Contre le PS, la droite, et le FN : la candidature Mélenchon peut-elle permettre de construire une opposition?

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Fin octobre, un minuscule 4% des gens étaient satisfaits de l’action de Hollande. Aux yeux de millions de travailleurs, le PS a définitivement changé de camp, se révélant comme ce qu’il est bel et bien : un parti tout entier dévoué aux intérêts économiques et politiques de la classe des riches.

Par Cécile Rimboud, Gauche Révolutionnaire (CIO-France)

La maison de « gauche » brûle : le PS va perdre toutes les prochaines élections, et l’entêtement du PCF et d’EELV a continué à chercher en lui un partenaire électoral, les feront suivre le même chemin. La crise politique de la base au sommet est gigantesque. Une opportunité énorme existe pour construire une nouvelle force politique des travailleurs et des jeunes. Les millions d’entre nous qui n’en peuvent plus de cette politique de corrompus au service des banquiers et des actionnaires, de la répression, du sexisme et du racisme… ont besoin d’une voix politique pour discuter de la lutte pour une nouvelle société, débarrassée de la misère et de l’exploitation.

Une locomotive Mélenchon ?

Clairement, à gauche, en l’absence d’un Besancenot ou d’un candidat issu des luttes, il n’y a pas mille possibilités. La candidature de Mélenchon et de la « France insoumise » est de fait déjà centrale. Dans les sondages, et ce n’est pas peu de chose, il bat Hollande systématiquement. Comparé à 2012 à la même période, il comptabilise déjà le double des intentions de vote. Dans les discussions avec les travailleurs et les gens ordinaires, Mélenchon est celui dont les idées sont le plus débattues.

Dans sa campagne sont d’ores et déjà impliqués des militants et militantes, étudiants, syndicalistes… comme par exemple Lionel Buriello, délégué CGT d’ArcelorMittal. La campagne ne devra pas être seulement électorale mais devra servir de point d’appui et de relais pour les luttes : le rouleau compresseur capitaliste n’attendra pas avril 2017 lui. Ainsi, il est très positif que parmi les dix premiers points programmatiques de celle ci figurent l’abrogation de la loi « Travail », et l’augmentation du SMIC et des salaires. Il est également très positif que Mélenchon ait appelé à soutenir les Goodyear et se soit rendu à Amiens le 19 octobre pour leur procès.

Un espace suffisamment démocratique ?

Sur le fond politique, il devra y avoir des débats. Certaines choses se clarifieront « en marchant », d’autres ne pourront pas faire l’objet d’un consensus. Particulièrement sur le rôle qu’ont à jouer les travailleurs et leurs luttes. En effet, la référence régulière de Mélenchon au « peuple souverain » ne vaut que si on considère que les capitalistes et leurs valets ne font pas partie de ce peuple. Et que c’est bien la classe des travailleurs, à laquelle s’allieront la jeunesse et les couches populaires, qui permettra de changer cette société. Mais même avec ces désaccords, il faut comprendre la dynamique. Ce sont plus de 900 personnes venues de partout qui ont fait le déplacement pour participer les 15 et 16 octobre à la « convention de la France Insoumise », dans une ambiance très fraternelle et ouverte. Le fait que nous y ayons participé, en tant que Gauche Révolutionnaire, était pris comme une très bonne nouvelle, et nos tracts appelant à aller vers une force politique de masse contre le capitalisme étaient bien accueillis.

Renforcer le programme

Le discours de Mélenchon était très argumenté, que ce soit sur la planification de l’économie, le droit de vote à 16 ans ou la défense des services publics. Il a même pu revenir sur les erreurs qui avaient été faites, comme sur les travailleurs détachés où Mélenchon parlait de ne plus les laisser « rentrer sur le territoire ». Or ce qu’il faut dire (et ce qu’il a réaffirmé) c’est que quiconque travaille en France doit avoir le même salaire et les mêmes conditions de travail que les travailleurs français.

Nous pensons que face à l’anarchie capitaliste qui exploite et détruit les travailleurs et la planète, il faut, oui, planifier l’économie. Mais cela ne sera possible que si on nationalise – sous le contrôle démocratique des travailleurs et de la population – l’ensemble des grands secteurs de l’économie. La proposition de création d’un « pôle public bancaire » ne suffit pas. Ce qu’il faut c’est un organisme de crédit unique par la mise en propriété publique de l’ensemble du secteur financier (banques, assurances…). Ces discussions peuvent être posées et avancées avec des millions de travailleurs et de jeunes qui regardent vers la candidature Mélenchon. Il ne s’agira pas de mettre les divergences de côté mais bien de voir si la campagne Mélenchon permet de faire un pas dans la reconstruction d’une véritable force politique de lutte contre le capitalisme.

C’est bien cela, la question qui est posée par la situation et le potentiel est là. Saisissons nous en!

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