Résistance contre la loi Borsus : le travail social n’est pas un outil du capital !

Le 16 novembre 2016, une action a eu lieu à Jemeppe-sur-Meuse contre la loi Borsus qui réforme le PIIS (projet individualisé d’intégration sociale) en enfonçant la porte vers plus de contrôle social. Une plateforme(1) a été mise sur pied à l’occasion de la venue de Monsieur Borsus (MR, ministre de l’Intégration sociale, entre autres) qui intervenait en clôture d’une conférence organisée par le CPAS de Liège à la Haute École Eli-Troclet avec pour thème l’accueil des réfugiés. Cette action a mobilisé pas loin d’une centaine de militants.

Par Frank (Liège)

La loi Borsus est une réforme du PIIS, le contrat liant le bénéficiaire d’allocations d’insertion au CPAS et qui a pour objectif (théorique) de créer un projet à long terme visant la réintégration du bénéficiaire sur le marché du travail (ce qui peut déjà porter à débat). Après plusieurs réformes – déjà antisociales – survenues avec le gouvernement Di Rupo, Borsus a voulu enfoncer le clou en instaurant dans le PIIS une possibilité de ‘‘travail communautaire’’ qui peut être obligatoire afin d’obtenir le revenu d’intégration sociale. Ce faisant, la personne est obligée de prester des heures de travail au sein d’une ONG ou d’une institution publique (comme un CPAS), et cela, pour l’allocation de survie que représente le RIS ! Et face aux réductions de budgets des CPAS, le danger que du personnel d’entretien soit purement et simplement remplacé par ce type d’esclavage légalisé est bien réel.

En outre, si la personne ne se plie pas au PIIS, elle peut être sanctionnée d’un mois de perte du RIS et de 3 mois en cas de récidive. Dès lors qu’il s’agit du seul moyen de subsistance, quelle alternative s’offre-t-elle alors à un bénéficiaire en détresse ?

Comme l’a souligné à plusieurs reprises Bernadette Schaek (présidente de l’ADAS) au cours de l’action du 16 novembre, le PIIS constitue une véritable agression envers les bénéficiaires. C’est loin d’être la seule : on peut penser aux nombreux contrôles intrusifs exercés par les agents des CPAS. Le travail social tend de plus en plus à devenir un outil de contrôle et de répression. De nombreux étudiants du secteur rejettent cette évolution. Les Étudiants de Gauche Actifs ont appelé à la solidarité et à la lutte conjointe des travailleurs sociaux, des étudiants et des allocataires du CPAS. Les autorités tentent de les monter les uns contre les autres, mais leurs intérêts convergent bel et bien vers un changement profond de ce que devrait être le travail social ! Et comme l’a si bien dit Bernadette Schaek, les CPAS ont la possibilité de se déclarer ‘‘zone hors PIIS’’. Nous pouvons construire un mouvement pour les pousser à adopter cette position !

Si nous ne faisons rien, le travail social ne sera guère plus qu’un outil au service du capital. Ni les bénéficiaires d’allocations, ni la majorité des travailleurs sociaux ne veulent de cela. Cette attaque ne restera pas isolée, soyons-en certains. À Anvers, le conseil communal veut confier le travail lié à l’aide aux sans-abris à la société privée G4S. Cela constituera un dangereux précédent. Il est ainsi temps de taper du poing sur la table et de dire haut et fort que le travail social appartient à tous et doit être au service de tous !

Au vu de la centaine de militants réunis en peu de temps, des nombreuses organisations présentes et du soutien témoigné par les étudiants sur place, nous sommes convaincus qu’il existe un véritable potentiel de combattivité! C’est pourquoi nous ne pouvons que continuer à encourager les différentes personnes concernées par la question du PIIS (travailleurs sociaux compris) à s’unir et à combattre ensemble ce détricotage de nos conquêtes sociales : contre le service communautaire, contre la pressurisation des travailleurs sociaux et pour un retour à la valeur fondatrice de ce secteur qu’est la solidarité.

(1) L’appel a réuni comme organisations signataires l’ADAS (Association de défense des allocataires sociaux), le CADTM (Comité pour l’annulation des dettes illégitimes), EGA (Étudiants de Gauche Actifs), les FPS (Femmes prévoyantes socialistes), Riposte Cte, le RWLP (Réseau wallon de lutte contre la pauvreté), le collectif ‘‘Stop à la chasse aux chômeurs’’ et enfin Vie Féminine. Des militants du PTB étaient également présents.

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