Syrie : L’horreur à Alep

La Syrie subit une terrible guerre civile causant d’innombrables souffrances humaines depuis cinq années. Il s’agit partiellement d’un conflit sectaire alimenté par les puissances européennes, américaines et russes, toutes en compétition pour gagner en influence dans la région. A cela s’ajoute encore l’intervention de puissances régionales, à l’instar de l’Iran et ses alliés du Hezbollah du côté du régime d’Assad. L’Arabie Saoudite et la Turquie interviennent quant à elles du côté des factions rebelles majoritairement sunnites.

Par Sami El-Sayed. Article initialement publié en octobre de cette année sur socialistworld.net

Le nombre de décès va croissant

A ce jour, le nombre de morts est estimé à plus de 400.000 personnes, des pertes essentiellement civiles tombées en conséquence des impitoyables tactiques du régime d’Assad soutenues par la puissance militaire russe, des frappes des puissances occidentales et des exactions des forces islamistes réactionnaires, dont l’État islamique. L’attention médiatique internationale concentrée sur les exécutions massives et les tactiques terroristes de l’Etat islamique évite de mentionner le soutien financier et logistique fourni aux groupes terroristes islamiques par le gouvernement turc d’Erdo?an de même que leur financement et leur armement par l’Arabie saoudite et d’autres États du Golfe.

La guerre syrienne, qui a débordé dans l’Irak voisin, de même que l’incapacité des États-Unis à s’imposer chez ses alliés de Turquie et d’Arabie saoudite illustrent l’affaiblissement croissant de l’impérialisme américain. Les rebelles prétendument «modérés» soutenus par l’impérialisme américain n’ont pas réussi à s’imposer. Il n’a fallu que peu de temps après le déclenchement de la guerre pour que le Front al-Nosra (organisation liée à Al-Quaïda) et l’Etat Islamique parviennent à poser le pied en Syrie et en Irak.

L’histoire selon laquelle l’effondrement du régime d’Assad était imminent a vécu. L’intervention militaire directe de la Russie a beaucoup contribué à soutenir le régime et à consolider la position de l’armée syrienne, ce qui lui a donné du temps. Cela a donné plus de marge à la possibilité qu’Assad reste au pouvoir, sous une forme ou l’autre, dans le nouvel ordre qui émergera. Certains continuent à louer la nature dite «laïque» du régime d’Assad. Mais ce dernier a simplement continué la tactique utilisée par l’impérialisme français avant lui, celle de «diviser pour régner», en s’appuyant sur les minorités religieuses contre la majorité sunnite.

La destruction d’Alep

Rien ne dépeint la brutalité de la guerre autant que l’offensive actuelle du régime d’Assad contre les forces rebelles à l’est d’Alep. Actuellement, le régime a l’avantage militaire grâce au soutien de l’armée de l’air russe qui appuie ses propres attaques aériennes. Cela a conduit au bombardement d’écoles, d’hôpitaux et d’autres cibles civiles afin d’affaiblir le moral des défenseurs. Selon l’ONU, près de 400 civils ont été tués dans l’offensive d’Assad en septembre uniquement. La contre-offensive des rebelles pour soulager les forces assiégées à l’est de la ville a largement cessé. On s’attend à une sérieuse offensive contre les rebelles, bien que ce ne soit pas la première fois que de telles prédictions aient été faites sans par la suite être confirmées par les événements.

Ce conflit sanglant ne peut être résolu sur la seule base de la force militaire. Si l’un ou l’autre des deux camps parvient à pousser militairement l’autre à la défaite, pourra-t-il vraiment s’accrocher à son territoire? La possibilité est réelle que la guerre aboutisse à une impasse sectaire où certains territoires dominés par les chiites et d’autres groupes religieux minoritaires seraient contrôlés par le régime tandis que le reste du territoire serait contrôlé par diverses factions sunnites rebelles.

Aucune solution n’existe à ce conflit sur base de la domination de l’impérialisme, du capitalisme et du système des grands propriétaires terriens dans la région. Cet ordre économique et social ne peut que conduire à un futur conflit et à une pauvreté et une division sectaires plus profondes encore.

Une classe ouvrière puissante existe dans des pays tels que l’Iran, la Turquie et l’Egypte. Elle peut jouer un rôle décisif pour contester le règne des régimes capitalistes de la région, comme ceux d’Assad, d’Erdo?an et d’autres dictatures pourries. Allié aux pauvres et aux opprimés, un tel mouvement a la capacité de mener une lutte pour que les vastes ressources et richesses de la région soient sous propriété publique et que l’économie soit démocratiquement planifiées afin de répondre aux besoins de tous. Une forte alternative de la classe ouvrière doit être construite pour qu’une telle vision socialiste du Moyen-Orient puisse se réaliser.

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