C’est la crise, mais pas pour tout le monde…

Bayer et Bekaert: deux entreprises, parmi bien d’autres, qui illustrent à quel point la crise ne touche pas tout le monde de la même manière, loin de là. Tout dépend du côté où l’on se trouve: celui du patronat ou celui des travailleurs.

A Bayer, à l’occasion de l’annonce des résultats annuels de l’entreprise, la direction a lancé quelques avertissements. La crise met les résultats sous pression. Mais si les choses se dégradent, ce n’est pas pour tout le monde. En 2008, le chiffre d’affaire a légèrement augmenté (de 1,6%) mais les profits ont diminué (il reste tout de même encore 1,7 milliard d’euros!). Pas de souci pourtant pour les actionnaires, leurs dividendes ont été augmentés de 3,7%. Par contre, la direction veut imposer des diminutions salariales en Allemagne.

La délégation FGTB-Bayer a réagi sur son site:

“Le Board of management de Bayer a annoncé sa volonté d’augmenter les dividendes de 2008 pour les actionnaires malgré la crise économique. La proposition est de payer 1,4 euro par action. Au total, à peu près 1,07 milliard d’euros vont ainsi s’écouler de l’entreprise vers les actionnaires. L’année passée ce dividende était de 1,35 euro. Qui sont les actionnaires? Presque 80% des actionnaires de Bayer sont des investisseurs institutionnels, c’est-a-dire de grandes banques et sociétés d’assurances. 42% de celles-ci sont américaines, 22% allemandes et 11% britanniques. Le personnel a 1,02% des actions en main. Capital Group, un hedge fund américain, est un grand actionnaire qui possède 10% des actions (soit 764.343.225 actions et autant de dividendes). Capital Group va donc recevoir un peu plus de 76 millions d’euros de Bayer sur son compte en banque. La banque AXA a de son côté presque 3% des actions.

“Entretemps, on demande en Allemagne au personnel d’accepter une diminution salariale de 6,7%. En Belgique aussi, on demande très régulièrement “une plus grande vitesse” et plus de flexibilité. Il faut aussi encore attendre les négociations sur la convention collective concernant la sécurité d’emploi."

A Bekaert, les profits ont augmenté l’an dernier de pas moins de 58%. Le président, le baron Buysse, a déclaré dans les médias que Bekaert a pu réaliser "les meilleurs résultats de l’histoire de l’entreprise". Quel cynisme ! Aux actionnaires les dividendes, aux travailleurs le chômage !

Fin décembre, la direction de Bekaert a annoncé la fermeture de la filiale de Hemiksem. 264 travailleurs ont été jetés au rebut, malgré la rentabilité de l’usine. Juste avant l’été, la fermeture de la filiale de Lanklaar avait été annoncée : 136 travailleurs y ont perdu leur emploi. Selon la direction, c’était nécessaire pour garantir « la viabilité de Bekaert ». Viabilité pour les actionnaires, oui, mais pas pour les travailleurs.

L’an dernier, le profit record s’est traduit par 10% d’augmentation des dividendes pour les actionnaires. Maintenant encore, ces dividendes sont augmentés (de 2,67 à 2,80 euros par action). "Je suis un président fier", a déclaré le baron. Ses priorités sont claires, seuls comptent les actionnaires.

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