ING. Un bénéfice de 588 millions au 1er semestre 2016. Et un nouveau carnage social

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Pour les actionnaires des banques, les choses vont à merveille. C’est beaucoup moins le cas pour le personnel et les clients. Les quatre grandes banques ont réalisé 3 milliards d’euros de bénéfices durant le premier semestre de cette année: 1,1 milliard pour KBC, 1 milliard pour BNP Paribas Fortis, 588 millions pour ING et 252 millions d’euros pour Belfius. Au cours du second trimestre 2016, ces bénéfices pourraient être encore plus élevés, la taxe bancaire étant en effet presque entièrement réalisée lors du premier semestre. Pourtant, des milliers d’emplois sont menacés et il est parallèlement annoncé que les clients auront à payer plus pour moins de services. Pourquoi ? Pour les profits.

3500 emplois menacés chez ING

L’an dernier, ING avait réalisé un demi-milliard d’euros de profits, somme déjà dépassée dans la première partie de cette année uniquement. Et pourtant, un bain de sang social particulièrement sévère vient d’être annoncé : près de la moitié du personnel doit dégager. Les bénéfices devront encore augmenter avec la moitié du personnel en moins.

Deux tiers des agences devraient également fermer leurs portes. Les agences indépendantes et celles de sa filiale Record Bank seraient destinées à être intégrées dans un réseau de 650 agences essentiellement indépendantes au lieu des 1200 actuelles d’ING et de Record Bank. 3.500 emplois devraient disparaître sur les 8.100 emplois d’ING-Belgique et les 600 de Record Bank. Internationalement, il s’agit de 7000 postes menacés sur les 52.000 employés d’ING. La moitié de ces pertes devraient s’effectuer via des départs volontaires, l’autre moitié par licenciements secs. Dans les deux cas, le résultat est le même: des emplois décents disparaissent pour les générations futures.
La raison derrière cette restructuration, ce n’est pas que l’entreprise est en perte. C’est que les profits sont insuffisants selon la direction. Au vu du nombre de services bancaires aujourd’hui disponibles en ligne par PC ou smartphone, il est en outre plus facile de réduire fortement la prestation de service. Pour la direction d’ING, les personnes âgées et toutes celles qui ne savent pas maîtriser les nouvelles technologies comptent pour du beurre.

Les bénéfices sont principalement consacrés aux actionnaires. Le PTB a révélé qu’au cours de ces dix dernières années, 7,2 milliards d’euros ont été versés aux actionnaires en dividendes sur les 10,9 milliards d’euros de bénéfice. La banque a également été en mesure de soustraire 1,9 milliard d’euros des impôts via le mécanisme de la Déduction des intérêts notionnels. Son taux d’imposition moyen est de 12,5%. Cela donne un nouveau sens au terme de ‘‘braquage’’. Une fois de plus, l’idée selon laquelle les allègements fiscaux conduisent à de nouveaux investissements et à de nouveaux emplois prend du plomb dans l’aile. Seuls les actionnaires comptent. Quant à la collectivité, c’est elle qui paye le prix des baisses d’impôts et elle doit en plus subir les effet d’un bain de sang social.

“Des services plus chers sont inévitables ”

Les quatre grandes banques ont réalisé 3 milliards d’euros de bénéfices durant le premier semestre de cette année, mais 3 milliards d’euros de bénéfices sur un semestre, c’est visiblement insuffisant. Max Jadot de BNP Paribas Fortis a déclaré : “Des services bancaires plus chers sont inévitables.” Il explique que les banques “du fait des taux bas, doivent chercher d’autres revenus”. Il a ainsi déjà été décidé d’augmenter les frais de dossiers pour les nouveaux crédits hypothécaires de 350 à 500 euros et lors d’une révision, ils sont même doublés et passent à 700 euros.

Les banques ne se limiteront sans doute pas à des services généralement uniques, comme les crédits pour l’achat d’une maison. Les frais pour les comptes à vue ou les cartes de crédit sont également dans le viseur. Le nombre de filiales diminue et nous devons faire de plus en plus d’opérations bancaires nous-mêmes via des automates ou l’ordinateur alors que les frais que pour ces opérations ne font qu’augmenter. L’objectif est clair : faire plus de bénéfices.

Le ministre Kris Peeters a indiqué qu’il voulait soumettre les frais de dossier à des règles. “Je comprends que les gens ne voient pas pourquoi les banques font des bénéfices d’un côté et que de l’autre, les frais augmentent”, a-t-il déclaré. Mais il est loin d’être sûr que le fait qu’il comprenne soit suivi d’effets. Ce gouvernement de droite roule pour les grandes entreprises et les super riches qui ne veulent pas qu’on touche à leurs dividendes et bénéfices.

Le secteur bancaire ne peut augmenter ses bénéfices en allant en dessous du taux légal minimum. En augmentant les frais, dans la pratique, ce taux est baissé, et ce, avec une taxe identique pour tout le monde : celui qui emprunte 150.000 euros pour une modeste habitation doit payer autant en plus que celui qui peut se permettre une grosse villa. L’augmentation des frais pour un compte à vue signifie que celui qui doit faire des efforts tous les mois pour rester au-dessus de zéro devra payer autant que les super riches. Non pas que la suppression du taux minimum légal serait une avancée, car alors nous paierions rubis sur l’ongle pour pouvoir confier nos petites économies aux banques.

Enfin, il est dit que la régulation du secteur bancaire est un problème. Apparemment, les banques ne peuvent pas fonctionner de manière sûre, elles ont besoin que l’avidité des actionnaires les poussent à prendre les plus grands risques. Les spéculateurs peuvent bien jouer, à la collectivité d’éponger les pertes ?

Nationalisation des banques !

Nous voyons chez ING la même chose que chez Caterpillar: une entreprise rentable est responsable d’un bain de sang social pour satisfaire sa soif de profits. Toute l’argumentation gouvernementale concernant les incitations fiscales pour créer de l’emploi n’est qu’un vaste mensonge. Les actionnaires profitent de ces avantages pour augmenter les dividendes et elles n’hésitent ensuite pas le moins du monde à balancer leurs employés à la porte. Les seuls emplois créés aujourd’hui sont peu payés et super-flexible. Les emplois bien rémunérés et relativement stables disparaissent. Le progrès technologique actuel n’est pas utilisé pour faire progresser la société mais pour imposer une profonde régression sociale au nom du profit.

Lorsque les banques se sont retrouvées au bord de l’abîme après avoir joué au casino et s’être compromises dans toutes sortes de spéculations, les autorités ont dû intervenir et certaines banques ont même été nationalisées. Mas la gestion des banques est quand même restée aux mains de cette même clique de banksters. L’idée était de faire passer les pertes à la collectivité pour assurer que les bénéfices futurs remplissent à nouveau les poches des actionnaires privés.

Il a toutefois été démontré qu’il est bel et bien possible de nationaliser les banques. Pourquoi donc ne serait-ce pas possible aujourd’hui pour éviter un bain de sang social? Mais alors, ne nationalisons pas pour laisser les commandes aux mêmes banksters : c’est au personnel du secteur, aux syndicats et à la collectivité en général de prendre le contrôle de l’administration pour faire tourner les choses de manière démocratique.

Peut-être bien qu’ING sera suivie par d’autres banques. Les licenciements à grande échelle frappent aussi le secteur des assurances. Comme nous l’avons fait remarquer dans l’édition d’octobre de Lutte Socialiste au sujet des pertes d’emplois chez Axa et P&V: «Assurances, crédit, banques,… sont trop importants pour être laissés à l’appât du gain du secteur privé. Pourquoi ne pas placer l’ensemble du secteur sous contrôle démocratique de la collectivité ? Le secteur des assurances pourrait alors faire porter les catastrophes et dégâts collectivement sans que des spéculateurs et autres actionnaires en tirent des profits toujours plus grands. Les banques pourraient fournir des crédits bon marché et rendre des services à la collectivité. »

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