Le chômage explose, les revenus de Mr. Mittal aussi

Si, malgré la crise et le chômage, vous espérez mener la belle vie et palper rapidement quelques millions d’euros, il semble que le plus simple est d’acheter un billet à l’Euromillion. Vous devriez plutôt essayer de devenir patron d’ArcelorMittal. Même si tout s’écroule autour de vous, vous pourriez quand même empocher 500 millions d’euros en 2009.

Par Jean Peltier

Le secteur de l’acier a été un des premiers secteurs industriels touchés par la crise. La production mondiale avait atteint un record historique de 1,3 milliards de tonnes en 2007 et il semblait possible de l’égaler en 2008… jusqu’au moment où les effets de la crise financière ont atteint de plein fouet l’industrie. Depuis lors, la demande est en net recul et la production en chute libre : – 25% en décembre dernier. Partout, les grands groupes sidérurgiques mettent leurs entreprises une après l’autre au ralenti ou carrément à l’arrêt. En moyenne, des outils qui frôlaient la surchauffe il y a encore huit mois ne tournent plus en moyenne qu’à 50% de leurs capacités.

Si aujourd’hui ArcelorMittal n’a encore planifié aucune fermeture définitive en Belgique, tous les investissements sont gelés et la direction a décidé d’accélérer l’application du plan « Speed Up » qui doit permettre d’épargner 250 millions d’euros. Ici comme ailleurs, la vraie question est : qui va payer ? Et la réponse des patrons d’ArcelorMittal n’est évidemment pas différente de celle des autres patrons.

La première fournée de mesures a été la mise au chômage technique partiel de milliers d’ouvriers, des plans de départs volontaires pour les employés (puisque ceux-ci ne peuvent pas être mis au chômage technique, au grand déplaisir des patrons), l’arrêt des recrutements et le non-renouvellement des contrats temporaires. Pour ces travailleurs et leurs familles, et pour tous ceux qui travaillent dans la sous-traitance, ces mesures signifient des pertes de centaines, voire de milliers d’euros pour l’année.

Pendant ce temps, ArcelorMittal continue à soigner ses actionnaires. En 2008, ils avaient reçu 7 milliards de dividendes. Ils n’en recevront en 2009 que 1,2 milliard d’euros… dont 500 millions pour le grand patron Lakshi Mittal qui possède à lui tout seul 44% des actions de son groupe. Charité bien ordonnée commence par soi-même…

Pourquoi les travailleurs devraient-ils accepter que des entreprises payent des dividendes aux actionnaires quand des dizaines de milliers de travailleurs doivent se serrer la ceinture? Et que l’Etat continue à accorder des cadeaux fiscaux de tous ordres à des entreprises qui licencient à tour de bras tout en continuant à engraisser des actionnaires ? Voilà de bonnes questions à poser – si possible rapidement et dans la rue.

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