Avec un peu de chance avez-vous déjà eu l’occasion de lire le tract de la tête de liste du PS pour les européennes, Jean-Claude Marcourt. Sous le joli titre "Nos valeurs ne sont pas côtées en Bourse… Nos actions profitent à tous !", ce tract illustre que le PS est bien plus fort pour les slogans que pour les revendications. De belles paroles pour masquer un contenu extrêmement flou qui, c’est marrant, aurait presque pu être écrit par l’un des disciples de Reynders… On fait le test ?
Passé la brève présentation de l’actuel Ministre régional wallon de l’emploi, de l’économie, du commerce extérieur et du patrimoine, par ailleurs également conseiller communal à Liège, le tract commence vraiment : "Je suis de gauche et socialiste." Remplaçons cela par "réformateur et libéral", et voyons si ça marche…
"Parce que revendiquer clairement cette double conviction, c’est s’opposer à tout modèle politique terne." Pas besoin de changer, tout le monde s’y retrouve. Qui irait se réclamer d’un modèle politique terne?
"Contrairement à ce que dit et fait la droite, être de gauche c’est vouloir le progrès humain d’abord par rapport à toutes les autres valeurs !" Là, c’est simple, il suffit d’intervertir gauche et droite (comme c’est souvent d’usage au PS…) et Didier ou un autre peut le dire. Aucun parti ne dira qu’il est contre le progrès humain… Pour l’instant, ce tract ressemble plus à un texte-type à adapter légèrement en fonction du parti qu’à un véritable tract. On continue?
"Etre socialiste, c’est affirmer qu’il existe au moins une autre manière de percevoir, de penser et de construire la réalité sociale. C’est croire en un idéal sans cesse renouvelé." Bon, hop, on met libéral ou réformateur à la place de socialiste et c’est tout bon.
"Il est grand temps que les politiques, de tous bords soient, animés par des ambitions plus nobles et plus vastes que leurs ambitions personnelles!". Là, rien à changer.
Dernier paragraphe : "Si l’on veut construire durablement une société solidaire digne de ce nom, il faut revenir à une gauche socialiste capable d’imaginer le monde autrement en se basant sur des actions concrètes" Plutôt que de revenir à une gauche socialiste capable d’imaginer quelque chose, le libéral en mal d’inspiration copiera en disant "revenir à un libéralisme social" s’il est partisan de Louis Michel et que Reynders l’énerve, "renforcer un libéralisme capable (etc.)" dans le cas inverse. Ceci dit, en affirmant qu’il faut revenir à une gauche socialiste, monsieur Marcourt admet qu’on en est parti depuis un bout de temps.
Viennent ensuite quelques thèmes : "(salaires, pensions, sécurité sociale, santé, protection face à la globalisation, services publics, régulation de l’économie, changement climatique, éducation, culture,…)." Il faut admettre qu’un libéral aurait tourné les choses autrement, mais très sensiblement seulement. Cette énumération ne nous donne rien de précis à se mettre sous la dent, il ne nous reste que nous souvenirs pour imaginer ce que cela pourrait donner… avec les pensions par exemple.
La dernière fois que le PS s’en est occupé, c’était mémorable ! Mais si, souvenez-vous, 2005, le Pacte des Générations et ces deux journées de grève générale (et même une troisième dans la ville de Jean-Claude Marcourt)… mais la mobilisation des travailleurs n’avait en rien empêché le PS de voter en faveur de cette attaque. Son camp, le PS l’a choisi.
Cherchons du concret…
… et pour cela, il faut autre chose que ce tract. Sur le site du PS, on peut lire que le leitmotiv de Marcourt pour les européennes sera "Une économie plus juste, une Europe plus humaine". Encore une fois, quel parti dirait le contraire? Des phrases creuses, encore ?
Le PS affirme "non au capitalisme débridé et oui à l’économie de marché régulée". C’est devenu le terme à la mode, "régulation". Après la "Obama night", le PS organisera probablement une "Regulation night", soirée où les alcools seront à coup sûr plus forts que les mesures du PS pour "proposer un nouveau projet de société, à l’échelon européen." (à lire encore sur le site du PS, comme ce qui suit).
Le PS admet déjà qu’il y a un problème dans l’économie et c’est déjà ça parce que le PS s’était fait assez avare de critiques ces dernières années. Pour les critiques, les choses ont changé, mais l’avarice se fait encore sentir au niveau des mesures concrètes. A croire que les déclarations du PS sur la "crise libérale", loin d’être révélatrices d’une franche indignation, sont juste des petits mots bouffis d’électoralisme et d’opportunisme.
Le PS veut "revenir à une économie réelle, créatrice d’investissements et d’emplois". Il n’y a pas si longtemps, on pouvait encore entendre Laurette Onkelinx, par exemple, affirmer haut et fort que les diminutions de taxes pour les entreprises créaient de l’emploi… On ne l’y reprendra plus maintenant (face aux caméras en tout cas), mais l’esprit derrière de telles déclarations pro-patronales est resté. Explications.
Pour le PS, la régulation c’est : la création d’une autorité de surveillance européenne, d’une agence publique de notation des crédits, d’une agence de certification des produits financiers diffusés en Europe, d’un cadre communautaire pour l’enregistrement et l’agrément d’entités qui contrôlent les investissements des fonds alternatifs ou des fonds de capital-investissement (reprenez votre souffle), etc. En bref, tout un tas d’agences et de cadre de surveillance. De la poudre aux yeux. Rien de plus.
Il faut arrêter de rire. On parle de la crise économique la plus importante depuis les années ’30, et nous n’en sommes encore qu’au début. Et comment le PS veut-il s’en prendre aux responsables et éviter pareille catastrophe à l’avenir (on ne parle même pas encore ici de réparer les dégats)? Simplement en créant des agences de surveillance. Comment les journalistes peuvent-ils laisser passer un truc pareil?
Un nouveau parti des travailleurs est nécessaire !
Pour les travailleurs, le PS n’est pas moins pire que les autres partis. Son rôle de frein sur les directions syndicales en fait un pilier crucial pour chaque attaques pro-patronale d’ampleur.
Ajourd’hui, une des tâches du mouvement des travailleurs est de construire son propre parti, un parti qui puisse être le prolongement politique des luttes et non pas la cible de celles-ci comme l’est souvent le PS. Cette nécessité redeviendra un grand point de discussion dès quele gouvernement sortira son plan d’austérité budgétaire les élections et les vacances passées.
En attendant, le Parti Socialiste de Lutte veut populariser cette idée, et c’est la raison pour laquelle nous avons proposé à plusieurs formations de déposer une liste commune. Si le PTB a refusé, nous sommes arrivé à un accord avec la LCR pour les européennes (liste LCR-PSL) et encore avec le Parti Communiste et le Parti Humaniste pour une liste aux régionales à Bruxelles (liste PC-PSL-LCR-PH).
Soutenir ces initiatives, de même que les listes du PSL aux régionales à Mons, Nivelles et Liège, c’est renforcer cette idée d’une nouvelle force politique large véritablement du côté des travailleurs.
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