Obligée de prendre la fuite à 16 ans à cause d’une menace d’expulsion

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Djellza a 16 ans. Née en Belgique, elle y a passé toute sa vie. Mais elle a tout de même été arrêtée avec son père pour être expulsée vers le Kosovo, un pays qu’elle n’a jamais vu et dont elle ne connait rien, pas même la langue. Elle a pris la fuite juste avant d’être embarquée vers l’aéroport de Zaventem. Il est tout à fait scandaleux qu’une jeune fille de 16 ans doive se cacher pour éviter d’être expulsée. L’affaire a fait grand bruit, surtout en Flandre. Les comparaisons avec Anne Franck, qui a dû se cacher durant la deuxième guerre mondiale, n’ont pas manqué.

Sur les réseaux sociaux, Djellza s’est expliquée: “Je suis une jeune fille de 16 ans et j’habite dans ce pays depuis 16 ans. La Belgique, c’est ma maison. Je n’ai jamais été au Kosovo et je ne connais pas la langue. Qu’est-ce que j’ai fait de mal?” Le secrétaire d’Etat à l’asile et à la migration Theo Francken a subtilement réagi en reportant la faute sur les parents: “C’est dommage que cette mineure soit victime du comportement irresponsable et illégal des parents, mais il est impossible de faire une exception.” Il n’a pas daigné réagir aux critiques. L’éminent médecin Marc Van Ranst (Katholieke Universiteit Leuven) l’a accroché sur Twitter: “qu’est-ce que tu obtiens en l’expulsant, à l’exception d’un gratouillement brun à la place où normalement tu devrais avoir un cœur?” Theo Francken a brièvement commenté : “Homme dérangé’’.

Pourtant, en 2013, Theo Francken lui-même avait défendu une exception pour les enfants demandeurs d’asile en Belgique depuis 5 ans minimum, ‘‘contribuant activement à la société’’ et n’ayant jamais disparu plus que trois mois des radars de l’Office des Etrangers. Il avait défendu cette approche suite à la menace d’expulsion du jeune plombier afghan Navid Sharifi en 2013. Selon le Théo Francken de 2016, celui de 2013 est un ‘‘homme dérangé’’.

Il est inacceptable qu’une jeune fille de 16 ans doive se cacher de la sorte. Cela ne fait que confirmer le caractère profondément antisocial de la politique d’asile belge. Des centaines d’enfants sans-papiers se trouvent dans une situation similaire.

La problématique ne fait d’ailleurs que prendre de l’ampleur. Unicef a annoncé qu’au niveau mondial, près de 50 millions d’enfants fuient leur pays. La moitié de tous les réfugiés sont des enfants. En 2015, 45% de tous ces enfants provenaient de Syrie et d’Afghanistan. L’an dernier, 100.000 “mineurs non accompagnés” avaient demandé l’asile dans 78 pays, trois fois plus qu’en 2014. En Belgique, cela concerne 3.100 enfants. Ces enfants et adolescents sont les proies de différents trafics d’êtres humains, comme l’ont illustré les révélations autour de l’esclavage d’enfants de réfugiés dans des usines en Turquie.

Nous défendons la régularisation de tous les sans-papiers. La crise des réfugiés, d’autre part, ne peut être résolue qu’avec la fin de la politique de guerre et de pillage inhérente au capitalisme et à l’impérialisme.

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