En Irlande, 19 militants sont actuellement menacés d’être condamnés à la suite d’une série de procès politiques. Parmi eux se trouve un député (Paul Murphy, Anti Austerity Alliance) ainsi que trois conseillers locaux de l’Anti-Austérity Alliance. L’establishment irlandais a subi une défaite dans la lutte contre une taxe visant à en finir avec la gratuité de l’eau, il cherche maintenant à se venger des dirigeants du mouvement de contestation. La solidarité internationale avec les accusés et les protestations contre ces procès politiques qui débuteront en avril sont très importants. Voici ci-dessous quelques explications ainsi qu’un exemple de lettre de protestation à envoyer en Irlande.
Protester n’est pas un crime ! Jobstown not guilty
Dix-neuf militants sont actuellement aux prises avec une série de procès suite à leur implication dans l’une des centaines d’actions opposées à l’introduction d’une taxe sur l’eau en Irlande. Au cours de l’une d’entre elle, une action spontanée de novembre 2014, la voiture de la vice-Première ministre Joan Burton a été bloquée durant deux heures et demi. Des centaines de riverains avaient saisi l’occasion de sa venue dans leur quartier pour exprimer leur colère contre cet impôt qui s’ajoutait à toutes les mesures antisociales adoptées depuis la crise.
Depuis lors, l’un des manifestants, un mineur âgé de 15 ans au moment des faits, a été reconnu coupable de « séquestration ». Il semble que ces procès visent à faire un exemple tout en essayant de criminaliser les militants dans la perspective de futures mobilisations.
L’un des accusés est le député Paul Murphy, élu au parlement irlandais au point culminant de la lutte contre la taxe sur l’eau en tant que candidat de l’Alliance Anti-Austérité (AAA), une des organisations activement impliquées dans la lutte contre ce nouvel impôt aujourd’hui suspendu en raison des mobilisations. Tout d’abord assistant parlementaire de Joe Higgins, élu au Parlement européen en 2009, il a remplacé ce dernier lorsqu’il a remporté un siège au Parlement irlandais en 2011. Paul a notamment été membre du bureau du groupe confédéral de la Gauche unitaire européenne / Gauche verte nordique. Il a participé à l’organisation de la solidarité avec de nombreuses causes internationales, notamment avec les luttes du mouvement des travailleurs grecs contre les Memoranda européens. En 2011, Paul Murphy a aussi participé à la « Flottille de la Liberté » qui visait à apporter des médicaments aux Gazaouis. L’armée israélienne avait pris d’assaut le navire à bord duquel il se trouvait et il fut arrêté et détenu, de même que plusieurs autres activistes. Il est le seul député européen à avoir séjourné dans les geôles israéliennes.
Non à la criminalisation de la protestation
Nous avons aussi vu en Belgique diverses tentatives de criminaliser les protestations, notamment en restreignant le droit de grève. Lors de la grève nationale appelée par la FGTB le 24 juin 2016, le secrétaire de la Centrale Générale Bruno Verlaekt avait été arrêté tandis qu’une impressionnante force de police avait brisé un à un les quatre piquets de grève organisés par la centrale générale dans la zone portuaire. Les politiciens de droite ne manquent pas de projets de loi visant à éroder le droit de grève. D’autre part, ces dernières années, les Sanctions administratives communales (SAC) ont sévèrement réduit la liberté d’action des jeunes et des activistes.
La société néo-libérale est sous pression, sa seule réponse est l’intimidation et la criminalisation des mouvements sociaux naissants. Cela doit servir d’avertissement aux futurs activistes.
Cette tendance est internationale, nous devons y répondre internationalement également sous le slogan «an injury to one is an injury to all».
Les procès des activistes de Jobstown peuvent constituer un important précédent. Nous redoutons des condamnations de plusieurs mois et même plusieurs années d’emprisonnement. Ce ne serait pas une nouveauté. En 2003, des militants avaient déjà été emprisonnés un mois en Irlande pour avoir organisé des manifestations. Cette affaire représente un test important pour le gouvernement. Elle déterminera dans quelle mesure ce dernier pourra continuer à faire payer la crise aux masses. En Irlande et à l’étranger, elle déterminera dans quelle mesure les activistes pourront repousser ces attaques.
Que pouvez-vous faire ?
Vous trouverez ci-dessous un modèle de lettre de modèle protestation internationale à utiliser si vous estimez que le droit de protester, arraché par la lutte internationale du mouvement des travailleurs, est un des droits démocratiques les plus fondamentaux et qu’il doit être défendu en conséquence. Vous pouvez également faire parvenir cet appel à la solidarité à vos connaissances.
Envoyez votre lettre à
Frances Fitzgerald TD, Deputy Prime Minister and Minister for Justice and Equality, Ireland
Dept. of Justice and Equality
51, St. Stephen’s Green, Dublin 2, D02 HK52, Ireland
Phone: 00353 1 602 8202
Email: minister@justice.ie
Avec une copie à
JobstowNotGuilty : jngcampaign@gmail.com
Socialist Party info@socialistparty.net
Pour plus d’informations :
- Brochure explicative consacrée aux accusés de jobstown et à la lutte contre la taxe sur l’eau (en anglais).
- www.jobstownnotguilty.com
[Date]
Exemple de lettre de protestation
[Nom, Prénom]
[Fonctions (éventuellement)]
[Adresse Email]
Frances Fitzgerald,
Dept. of Justice and Equality,
51, St. Stephen’s Green,
Dublin 2,
D02 HK52
Ireland
Phone: +353 1 602 8202
Email: minister@justice.ie
Chers Vice Premier Ministre et Ministre Fitzgerald,
J’ai pris connaissance de la condamnation d’un étudiant de 17 ans pour séquestration de l’ancien Tanaiste Joan Burton TD. J’estime que cette condamnation ainsi que le fait que 18 autres personnes doivent être jugées l’année prochaine pour avoir protesté contre la taxe sur l’eau dans la communauté de Jobstown à Tallaght (Dublin) sont des erreurs judiciaires honteuses.
Les actions de sit-in qui mettent en retard des politiciens font partie de la structure des droits démocratiques que la population a gagnée au cours des ans. Cette affaire est une très grave atteinte au droit de protester de la part de l’État et du système judiciaire irlandais. Il s’agit d’une « recette pour le totalitarisme», comme l’a expliqué l’avocat de l’étudiant déjà jugé, de même qu’une criminalisation des protestations et des communautés ouvrières.
Il est scandaleux que des gens puissent subir de longues peines de prison et qu’un parlementaire démocratiquement élu puisse être renvoyé du Parlement. Je demande que la condamnation du jeune de 17 ans soit annulée et que les accusations contre les 18 adultes inculpés soient immédiatement abandonnées.
[Signature]