Les protestations croissantes bloquent le CETA. Continuons le combat contre la dictature des multinationales!

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Le jeudi 20 octobre en soirée, avant même la fin de l’ultimatum de la Commission européenne, la presse internationale apprenait que le gouvernement wallon réitérait son opposition au Ceta (le traité de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada). Sans cette approbation, c’est tout le projet qui vole à la poubelle. Et peut-être même plus… Inquiet, le président du Conseil européen Donald Tusk a fait valoir que ‘‘Le Ceta pourrait être notre dernier accord commercial si nous ne parvenons pas à convaincre les gens que nous négocions pour protéger leurs intérêts’’. La cheffe de l’Open-VLD Gwendolyn Rutten a trouvé une parade digne des libéraux en recopiant l’opinion du Voka (organisation patronale flamande) : ‘‘Le gouvernement fédéral doit approuver le Ceta. Et si cela conduit à une crise institutionnelle, tant pis.’’

Par Nicolas Croes

Qu’est ce qui bloque ?

Commentant les négociations de dernière minute avec l’Union européenne et le Canada, Paul Magnette a expliqué au parlement wallon qu’il y avait ‘‘de nouvelles avancées significatives (…), notamment sur le dossier agricole. En revanche, il reste des difficultés pour nous, en particulier sur le dossier de l’arbitrage’’ (visant à déterminer l’issue de conflits entre Etats et multinationales) mais aussi concernant les services publics. Autre source de crainte légitime : le Ceta pourrait servir de ‘‘cheval de Troie’’ du TTIP, l’accord de libre-échange entre les USA et l’UE, dans la mesure où des entreprises américaines pourraient profiter du CETA via une filiale canadienne.

Alors, pas d’accord concevable ? La seule possibilité serait, aux dires du ministre-président de la Région wallonne, de ‘‘rouvrir les négociations d’un traité qui est en train de se découdre de lui-même. Il faut prendre quelques semaines de plus pour analyser un traité qui va avoir énormément d’influence sur la vie de millions de citoyens, et ce pendant de très nombreuses années.’’ Dans le Soir de ce vendredi 21 octobre, une source désireuse de garder l’anonymat expliquait : ‘‘Quand on y pense, il est vertigineux de voir ce que la Wallonie a pu obtenir en quelques jours alors qu’elle répète son insatisfaction depuis plus d’un an. Raison de plus pour ne pas faiblir.’’ Jusqu’à parvenir à un compromis ? Cela reste à voir. Mais le gouvernement wallon semble bien décidé à ne pas céder.

Non, sérieusement, qu’est ce qui bloque ?

Dans La Libre, Corentin de Salle, directeur scientifique du Centre Jean Gol (MR), n’a pas manqué de saluer (non sans une certaine rage) le ‘‘long travail de sape (…) redoutablement efficace’’ et le ‘‘travail de propagande d’une admirable efficacité’’ des ONG, groupes de consommateurs et de petits producteurs, syndicats et organisations politiques. Cela, avec la pression électorale exercée par le PTB (devenu dans les sondages le 3e parti de Wallonie et de Bruxelles), aurait permis de pousser le PS et le CDH à opérer un virage étonnant au vu de leurs passivité passée face à l’Union européenne et son projet néolibéral. ‘‘Un chat coincé dans un coin peut faire des bonds étranges’’, comme on dit en Flandre. C’est vrai. Mais cela va beaucoup plus loin.

En septembre dernier, 320.000 personnes ont manifesté en Allemagne contre le TTIP et le CETA. Là-bas, seuls 20% de l’opinion est favorable aux traités de libre-échange. En France également, ces projets ne recueillent pas d’unanimité. En Belgique, alors que les précédentes mobilisations réunissaient autour du millier de personnes, plus de 10.000 personnes ont défilé à Bruxelles le 20 septembre. En Irlande, en Autriche, en Slovénie ou encore en Pologne, l’opposition de la rue se reflète également dans la frilosité de diverses institutions pourtant traditionnellement enthousiastes dès lors qu’il s’agit de chouchouter les intérêts des multinationales. Rappelons aussi qu’une pétition européenne a réuni plus de 3 millions de signatures, chose inédite jusqu’ici.

Bien peu de gens sont convaincus que nous vivons réellement dans une démocratie. Mais le peu de conquêtes démocratiques que les luttes passées sont parvenues à arracher nous sont retirées les unes après les autres. Et la colère augmente. Ce qui s’est passé autour de ce dossier – que le gouvernement wallon plie finalement ou non – donne un aperçu du potentiel d’un activisme conséquent et de la mobilisation de l’opinion publique. C’est un encouragement pour construire une mobilisation sérieuse vers un rapport de force qui nous permettra non seulement d’en finir avec les traités néolibéraux mais aussi avec leur monde.

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