre entre les divers «seigneurs de guerre» durant les années ‘90. Ils ont été soutenus tacitement par les Etats-Unis.
Actuellement les Talibans progressent au Pakistan, le pays où ce mouvement a été mis en place sous la surveillance et même avec le soutien des pouvoirs militaires et politiques locaux (y compris le PPP de Benazir Bhutto). L’impérialisme américain veut aujourd’hui empêcher un développement des Talibans dans toute la région et essaie d’utiliser sa vieille politique de diviser-pour-régner.
Pendant qu’Obama tente de créer une ouverture pour des négociations avec le régime religieux en Iran, il évoque aussi la possibilité de mener davantage d’actions militaires au Pakistan. A côté des opérations dans la province nord-ouest (où se trouve entre autre le district de Swat, dans lequel le pouvoir des Talibans est plus ou moins officiellement reconnu par les autorités pakistanaises et où ils appliquent la sharia), il pourrait y avoir une augmentation des actions dans la province du Balouchistan. Cela peut faire monter les tensions régionales et accroître l’instabilité politique au Pakistan avec la possibilité de graves conséquences pour le régime en place qui dispose de l’arme nucléaire.
Les tentatives d’Obama pour jouer avec les différences ethniques en Afghanistan sont vouées à l’échec. La même politique a été utilisée dans les années 1970 par plusieurs grandes puissances (URSS, USA, GB) dans l’espoir de bloquer une radicalisation des travailleurs et paysans dans le pays. Le résultat a été un carnage terrible et une guerre civile qui apparait interminable et que la nouvelle politique des Etats-Unis va relancer. La guerre civile risque en plus de s’étendre, en particulier vers le Pakistan. Plus que jamais, l’impérialisme risque de mener à la barbarie.