Le Conseil d’État a rendu un avis qui prend position sur la question d’une restrictions des indemnités de licenciement des top managers. Les parachutes dorés auraient dû être limités à 18 mois salaire maximum. Pour un salaire annuel d’environ 1 million d’euros, cela reste bien entendu beaucoup… Mais le Conseil d’État estime que cette limitation serait discriminatoire ! La différence salariale entre le sommet des entreprises et les salaires ordinaires ne doit-elle alors pas être elle aussi considérée comme discriminatoire?
Dans toutes les discussions qui ont pris place sur le pouvoir d’achat, le patronat n’a eu de cesse de répéter qu’il n’y avait pas d’espace pour donner quoi que ce soit aux travailleurs. La dégradation de notre pouvoir d’achat a été à juste titre considérée comme très choquante au regard des salaires des topmanagers et de leurs primes de licenciement en or. Le patronat s’était déclaré préparé à limiter les parachutes dorés, mais l’initiative législative en cette direction a fini en eau de boudin. Le Conseil d’État suit maintenant la logique patronale et affirme qu’il est question de discrimination!
Quant on parle de ces fameux parachutes dorés, les topmanagers appartiennent soudainement à la catégorie des “employés”. Il n’y est pas possible de restreindre la prime de licenciement à un certain nombre de mois de salaire. Mais le problème n’est pas qu’un topmanager reçoive 20 mois de salaire lors de son licenciement, c’est le montant qui est en question. C’est là que se situe la différence entre les topmanagers et les employés ordinaires: les salaires au sommet ont fortement augmenté ces dernières années alors que de notre côté, on attend encore.
Limiter les parachutes dorés doit se faire en limitant la tension salariale, en diminuant la différence entre les salaires les plus élevés et les plus faibles. Si cette tension salariale était par exemple réduite à une relation de un sur quatre (pour que le salaire maximal soit quatre fois plus élevé que le salaire minimal), beaucoup de topmanagers deviendraient peut-être partisans d’une augmerntation du salaire minimum…
Enfin, le mouvement ouvrier doit faire usage de ce Conseil pour pointer du doigt la discrimination entre les employés et les ouvriers. Une compensation de licenciement pour un ouvrier n’est pas calculée en mois, mais en semaines. Ces travailleurs sont donc discriminés, la législatio pour le licenciement des employés doit être appliquée également aux ouvriers. Nous sommes curieux de voir comment l’argument de discrimination sera mis de côté dans une telle discussion…