Brésil. Le coup d’Etat politique contre Dilma Rousseff sert les intérêts de la droite ! Temer doit dégager !

fora_temer_mtst

Le Brésil traverse la plus profonde crise politique de son histoire récente. Le 12 mai, une procédure de destitution a été lancée à l’encontre de la présidente Dilma Rousseff (Parti des travailleurs, PT). Le vice-président, Michel Temer (PMDB, démocrates conservateurs), l’a remplacée lorsqu’elle a été démise de sa fonction par le Sénat le 31 août. C’est ainsi que pris fin le règne de 13 ans du Parti des travailleurs (PT) à la tête du pays.

Par Emilie (Gand)

L’héritage du Parti des Travailleurs

Cette crise politique se déroule dans un contexte de profond malaise économique et social. L’économie brésilienne a chuté de 3,8% en 2015 et l’année 2016 devrait livrer des résultats similaires. L’inflation dépasse les 10%. Trois millions de personnes ont perdu leur emploi cette année. Il y a officiellement 11 millions de sans-emplois tandis qu’un quart de ceux qui ont un emploi ne gagne que le salaire minimum (240 euros par mois).

Jusqu’à l’an dernier, l’élite politique et économique était confiante envers les capacités de Dilma Rousseff de faire passer les réformes néolibérales jugées importantes par l’establishment. Dilma était donc censée promouvoir un agenda néolibéral à l’exact opposé de ses promesses électorales de 2014. Cette année-là, le PT avait remporté une victoire sur le fil (51,64%) illustrative non pas du soutien à sa politique mais bien plutôt du fait que la droite traditionnelle est toujours associée à la période de la dictature (1964-1985).

Tant que l’économie se portait bien, essentiellement grâce à l’exportation des matières premières, les moyens existaient, même de façon limitée, pour financer les programmes sociaux. Mais ces programmes d’aide sociale ont fondu comme neige au soleil ces dernières années. Dilma a trahi ses promesses électorales. Cadeaux fiscaux aux entreprises, attaques contre les conditions de travail et les salaires, projets de prestige très onéreux, Coupe du monde, Jeux olympiques, etc. : en peu de temps, Dilma est devenue la présidente la moins populaire de l’histoire du Brésil.

Dans ce contexte, les énormes scandales de corruption (impliquant surtout les partis de droite) et la poursuite en justice de différents ministres du gouvernement dans l’opération ‘Carwash’ (nom de l’enquête portant sur les scandales de corruption) ont eu un effet explosif sur l’opinion publique. Il est donc devenu de plus en plus périlleux pour le gouvernement de poursuivre sa politique d’austérité. Quand les grandes banques privées et l’organisation de l’Etat de Sao Paulo se sont publiquement exprimées contre la présidente, il est devenu clair que ses jours étaient comptés.

Dilma Rousseff a essayé jusqu’au dernier moment de convaincre la classe capitaliste que son gouvernement était capable d’imposer les réformes ‘‘nécessaires’’. Elle a instauré des mesures facilitant aux entreprises étrangères d’exploiter le pétrole brésilien, les dettes de l’Etat ont été renégociées et de nouvelles privatisations ont été lancées et une loi anti-terroriste qui ouvre la voie à la criminalisation des mouvements sociaux a été votée.

Temer, partisan de l’approche draconienne

La façon non-démocratique dont le gouvernement actuel est arrivé au pouvoir a suscité une large indignation dans la société. D’autre part, Temer et d’autres ont aussi été cités dans l’opération ‘Carwash’. Les prochaines élections doivent se dérouler en 2018. Temer ne compte pas s’y présenter, ce qui implique qu’il se moque des sondages. Il veut les coudées franches pour mener une politique néolibérale aussi dure que dévastatrice.

Dès le premier jour, le gouvernement Temer a annoncé une avalanche de réformes. Certains subsides de l’Etat dans les soins de santé et dans l’enseignement ont été abolis, l’âge de la pension a été augmenté, les procédures de licenciement ont été assouplies pour satisfaire les désirs des grandes entreprises,… Dès le premier jour également, il y a eu des manifestations de masse contre le coup d’Etat politique et contre les réformes annoncées. A Sao Paulo, plus de 200 écoles ont été occupées. Des mouvements de grève ont vu le jour chez les sous-traitants de Volkswagen et General Motors. Le ministère de la culture a été occupé par des artistes.

Le mouvement ‘Temer Out’ n’est pas pour autant une expression de soutien automatique à Dilma et au PT. Beaucoup d’activistes se demandent que faire après les trahisons du PT et le coup d’Etat politique de Temer. Le parti d’opposition de gauche PSOL (Parti du socialisme et de la liberté) a connu des hauts et des bas ces 15 dernières années. Il a parfois glissé vers le centre pour revenir à gauche sous la pression des mouvements de masse. Aujourd’hui, il fait face à une occasion historique. En octobre se dérouleront des élections communales et les sondages laissent penser qu’il pourrait arriver en deuxième position dans beaucoup de grandes villes.

L’organisation-soeur du PSL au Brésil, LSR (Liberté, Socialisme, Révolution) milite au sein du PSOL et y défend un programme socialiste et combatif. Au sein du mouvement ‘Temer Out’, elle a soutenu l’idée d’organiser de nouvelles élections et ses militants œuvrent à l’unification des différents mouvements sociaux contre Temer et ses attaques néolibérales.

Partager :
Imprimer :

Soutenez-nous : placez
votre message dans
notre édition de mai !

Première page de Lutte Socialiste

Votre message dans notre édition de mai