Les opportunités de la crise

Avec les derniers développements de la crise économique capitaliste, l’ambiance médiatique générale est anxiogène. Fort de ce constat, certains médias ont décidé de prendre le contre-pied de la morosité ambiante et de voir la crise comme une opportunité…

Par Alain (Namur)

Le Soir a publié plusieurs articles sur le thème : c’est la crise, tant mieux. Ce thème iconoclaste se voulait dépasser le négativisme généré par les mauvaises nouvelles qui tombent chaque jour du front économique. Pour exemple, le FMI a revu encore à la baisse ses prévisions de croissance pour la Belgique : de -1,9% la prévision est passée à -2,5% et la banque ING annonce -2,7%… Cela signifie que le déficit budgétaire qui s’établissait à 12 milliards d’euros va encore augmenter. Malgré cela, le Soir a présenté une vision résolument optimiste basé essentiellement sur les discours de managers du type : derrière chaque situation quelle qu’elle soit, il y a une opportunité… On ne peut qu’être déçu de la faiblesse en termes de contenu des dossiers présentés. À lire les articles, on comprend que le choix éditorial a été effectué par des personnes qui n’ont pas peur de perdre leur emploi ou de voir leur condition de vie se dégrader.

Mais les autres médias n’ont pas été en reste, RTL-TVI a actuellement une campagne «RTL-positive» qui vise à promouvoir des gens qui font « charité » autour d’eux ou qui par leurs actions mettent un peu de lumière dans ce sombre monde.

Nous n’avons bien entendu rien du tout contre la solidarité. Mais la charité a ses limites. Il est plus que temps pour la classe ouvrière de s’organiser parce que vivre de charité, ça ne rempli ni bien, ni éternellement le frigo. Il faut dès à présent organiser une marche nationale pour l’emploi afin de résister à la tentative de la bourgeoisie de nous faire payer la crise. Mais cette lutte, les médias acquis au système n’en veulent pas.

C’est sympathique de la part de la presse de tenter de nous remonter le moral, ajoutons tout de même néanmoins un petit bémol à cette altruisme médiatique…

Dans son livre : On achète bien les cerveaux, la publicité et les média, Marie Bénilde nous apprend qu’en 10 ans, les dépenses publicitaires ont augmenté de 10 milliards d’euros (chiffre pour la France). En Belgique, le budget annuel pour la publicité est de 9 milliards d’euros. Le secteur de la communication est souvent le premier poste de dépense des entreprises après les salaires. Il est salutaire de se rappeler en cas de doute cet extrait de discours de Patrick Le Lay qui était en 2004 PDG de TF1 : «A la base, le métier de TF1, c’est d’aider Coca-Cola à vendre son produit(…). Or pour qu’un message soit perçu il faut que le cerveau du téléspectateur soit disponible (…). Ce que nous vendons à Coca-Cola, c’est du temps de cerveau humain disponible».

Avec les découvertes récentes sur le cerveau humain et le développement de l’imagerie cérébrale, le neuromarketing a pu faire des bons en avant. Ceci a un impact direct sur les contenu des médias quel qu’il soit. Afin de rendre son "produit" attractif, le média qui vend des espaces publicitaires doit faire attention à « l’environnement programme ». Afin de préparer le cerveau humain à la réceptivité, il faut privilégier les contenus et les formes qui surexpriment l’émotion cela afin de ne pas mettre en éveil le côté rationnel qui pourrait nuire à la réception du message publicitaire. Sans que cela soit affirmé de manière irréfutable, les études menées à ce sujet, conduisent à penser que lorsqu’un individu est placé dans un contexte émotionnellement positif il est plus réceptif au message publicitaire.

C’est là que les bonnes intentions sont démasquées. La campagne de RTL comme celle du Soir sont une aubaine pour les annonceurs, en effet un message positif est placé à des endroits stratégiques : entre le journal et la météo pour la télé et dans les premières pages pour le Soir. Cela met le consommateur potentiel dans de bonnes conditions pour absorber le message publicitaire.

Cette manière de procéder du monde publicitaire et des médias ne peut que mériter notre mépris, cela justifie d’autant plus le besoin d’une presse et de médias des travailleurs. Cela pose aussi la question de la recherche scientifique. En effet allons-nous laisser les magnifiques découvertes de la science aux mains du secteur privé ? Il faut que la recherche scientifique bénéficie à l’ensemble de la population et pas le contraire. Il faut donc mettre l’entièreté ce secteur sous contrôle public.

Les élections européennes et régionales vont être l’occasion de discuter largement de ces thèmes et de populariser l’idée d’un nouveau parti des travailleurs qui serait le relais des aspirations de la classe ouvrière. Ce parti aurait comme première tâche de défendre les intérêts et la vision de notre classe contre tout ceux qui voit la crise comme un moyen de s’enrichir encore et encore sur nos dos.

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