Dans cette partie nous expliquons les racines de la crise économique actuelle. Pourquoi l’Etat Providence, qui a tout de même été un tel succès, n’a plus été tenable? Comment la bourgeoisie a-t-elle changé sa politique économique et a posé les bases des économies de ‘bulles’? Nous concluons cette partie en décrivant les mesures avec lesquelles la bourgeoisie espère pouvoir s’en sortir ainsi que le caractère maniacodépressif qui a également caractérisé la bourgeoisie à l’approche de la grande dépression de 1929. Finalement, nous parcourons la réaction du mouvement des travailleurs sur le plan mondial.
Texte de perspectives du Congrès National DU PSL/LSP. Ce texte a été écrit durant l’été.
Les racines de la crise – la valeur du travail
30. Notre courant a caractérisé la période qui a suivi la crise de ‘73 – ‘75 comme une dépression. Tout le monde n’entend pas la même chose par « dépression » et la signification a en plus changé avec le temps. (1) Nous utilisons la description de Friedrich Engels dans son introduction au Capital: une longue période de stagnation ou de déclin économique caractérisée par un chômage structurellement élevé. Dans son livre Capitalism Unleashed, Andrew Glynn a publié un graphique comprenant les taux de chômage en Europe, au Japon et aux USA entre 1960 et 2004 (2). Aussi bien en Europe qu’au Japon, le taux de chômage entre 1960 et 1975 est resté stable autour de 2%. À partir de ’75, il a quadruplé en Europe pour atteindre 8% au milieu des années ’80 et 10% au milieu des années ’90. Il a diminué par la suite, mais pas au point de retourner au niveau d’avant la crise. En 2007, le chômage européen a atteint provisoirement le point le plus bas de 7,4%. Au Japon, le chômage a grandi constamment à partir de ‘75 pour atteindre 5% en 2000, après quoi il a diminué jusqu’au point le plus bas de 3,8% en 2007 mais en mai 2008, il avait de nouveau augmenté jusqu’à 4,1% (3). Aux USA, le chômage est passé entre ’62 et ’70 de 6% à moins de 4% et a alors augmenté vers presque 10% en 1982. Après une forte diminution jusqu’à moins de 4% début 2000, le taux de chômage s’élève aujourd’hui à 6,1%.(4)
31. C’est toutefois surtout la diminution du taux de profit et la tendance systématique à la surproduction qui a annoncé la dépression. Sous la pression d’une concurrence sans cesse plus forte, les capitalistes ont été obligés d’installer des machines toujours plus performantes devant être amorties toujours plus rapidement. Les machines, les bâtiments et les matières premières sont appelées capital fixe par Marx parce qu’ils transfèrent leur valeur au produit fini sans ajouter de valeur supplémentaire. Dans le cas des matières premières, ce transfert de valeur est parfois même physiquement perceptible, mais la valeur des bâtiments de l’entreprise et des machines passe de la même manière peu à peu vers le produit fini. Le capitaliste calcule la location qu’il paye pour les lieux d’exploitation et les bâtiments, tout comme il calcule l’amortissement des machines et l’achat des matières premières dans le prix du produit fini.
32. La valeur des machines et des bâtiments est déterminée, tout comme celle des matières premières, par la moyenne de la quantité de temps de travail socialement nécessaire exigé pour les produire. Si le producteur de matières premières, le propriétaire de l’entreprise et le fournisseur des machines donne un prix plus haut que la valeur moyenne de temps de travail socialement nécessaire pour produire ses marchandises, alors il ne trouve pas d’acquéreur, à moins qu’il ne dispose d’une position de monopole ou qu’il soit arrivé avec ses concurrents à établir un cartel. Mais si, volontairement ou sous la pression d’un grand client, il décide de donner un prix en dessous de la valeur, alors il pourra fermer ses livres de compte après quelque temps ou souffrir de pauvreté. Le prix peut aussi être troublé par un afflux spéculatif de moyens financiers grâce auxquels il dépasse temporairement la valeur réelle. Nous avons ici en fait à faire avec une perturbation, une quantité d’argent qui ne correspond pas à la quantité de marchandises existante et mène inévitablement à un saut inflationniste ou une diminution de la valeur de l’argent.
33. Dans sa théorie de la plus-value, Marx explique que le secret de l’exploitation capitaliste réside justement dans le fait que le travailleur ne vend pas le résultat de son travail, mais sa capacité à travailler, sa main d’œuvre. Le salaire, le prix payé pour cela par le capitaliste, a été déterminé socialement et concorde avec la valeur de la moyenne de la quantité de main d’œuvre exigée pour entretenir le travailleur et sa famille selon les normes sociales ainsi que pour se reproduire. Avec le terme de salaire, nous voulons bien entendu parler du prix total de la main d’œuvre, le salaire brut, en comptant aussi le salaire perçu sous la forme de contributions sociales et de charges patronales. Pour le capitaliste, il faut organiser les processus de production de telle manière que le travailleur mette à disposition sa force de travail plus longtemps que de besoin pour gagner son salaire. Durant le temps qui reste, le travailleur fournit un travail non-rémunéré ou plus-value. (5) La main d’œuvre est l’unique force de production qui produit plus de valeur que la sienne pour le produit final. C’est pour cela que Marx appelle la main d’œuvre le capital variable. La relation entre la quantité de travail non-rémunéré, ou plus-value, et la quantité de travail payé, ou capital variable, exprime le taux d’exploitation.
34. Le capitaliste n’est toutefois pas spécialement intéressé par le taux d’exploitation, mais bien par la relation entre son rendement, la plus-value, et son investissement total, capital fixe et variable ensemble. Il n’arrête pas de nous rappeler que nous ne pouvons pas nous imaginer combien il a dû investir avant qu’il n’ait pu lancer la production. Et effectivement, sous la pression de l’irrationnel et non planifié capitalisme de la libre concurrence, le pauvre capitaliste est obligé d’investir une partie toujours plus grande de son capital dans le capital fixe ce qui lui laisse moins pour le capital variable, le capital créateur de valeur. Selon les termes de Marx: la composition organique du capital, la relation entre le capital fixe et le capital variable, se modifie à l’avantage du capital fixe, qui ne crée pas de valeur. Résultat : la quantité de plus-value réalisée par unité de capital investi, ce que Marx appelle le taux de profit, à une tendance continuelle à la baisse (6). En outre, l’immense majorité de la population a, justement parce que le capitalisme est basé sur le travail non-rémunéré, des revenus insuffisants pour consommer toutes les marchandises produites. Les capitalistes sont insuffisamment nombreux pour absorber cette abondance, pour autant qu’ils soient eux-mêmes déjà disposés à consommer les déchets qu’ils produisent pour nous.
L’essor et la chute de l’Etat-providence
35. Cela semble paradoxal, mais justement à cause de la force du mouvement ouvrier, cela n’a pas produit de grands problèmes jusqu’au début des années ’70. Pendant l’âge d’or, de 1950 à 1975, les pays capitalistes développés ont connu une croissance annuelle de 4,9%, ce qui est au moins le double de chaque période précédente. On a produit pendant un quart de siècle plus que pendant les trois quarts de siècle précédents. Dans les pays capitalistes développés, entre ’65 et ’73, les salaires réels ont augmenté de 3,5% par an en moyenne, un taux plus élevé que celui de la productivité, qui augmentait annuellement de 3,2%.(7) En dix ans, les salaires en Belgique ont été multipliés par cinq, ce qui correspondait pour les salaires horaires réels à une croissance de 110% entre 1960 et 1970. (8) Pour les 19 pays de l’OCDE, l’allocation moyenne a augmenté de 28% du salaire moyen en 1960 à 35% en 1974 et à 43% en 1979. (9) La politique économique dominante, le keynésianisme qui a conduit à ce qu’on nomme l’Etat-providence, était axée sur la stimulation de la demande, ce qui devait éviter de futures récessions. (10) Les augmentations importantes de salaire, d’allocation et de dépenses publiques, tant pour des services que pour les infrastructures, ont constitué les forces vives pour l’application de nouvelles techniques de production visant à la production de masse.
36. Ces facteurs mêmes qui avaient tant stimulé la croissance et avaient permis que le capitalisme semblait se dépasser lui-même, tôt ou tard, devaient précisément entrer en conflit avec les limites du capitalisme, devaient se renverser en leur contraire dialectique et devaient freiner chaque développement suivant. (11) Or, la bourgeoisie ne pouvait pas se convertir à tort et à travers à une autre politique économique, partiellement par crainte de la réaction du mouvement ouvrier, partiellement parce qu’elle ne n’en était pas encore sortie elle-même. Pendant 6 ans elle a cherché une alternative adéquate mais entre-temps, la politique économique keynésienne a continué, ainsi que les problèmes que celle-là apportait, comme la stagflation, la combinaison d’un ralentissement de croissance économique et d’une inflation galopante et des dettes publiques en hausse.
La lutte pour le redressement du bénéfice – les monétaristes reprennent les affaires
37. Paul Volcker, le président de la Federal Reserve américaine entre août ’79 et août ’87, disait après coup que ‘l’acte individuel le plus important du gouvernement dans la lutte contre l’inflation, a été la défaite de la grève des aiguilleurs du ciel’.(12) Cela a permis au président des Etats-Unis de l’époque de créer les conditions pour la conversion d’une économie de la demande vers une économie de l’offre. Désormais, on ne lutterait plus contre les récessions en stimulant la demande, le pouvoir d’achat, mais en stimulant les producteurs à travers des réductions d’impôts. Reagan était disciple de la « courbe de Laffer » qui estime que la perte des rentrées suite à la réduction d’impôts est amplement compensée par les rentrées supplémentaires qui font suite à la stimulation économique. A la vérité, sous le règne de Reagan, la dette publique des Etats-Unis a augmenté de 700 à 3.000 milliards $. (13) Ce que la grève des aiguilleurs du ciel a été pour les Etats-Unis, la grève des mineurs de mars ’84 à mars ’85 l’a été pour la Grande-Bretagne et d’une certaine manière pour toute l’Europe; si Reagan était devenu champion de la bourgeoisie des Etats-Unis, la dame de fer Thatcher l’était pour la bourgeoisie européenne.
38. Reagan et Thatcher étaient tous les deux adeptes du monétarisme. Entre ’79 et ’82 le gouvernement Thatcher a augmenté le taux d’intérêt réel de -3% à +4%. (14) Ce ne sont pas seulement les emprunts qui sont devenus plus chers, mais en plus la livre britannique est devenue beaucoup plus coûteuse, ce qui constituait un désavantage pour l’exportation. Le chômage a sauté de 5% en ’79 à 11% en ’83. Le président de la Fed, Volcker, aujourd’hui considéré comme celui qui a refoulé la stagflation, a copié cette politique et a poussé l’intérêt réel entre ’79 et ’83 d’un intérêt légèrement négatif à +5%. Le chômage a grimpé de 5% en ’79 à 10% en ’82, mais en même temps l’inflation a diminué de 13% en ’80 à 3% en ’83. En bref : on avait enfin découvert la méthode et rassemblé la volonté politique pour répercuter la crise sur les travailleurs et leurs familles. Bientôt, la politique monétariste allait devenir la politique économique dominante dans tous les pays capitalistes développés.
39. Reagan, Thatcher, Volcker et d’autres personnages-clés de l’application et de la capacité à faire accepter des recettes monétaristes n’avaient sûrement eux-mêmes pas prévu jusqu’où leur politique mènerait. Ils avaient lancé une attaque contre les acquis des travailleurs. Le chômage massif avait créé une armée de travailleurs de réserve qui allait bientôt être utilisée pour faire pression sur les salaires et les conditions de travail. La législation du travail devait être assouplie ou supprimée. C’est ce qu’on a appellé la libéralisation, officiellement ‘la libération du travail des limitations nuisibles’ nous dirions plutôt ‘la liberté d’exploiter la main-d’œuvre’. L’intervention de l’Etat était considéré comme indésirable et le « laissez-faire » économique devait finalement conduire à un effet trickle-down (effet de ruissellement) de sorte que, selon eux, les plus pauvres puisse en profiter également. Entre-temps, les services publics ont été assainis ou, dit plus joliment, « responsabilisés ». Ils sont devenus des entreprises autonomes au lieu de services. On les a ainsi préparé aux privatisation, autre caractéristique du néolibéralisme.
40. Par l’intermédiaire de l’introduction de la flexibilité, on a diminué le travail nécessaire, le travail nécessaire à payer l’achat de main d’œuvre (les charges salariales), et on a renforcé la plus-value ou la quantité de travail non payée. La flexibilisation des contrats de travail, l’introduction du travail à temps partiel, des contrats temporaires ainsi que du travail intérimaire et étudiant ont fait en sorte que les pics de production étaient fournis de façon flexible et que le capitaliste n’était plus obligé de maintenir un certain nombre de travailleurs excédentaires pendant les moments non productifs. L’introduction du travail en équipe et des systèmes continus ont offert la possibilité que les machines soient utilisées à 100% durant leur « cycle de vie ». La surélévation du rythme de travail, soit en accélérant les machines, soit en appliquant des « techniques de management » qui éliminent des moments perdus, comme les pauses pipi, ont fait partie du processus de production de même que l’organisation de la concurrence entre filiales d’une même entreprise pour s’emparer des commandes suivantes. Toutes ces mesures visaient au rétablissement du taux de profit, la quantité de profit par quantité de capital investi.
La lutte pour le rétablissement du taux de profit – le secteur financier se gonfle
41. La chute du stalinisme et l’arrivée soudaine et massive de main d’œuvre disponible pour l’exploitation a énormément renforcé le néolibéralisme. La menace de la délocalisation pour arracher des conditions plus favorables pour les patrons existait déjà auparavant, mais cela a largement été renforcé avec la proximité de l’Europe de l’Est d’abord, le développement des pays émergents ensuite, et la possibilité des transferts de données via l’internet. Le secteur financier, surtout, a profité de ces nouveaux développements. Les méthodes de production modernes exigent une recherche toujours plus spécialisée et plus chère, des investissements toujours plus importants qui doivent être amortis sur des durées toujours plus courtes. Cela nécessite la mobilisation d’importants capitaux qui ne rapportent pas toujours immédiatement. Avec la technologie de pointe en matières financières, on a réussi à mobiliser des quantités toujours plus grandes de capital, souvent aussi celui qui était auparavant « endormi ». Ainsi, on est de plus en plus passé, pour les régimes de pensions, à des systèmes de répartition, avec lesquels les employés actuels payent les retraites des retraités actuels, vers des systèmes de capitalisation, avec lequel un capital est constitué, duquel la retraite sera payée. (15) Morgan Stanley estime que les caisses de retraite, le deuxième pilier fiscalement favorisé chez nous, gèrent un actif d’environ 20.000 milliards $.
42. Le secteur financier a connu un élargissement phénoménal, surtout aux Etats-Unis. En 1982, les sociétés financières fournissaient moins de 5% du total des bénéfices des société après impôts ; en 2007, c’était déjà 41%. Leur part dans la valeur ajoutée a augmenté également, mais beaucoup moins vite, de 8% à 16%. Cela signifie que les marges de bénéfice dans le secteur financier étaient proportionnellement plus fortes que dans le reste de l’économie. (16) Comment est-ce possible? La cause fondamentale a été l’affaiblissement du taux de profit dans la production réelle. De plus en plus de détenteurs de capitaux ont préféré les investissements spéculatifs aux investissements coûteux dans la production réelle. La croissance des investissements est sans cesse retombée dans tous les pays capitalistes développés depuis la fin des ans ’60. Cette chute n’est que partiellement compensée, pour moins de la moitié, par ce qu’on nomme les économies émergentes. (17)
43. La rentabilité des sociétés non-financières s’est stabilisée ou a baissé dans tous les pays capitalistes développés. (18) A partir du milieu des années ’80, elle a toutefois connu un rétablissement progressif, aussi bien en Europe qu’aux Etats-Unis. Cela n’était toutefois pas basé, comme dans les années ’60, sur une forte progression de la productivité. (19) Au contraire, c’était principalement une conséquence d’économies brutales, de fortes réductions d’impôt pour les sociétés et d’une plus grande contribution qu’ordinaire de la consommation des particuliers à la croissance, sur base de l’argent bon marché. Aux Etats-Unis, le taux de profit après impôts s’est rétabli jusqu’au niveau des années ’60, mais ce n’était presque uniquement que suite aux cadeaux fiscaux donnés aux entreprises. Cela ne s’est pas accompagné, à l’exception d’une relance éphémère à la fin des années ’90, d’une progression des investissements. (20) Au contraire, les énormes profits, conséquence de l’augmentation du taux d’exploitation et d’un transfert des moyens collectifs vers les entreprises, n’ont pas été utilisés de façon productive, mais surtout spéculative.
Economie de « bulles »
44. La globalisation a conduit à la suppression de toute restriction sur la liberté de circulation de l’argent. La vitesse de cette circulation a fortement augmenté avec la technologie. Le capitalisme n’a déjà depuis longtemps plus rien à voir avec le calvinisme. L’idée de reporter la consommation d’aujourd’hui pour investir les moyens économisés afin d’augmenter la production future, et donc de pouvoir ainsi consommer plus à l’avenir, était déjà à l’époque de Marx, considérée comme un pur produit de l’imagination. Marx a décrit comment au sein du capitalisme ce n’est plus la production de marchandises qui est le but du processus de production – pour pouvoir consommer plus – mais bien l’accumulation de capital. (21) Les marchandises n’ont plus constitué l’objectif final de la production mais seulement un moyen de rassembler du capital. La bourgeoisie, dans sa cupidité, a de temps en temps été tellement loin que l’accumulation future était mise en danger. Ainsi, Friedrich Engels a décrit comment la bourgeoisie anglaise a risqué d’épuiser les générations futures en envoyant des enfants de moins de 10 ans dans les usines et les mines.(22) L’excellent film sur Pieter Daens basé sur le livre de L.P. Boon nous montre que la bourgeoisie belge au début du siècle précédent vivait un délire semblable. La globalisation financière a un élément de déprédation similaire. La santé des sociétés, de secteurs entiers, de collectivités entières ainsi que de leur entourage doivent céder à la réalisation de profits à court terme.
45. Les fonds d’investissement, les caisses de retraite, les sociétés d’investissement, les sociétés d’assurance, les fonds d’Etat, les fortunes privées etc. sont continuellement à la recherche de rendements élevés. Ils se sont d’abord jetés sur les pays émergeants asiatiques, où des produits bon marché sont fabriqués à faibles salaires pour l’exportation vers l’occident. Les populations agricoles ont été expulsées de leur terre et des unités de production ultramodernes ont été implantées dans des villages guères développés. Cela s’est accompagné d’un boom immobilier, généralement financé avec des emprunts dont le remboursement ne poserait aucun problème compte tenu des bénéfices futurs. Au moment où la production s’est heurtée aux frontières du marché, les économies et leurs monnaies se sont écroulées comme des châteaux de cartes. Les autorités ont dû intervenir et la population a payé la facture. Beaucoup de pays ont vu chuter leur monnaie, dont la Malaisie, la Thaïlande, la Corée du Sud, le Mexique, le Brésil, la Russie et d’autres encore.
46. L’afflux de capitaux s’est alors redirigé vers les « valeurs sûres » d’Europe et des Etats-Unis. Cela a entraîné la « passion dotcom », la mode des actions dans les technologies de l’information et de la communication. Des entreprises qui n’avaient jamais réalisé de bénéfices ont vu leurs actions grimper à des valeurs qui n’avaient rien à voir avec la réalité. Le phénomène « asset-inflation », inflation de l’actif financier, s’est produit. Les comptabilités ont été embellies pour garder les actionnaires à bord, il suffit de penser aux scandales autour d’Enron, mais aussi de Lernout et Hauspie en Belgique. A ce moment-là déjà, l’exigence de plus de contrôle avait été stimulée. Mais la surveillance n’a toutefois pas pu empêcher l’éclatement de cette bulle en 2001. En accord avec la politique du gouvernement américain, la Federal Reserve a donc décidé de créer une nouvelle bulle en ouvrant plus franchement les vannes de manière à pousser la crise en avant. Le gouvernement a construit son « twin déficit » pour arriver à un déficit record sur la balance de paiement américaine de -805 milliards $ ou de 6,5% du PIB en 2005 et d’un déficit budgétaire qui a atteint en 2004, 4,7% du PIB. En même temps, la Fed a laissé diminuer les taux d’intérêt de 6,5% au début de 2001 jusqu’à 1,75% fin 2001 et 1% au milieu de 2003 jusqu’à la mi-2004. L’ex président de la Fed, Greenspan, avait reçu le surnom de « serial bubble blower » (faiseur de bulles en série) suite à cela.
47. Dans le texte de 2006, nous avons cité le FMI. Celui-ci citait comme raison de la croissance de l’époque «une coïncidence exceptionnelle… qui tenait en place l’économie mondiale ces dernières années.» Qu’était donc cette coïncidence ? «Principalement l’approvisionnement en argent bon marché. D’où ? Du gouvernement et de la Federal Reserve, mais cela n’aurait pas suffit. En outre, les budgets et les déficits commerciaux doivent être financés aussi quelque-part. La diminution des investissements a conduit à un surplus d’épargne auprès des entreprises qui a exercé une pression à la baisse sur le taux d’intérêt à long terme. En conséquence, et aussi avec l’effet que cela avait sur les prix des maisons et le patrimoine de famille, la consommation a augmenté.» Ecrivait-on en 2006. En bref : il s’agissait des énormes profits des entreprises qui n’étaient plus réinvestis dans la production, mais au contraire offerts comme emprunts bon marché. Les emprunts bon marché ont stimulé la demande des habitations et ont par conséquent fait monter les prix de maison.(23) Cela a à son tour eu l’effet d’augmenter énormément les secondes hypothèques ou hypothèques de crédit, des emprunts basés sur l’augmentation de la valeur des habitations, ce qui était une pratique courante, surtout aux USA.
48. C’était un moyen parmi d’innombrables autres d’inciter les travailleurs américains et leurs familles à dépenser non seulement leur salaire présent, mais aussi celui à venir. Et au plus les choses semblent aller bien, au plus une tendance à la prise de risque se développe. Ainsi des personnes « insolvables » ont commencé à obtenir des emprunts. Des emprunts de consommateur, mais aussi des hypothèques « NINJA », des hypothèques accordées aux personnes sans revenu, sans travail et sans actif (No Income, No Job, no Assets). Les emprunts « subprime » ont aussi souvent été utilisés, des emprunts avec un faible taux d’intérêt qui normalement augmente fortement après 2 ou 3 ans, dans l’hypothèse qu’entre-temps, grâce à l’augmentation de la valeur de la maison, il est possible de refinancer l’hypothèque originale avec un autre prêt aux conditions plus favorables. Le risque, pensait-on, peut être reparti en divisant l’emprunt en morceaux emballés dans des actifs, tellement qu’il ne reste presque aucun risque.
49. Quotidiennement ont été inventés des nouveaux instruments financiers toujours plus complexes, mais qui étaient en même temps une réflexion de la croyance naïve que la fête gratuite ne s’arrêterait jamais. Il n’y a pas que les consommateurs privés qui ont été stimulés pour acheter à crédit, cela a constitué une pratique généralisée des gouvernements pour financer les travaux publics avec les emprunts obligataires qui ont souvent été assurés par les « rehausseurs de crédit » ou des « monolines ». Les fonds de levier et d’autres ont fait des incorporations qui ont été financées avec de l’argent prêté pour plus de la moitié, le « Leveraged buyout » (rachat par levier) (24). Résultat : la consommation du gouvernement et des familles aux USA a été stimulée tout le temps, non pas sur base de revenus réels, mais sur base d’un niveau de dettes historiquement élevé. Les Etats-Unis importent un tiers de plus qu’ils ne produisent.
Le socialisme pour les riches
50. On ne peut pas continuer à faires des dettes, tôt ou tard quelqu’un doit payer la facture. Nous avons toujours été convaincus que si les Etats-Unis glissaient en récession, ils allaient entrainer le reste du monde. Des illusions telles que le “découplage”, l’idée que les divers blocs commerciaux seraient devenus des entités autonomes immunisées, ou du moins capables de résister, aux chocs dans les autres blocs commerciaux ont toujours été par nous considérés comme des fantasmes. Les Etats-Unis représentent 25% du produit mondial, trois fois celui du Japon qui est la deuxième économie sur le plan mondial, quatre fois celui de l’Allemagne, la troisième économie mondiale et la plus grande de l’UE-27. De plus, les Etats-Unis agissent depuis des années comme des “acheteurs de dernier recours” pour le reste du monde, le marché qui rachète tout ce que l’on ne peut pas vendre ailleurs. La consommation privée y représente pas moins de 72% du PIB et les autorités et les particuliers empilent les dettes. En 2007, les foyers aux Etats-Unis avaient en moyenne seulement 449$ d’épargne, un quart de celle de 2000 et une dette de 121.650$, presque le double de celle de 2000.
51. Cette situation ne pouvait pas durer. Les Etats-Unis devaient freiner les dépenses, mais de telle manière que la consommation ne retombe pas complètement. Dans le texte « Après un 2007 agité, vers un 2008 explosif », écrit en janvier 2008 pour nos Congrès de Districts, nous avons déclaré « Un exercice difficile mais dangereux ».(25) Entre juillet 2004 et juillet 2006, la Federal Reserve (Fed) a augmenté les taux d’intérêt 17 fois consécutivement de 1% à 5,25%, ce tarif a été retenu alors pendant un an.(26) La Fed a ainsi voulu combattre l’inflation sous-jacente, une conséquence de la stimulation systématique de l’économie avec l’émission d’obligations en dollars. L’idée que les banques centrales étrangères allaient vendre leur réserve en dollar, provoquerait une fuite hors du dollar et qu’un scénario comparable à celui des économies émergeantes asiatiques pourrait se produire mais alors aux Etats-Unis était une menace insupportable. Si le dollar perdait toute sa valeur, cela n’entrainerait pas seulement les Etats-Unis, mais toute l’économie mondiale dans une grande dépression. Eliminer ce scénario était une priorité absolue.
52. La saturation du marché immobilier et l’augmentation des taux d’intérêt ont finalement mené à des problèmes de paiement pour les nouveaux propriétaires. Nous avons déjà largement expliqué dans le texte « Après un 2007 agité, vers un 2008 explosif » les aspects techniques de la crise des hypothèques à grands risques et de son extension vers d’autres secteurs. Il n’est pas nécessaire de répéter tout cela. Nous voulons juste accentuer que les problèmes de paiement dans le secteur d’hypothèques à grand risques a été l’étincelle dans la poudrière, mais que les problèmes auraient tout autant pu se produire ailleurs. Du moment que la croissance poussée par les crédits avait atteint ses limites, tous les facteurs qui avaient contribué à cette croissance se transformaient dans leur contrepartie dialectique et devenaient des facteurs qui aidaient à approfondir la crise. L’icône de l’investissement Warren Buffet a récemment commencé à appeler la série interminable de nouveaux instruments d’innovation financière des armes de destruction massives financières. L’emballage de risque de paiement via la titrisation s’appelle dorénavant des bombes financières à sous-munitions. Au lieu de garantir la fiabilité des obligations, les rehausseurs de crédit entrainent avec la perte de leur crédibilité des millions d’obligations. On a été témoin d’un credit-crunch, un manque de moyens liquides, parce que les banques n’osaient plus accorder des prêts.
53. Les autorités ne pouvaient faire autrement que de rouvrir les vannes à argent : en août 2007 en mettant à disposition des centaines de milliards de crédit bons marché, en septembre en baissant le taux auquel la Fed met à disposition des institutions privées des prêts journaliers, le taux d’escompte, et finalement à la mi septembre en réduisant contre son gré le tarif fédéral, c’est-à-dire celui que les banques privées se chargent entre-elles pour des prêts journaliers. Le 10 aout 2007, De Tijd écrivait encore dans son édito : «Les problèmes de divers banques illustrent qu’il ne faut pas sous-estimer les conséquences de la crise hypothécaire américaine (…) Mais les fondements économiques restent forts, tant aux Etats-Unis qu’en Europe, le marché de l’emploi fort stimule le pouvoir d’achat des familles et la consommation. Beaucoup d’entreprises tournent à font et font des profits élevés. De plus, l’Europe est moins vulnérable pour les cabrioles de l’économie américaine.» Avec ceci, De Tijd était encore nuancé, d’autres journaux moins sérieux décrivaient la crise des hypothèques à grands risques comme une simple bagatelle. En bref, la majorité des commentateurs bourgeois n’avaient pas la moindre idée de ce qui était en train de se produire.
54. Depuis avril 2008, le taux d’intérêt de la Fed se retrouve de nouveau à seulement 2%, largement en dessous de l’inflation de 3% prévue pour cette année. (26) Nous avons donc de nouveau à faire avec un taux d’intérêt réel fortement négatif. De plus, le gouvernement américain a lancé un paquet de stimulation, de fait un remboursement des taxes, à valeur de 160 milliards de dollar pour stimuler la consommation. Les autorités japonaises ont du utiliser une mesure comparable fin aout 2008. Entretemps la Fed a du intervenir pour cofinancer la reprise de la banque d’affaire en difficulté Bear Stearns par JP Morgan. (27) Un mois plus tôt, le gouvernement du Labour britannique avait été obligé de nationaliser la banque Northern Rock parce qu’on ne trouvait pas de candidat de reprise. Northern Rock est un des plus grands émetteur d’hypothèques du RU, c’est en même temps une banque d’épargne, un assureur et une société de prêt. Le gouvernement avait repoussé systématiquement sa décision depuis septembre 2007 afin d’éviter de créer l’impression d’un retour au Old Labour.
55. La nationalisation a signifié que la dette totale de la Northern Rock, estimée en livres sterling, s’est ajoutée à la dette publique. Celle-ci a augmenté de 37,7% du PIB à 45% ! D’ici 2011, il est prévu de réduire d’un tiers les 6.000 emplois de la Northern Rock. En aout 2008, La Roskilde Bank a été nationalisée, la première nationalisation d’une banque au Danemark depuis 1993. Il ne s’agit évidemment pas de nationalisations de la manière dont nous les envisageons, au contraire, des banques sont assainies avec l’argent de la collectivité afin de revendre les parties rentables plus tard au secteur privé. Certains critiques appellent cela à juste titre le « socialisme pour les riches ».
Tentative d’exporter la crise
56. Nous sommes toujours partis de l’idée que si une récession se produisait aux Etats-Unis, ils essaieraient de l’exporter vers le reste du monde. C’est exactement ce qui s’est passé et ce qui semblait réussir initiallement. Cela s’est fait de diverses manières, parfois comme effet secondaire « innocent », parfois comme conséquence d’une politique consciente. Un de ces effets secondaires « innocents » a été le fait que les investisseurs fuiaient le marché immobilier vers des investissements plus sûrs, le marché des matières premières. Il y a donc eu en conséquence une forte augmentation du prix des matières premières ce qui a assuré à son tour un éparpillement de la crise à tous les coins du monde. Evidemment, les croissances de la Chine, de l’Inde et de quelques autres pays ont stimulés la demande, tant pour le pétrole et le gaz que pour la nourriture et d’autres matières premières. Il est vrai aussi que, surtout dans le secteur pétrolier et encore plus dans la production de nourriture, on a trop peu investit pendant des années. De plus en plus de produits alimentaires sont utilisés pour la production de biocarburants.
57. Mais ceci n’explique que partiellement pourquoi le prix du pétrole a doublé entre 2003 et 2006. Dans cette même période, la demande a connu une croissance de 7 millions de barils par jour. C’est encore moins une explication sur le fait que le prix du pétrole a de nouveau doublé, alors que la demande n’a cru « que » de 2,5 millions de barils par jour. L’élément qui a tellement fait accélérer l’augmentation des prix, qui a provoqué une forte inflection de la courbe, qui a transformé une croissance quantitative en une explosion qualitative du prix, a été le fait que de plus en plus de grandes institutions financières, de fonds de pensions, de fonds d’investissement, etc. se sont présentés sur le marché des contrats à termes pour les matières premières. Ils y ont « investi » des capitaux qui ont poussé les prix des matières premières à crever le plafond. Les matières premières semblent bien en route pour devenir la prochaine bulle, maintenant que celles de l’immobilier et du marché d’action se dégonflent. (28) La spéculation n’est certainement pas le seul facteur qui explique la montée des prix des matières premières. C’est plutôt le facteur qui manquait encore afin d’amener une série de données quantitatives au point où cela a conduit à un changement qualitatif et a fait pencher la balance. Un autre facteur « innocent » qui a fait que la crise a été exportée au reste du monde a été le fait que partout dans le monde des banques avaient investi dans des hypothèques à grand risque, ce qui fait qu’ils ont déjà perdu 500 milliards $ d’investissements.
58. La chute contrôlée, si pas mise en scène, du dollar était un essai conscient d’exporter la crise. C’était une bénédiction pour l’économie américaine et une malédiction pour le reste du monde. Le dollar faible, qui était lors du deuxième trimestre 2008, 11,6% meilleur marché que lors deuxième trimestre 2007 en comparaison avec les monnaies des six partenaires commerciaux les plus importants, a assuré une forte croissance de l’exportation américaine. Dans le deuxième trimestre, l’exportation était de 2,4% du PIB. Sans l’exportation, l’économie américaine n’aurait pas connu une croissance sur base annuelle de 1,9% mais un rétrécissement de -0,5%. Des 13 multinationales de la bourse du Dow Jones, le chiffre d’affaire sur le marché domestique au deuxième trimestre de 2008 a connu une baisse moyenne de -2,5%, alors que le chiffre d’affaire dans le reste du monde a connu une croissance moyenne de 15% Dans ce même trimestre, on est arrivé au constat effrayant que la zone euro (15 pays) a connu son premier rétrécissement, de -0,2%, depuis sa création. Les économies de l’Allemagne, de la France et de l’Italie ont toutes connues un recul. Les économies néerlandaise et espagnole y ont tout juste échappé. (29) La deuxième économie d’Europe, celle du RU, aurait connu une croissance de 0%, et reculerait selon l’OCDE tant au troisième qu’au quatrième trimestre de -0,3 et -0,4%. Le Japon a connu une forte baisse de -0,6%. Voilà pour le « découplage ».
59. Celui qui pensait pouvoir conclure que les Etats-Unis sortiraient du ravin économique et – illusion sous-entendue – sortiraient en même temps le reste du monde des sables-mouvants peut l’oublier. Il est vrai que les prix du pétrole et d’autres prix de matières premières ont reculé plus fortement qu’attendu. On dit que c’est à cause de la peur d’une récession et de la baisse de la demande qui l’accompagnerait. Le fait que les spéculateurs des matières premières ont vu la « bonne nouvelle » issue de l’économie américaine pour encaisser plus de gains est au moins aussi important. Ceci a encore été stimulé par le fait que le gouvernement américain avait laissé entendre qu’il n’allait pas délaisser les sociétés géantes en prêt hypothécaires Freddie Mac et Fannie Mae. S’il s’avère que l’économie américaine fonctionne quand même de manière plus mauvaise, la baisse des prix des matières premières peut être inversée dès que les investisseurs reprennent la fuite vers les contrats à termes des matières premières. Indépendamment de tout ça, l’ouverture des robinets financiers a assuré qu’à terme le dollar doit perdre encore beaucoup de valeur et que par conséquent l’inflation ne va pas s’évaporer tout de suite. Mais entretemps, le dollar a gagné en attractivité, non pas à cause de la force de l’économie américaine, mais à cause de la faiblesse du reste du monde et surtout les garanties de l’autorité la plus forte sur le plan mondial.
La bourgeoisie est maniacodépressive
60. En septembre, les autorités ont été obligées d’appliquer la plus grande nationalisation de l’histoire avec la prise en « conservatorship » (la mise en dépôt) de Freddie et Fannie. Les deux peuvent compter sur une ligne de crédit de chacun 100 milliards de dollar. Cela a mené à des réactions euphoriques sur les bourses : le gouvernement américain était prêt à se porter garant. Apparemment, on n’avait pas compris la gravité de la situation. L’autorité américaine ne peut se permettre ce type d’intervention de manière illimitée. Une chaine de faillite dans les secteurs financier serait même pour elle intenable. A peine quelques jours plus tard, on y était. La demande d’un accord juridique par Lehman Brothers afin de se protéger de ses créanciers a provoqué la panique. C’est une des plus anciennes entreprises de Wall Street, la troisième banque d’affaire du pays. L’action a chuté de 60$ en mai 2007 vers 3,45$ au moment de cette demande. Parallèlement, la plus grande banque d’affaire du monde, Merill Lynch, a été reprise par la Bank Of America afin d’éviter un scénario semblable à celui de Lehman Brothers. Par ailleurs, American International Group (AIG), le plus grand assureur américain en termes d’actifs, a demandé un crédit de 40 milliards de dollar à la Fed. AIG a été repris et recevait une ligne de crédit de 85 milliards de dollars.
61. La prétention que la Chine et plus particulièrement des pays du BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine) allaient pouvoir reprendre le rôle moteur de l’économie mondiale, a été écartée. La Chine a un PIB de presque la taille de celui de l’Allemagne, mais la consommation privée n’y représente pas 60%, seulement 30% du PIB. Ensemble avec l’Inde, la consommation y est de plus ou moins 1.600 milliards de dollars, presque autant qu’en France. De plus, la croissance chinoise s’explique principalement par le fait que la Chine est un peu la salle des machines du reste du monde. La Chine sera donc touchée par le rétrécissement hors de proportion de ses marchés d’exportation. Depuis octobre 2007, les actions à la bourse de Shanghai ont perdu deux tiers de leurs valeurs, le marché immobilier est en rétrécissement et la croissance de l’importation a fortement diminué, un signe que l’économie s’affaiblit. De plus, la Chine est de plus en plus confrontée à la compétition des pays voisins où les salaires sont encore plus bas. Ainsi, Adidas a décidé de se retirer à cause des salaires trop élevés.
62. Trotsky explique dans son «Histoire de la Révolution russe» que le matérialisme ne nie pas l’existence de conscience, de sentiments, et d’état d’esprit, mais les expliquent justement. Les mois précédents, nous avons vu changer de plus en plus vite l’état d’esprit d’économistes bourgeois, de politiciens et de journalistes, passant de l’euphorie à des crises de paniques. En psychologie, on a un terme pour cela : la maniacodépression. Il y a des précédents historiques, comme la situation de 1926 jusqu’au grand Crash de 1929. Dans une interview pour la chaine télévisée américaine ABC, Greenspan a expliqué les causes de cet état d’esprit : «Nous devons admettre qu’il s’agit ici d’un évènement qui ne se produit que une fois toutes les 50 années ou probablement même qu’une fois par siècle, il n’y a pas de doute que je n’ai jamais vu quelque chose de semblable. Ce n’est pas encore fini et ça va durer encore quelques temps.»
63. Chaque intervention de la Fed ou d’autres banques nationales provoque un sursaut sur les marchés. Les interventions se suivent à un rythme de plus en plus élevé et deviennent de plus en plus audacieuses. A chaque fois que les autorités prennent l’initiative de mettre hors jeu des managers et des actionnaires, c’est la fête. La confiance des capitalistes dans leur propre système a complètement disparu. Ils vont mendier chez les autorités pour les sauver aux frais de la collectivité. C’est de cette manière que la nouvelle époque s’annonce. Mais nous ne sommes qu’au début de la crise, aux prémices d’un tremblement de terre annoncé. Au fur et à mesure que la crise financière s’étendra vers l’économie réelle, l’impact de la crise se fera sentir. Trotsky a fixé l’attention sur le fait que ce ne sont ni la croissance ni le recul de l’économie qui stimule la lutte des classes, mais plutôt le passage d’une situation à l’autre. Nous sortons d’une période où l’avidité des directeurs d’entreprises et des actionnaires a même dû être critiquée par des commentateurs bourgeois ; la bourgeoisie a perdu sa confiance dans sa capacité à gérer le système ; la petite-bourgeoisie et les groupes moyens sont ruinés par la crise ; et la classe ouvrière exigera sa part du gâteau.
L’accélération de la lutte des classes va encore s’intensifier
64. Nous constatons déjà une résistance croissante de la part de la classe ouvrière. Lorsque nous avons expliqué en 2001 que le mouvement antimondialiste n’était que le précurseur d’un mécontentement plus profond de la classe ouvrière, le frémissement du feuillage avant l’orage, nombreux étaient ceux qui étaient en désaccord. Selon certains, le mouvement antimondialisation était une affaire petite-bourgeoise à laquelle ils refusaient de participer. “Ce qui est nécessaire, c’est un mouvement communiste et pas un mouvement antimondialisation” expliquait Kris Merckx – une assertion qui a depuis lors été absurdement inversée. D’autres considéraient l’anti-mondialisme comme une alternative plus progressiste au mouvement ouvrier, ne voyants pas le lien entre les jeunes antimondialistes et les ouvriers “conservateurs”. Ils nous reprochaient une vue bornée, ne saisissants eux-mêmes la diversité de la classe ouvrière.
65. Depuis lors, il n’y a plus un continent qui n’a pas été marqué par la lutte des classes. Au premier rang, l’Amérique Latine, où les recettes néolibérales ont été appliquées de la manière la plus brutale. Dans l’histoire, la lutte des classes a été voilée plus d’une fois par des conflits religieux, nationalistes ou ethniques puisqu’en exploitant ces heurts, la classe dominante assurait sa domination. En Amérique Latine, l’émancipation de la population indigène a accompagné la lutte des classes. Sous la pression des masses, des dirigeants populistes ont été élus et poussés à gauche au Venezuela, en Bolivie, à l’Equateur, au Nicaragua et au Paraguay.
66. Mais l’énergie des masses n’est pas illimitée. Si les masses ne s’organisent pas à reprendre l’initiative au lieu de se limiter à faire pression et si les dirigeants populistes ne rompent pas avec le capitalisme, la réaction reconstituera ses forces. Nous avons déjà reçus les premiers avertissements, par exemple le rejet de la nouvelle constitution de Chavez, mais pour l’instant la réaction est trop faible pour reprendre l’initiative. Ailleurs, des personnalités ont étés élues avec une image de gauche puisque c’était la seule possibilité pour la bourgeoisie d’assurer ses intérêts, comme au Brésil, au Chili et en Argentine. Justement dans ces pays, nous avons vu comment des travailleurs ont construit et testé des nouvelles formations telles que le PSOL et Conlutas au Brésil. En Colombie, le gouvernement réactionnaire gagne du soutien populaire grâce à la tactique criminelle des FARC. Ainsi, le pays est la tête de pont de l’impérialisme américain.
67. Partout dans le monde, les travailleurs et leurs familles paient le prix des défaites de leur classe. Cela est le plus prononcé au Moyen-Orient, où la lutte des classes a souvent été écrasée sous les conflits armés de l’impérialisme et des diverses milices religieuses réactionnaires. Mais même là où les conflits ont été les plus sanglants, nous constatons que entre deux flambées de conflits militaires, la classe se relève à chaque fois du moment que les partis en lutte sont épuisés. Nous l’avons vu au Liban, à Gaza, et même en Irak. L’Egypte a connu ces dernières années une vague de grève après l’autre et même dans les postes avancés de l’impérialisme dans la région, en Israël et en Turquie, on a vu systématiquement des flambées de lutte des classes contre les élites dirigeantes affaiblies.
68. En Afrique, la classe paie les demi-défaites et les demi-victoires avec de la pauvreté extrême, la guerre civile, les conflits ethniques et les pogroms contre les immigrés, ceci en Afrique du sud qui fut dans le passé le théâtre d’un mouvement héroïque contre l’apartheid. L’Asie aussi a connu ses émeutes ethniques et ses pogroms, ses conflits religieux, sa corruption et ses conflits frontaliers. Mais en Asie également, la classe commence à s’organiser, dans beaucoup de cas dans une forme élémentaire, parfois seulement à travers des forums sur internet, parfois au niveau de l’entreprise, parfois dans des syndicats et de plus en plus aussi sur le plan politique.
69. Le mouvement antimondialisation avait déjà démontré que l’autorité du néolibéralisme était fortement minée chez une minorité importante principalement de jeunes. L’énorme fossé entre riches et pauvres, entre nations riches et pauvres et à l’intérieur de ces nations, en était à la base. C’était justement le recul de ce fossé dans la période d’après guerre qui était l’argument principal contre la possibilité de répétition de la dépression.(30). 1% des américains les plus riches avait, avant le crash de 1929, 15 à maximum 19% du revenu total, après le crash et surtout dans la période d’après-guerre, cela est descendu jusqu’au point le plus bas de 7,5% au début des années 70. Mais depuis, cela a remonté pour atteindre dans la deuxième partie des années ‘90 à nouveau 15% et 18% en 2006. (31) Même des économistes bourgeois renommés ont avertit pour le danger que ceci minerait la légitimité du marché libre. L’appel au « changement » est devenu de plus en plus fort.
70. C’est sur cela que le candidat présidentiel du parti démocrate Obama a basé sa campagne. Un capitalisme sans les exagérations qui étaient tellement frappantes pendant la période l’administration Bush. Mais Obama risque d’être rattrapé par les évènements. Des promesses vagues pouvaient stimuler les états d’esprit tant que l’appel au changement avait pour but d’éviter un danger menaçant. Du moment que la crise des hypothèques à grands risques a frappé, que 2,5 millions de propriétaires ont été dépossédés de leurs maisons et que 600.000 américains ont perdu leur emplois, la nécessité de changement vague s’est transformée en un besoin de mesures concrètes. En septembre 2008, la perte d’emploi s’est encore fortement accélérée, ce qui fait que dans les premiers 9 mois de 2008, 750.000 emplois ont déjà été perdus.
71. Cela peu sembler contradictoire, mais la politique de confrontation de Sarah Palin (32) y répond mieux que les promesses vagues d’Obama. En ironisant sur le soi-disant idéalisme d’Obama – «qu’est-ce qu’il fera après avoir arrêté les mers et avoir sauvé la terre ?» – et le fait qu’il regarde de haut les travailleurs – dont il ne comprend pas la volonté de porter des armes -, elle a de nouveau donné de l’espoir aux républicains. Mais si demain elle est confrontée aux 27.000 grévistes de Boeing, qui savent très bien que le carnet de commande est plein et que l’entreprise a fait un profit de 13 milliards de dollars l’an passé, il faudra plus qu’un peu de bon sens et de double morale venant d’une petit ville provinciale d’Alaska.
72. En Europe aussi, la radicalisation d’une avant-garde de syndicalistes, bloqués par le manque de volonté de leurs dirigeants syndicaux de généraliser leur lutte sur le plan national, s’exprime souvent par un détour politique. Le PRC en Italie, l’IU en Espagne, le Bloc de gauche au Portugal, depuis peu aussi Syriza en Grèce, et bientôt la LCR en France l’expriment. Cela ne manque pas de combativité aux travailleurs allemands, pensons à la grève des conducteurs de train pour une augmentation salariale, mais à une direction qui est prête à confronter le patronat. Ensemble avec les attaques brutales dans le cadre de l’Agenda 2010 sous le SPD qui est descendu dans les sondages à 28% et n’est mathématiquement plus capable de former une majorité rouge-verte, ceci explique le nouveau phénomène Die Linke qui obtient entretemps 10% dans les sondages. L’existence de Die Linke a stimulé la combativité, la confiance et la conscience politique des travailleurs allemands.
73. Aux Pays-Bas, les travailleurs font un détour comparable vers le Socialistische Partij. Pendant la manif européenne contre la directive Bolkestein au printemps 2005, nous avons vendus beaucoup de journaux à des néerlandais uniquement parce qu’il y avait « socialistisch » dans le titre. Hélas, le soutien pour le SP néerlandais reste principalement passif, surtout aussi parce que le parti fait tout pour que cela reste ainsi. Partout en Europe, la lutte des classes est enflammée. Parfois par des grèves radicales dans un secteur tel que les conducteurs de train en Allemagne ou les infirmiers en Finlande. Parfois par des grèves générales comme en Grèce, parfois par des manifestations massives. Dans ce processus, les travailleurs cherchent de manière alternée des solutions sur le plan syndical et, s’ils sont bloqués sur ce terrain là, sur le plan politique.
74. La distribution inégale des richesses était encore supportable tant qu’il y avait de la croissance dans l’économie et qu’une partie des travailleurs pouvait se consoler avec l’illusion, qu’un jour ce serait leur tour. Mais avec le début de la crise, sachant que les patrons se sont bien remplis les poches, et se sont envolés avec les profits des dernières années, beaucoup de travailleurs ne sont pas prêt à payer la crise annoncée. Cela explique la lutte sociale croissante et la croissance des formations de gauche. Cela s’exprimera à travers une révolte dans les syndicats existants et le remplacement de la bureaucratie pourrie par de nouveaux dirigeants qui seront très vite testés dans la pratique. Là où cette voie est coupée, de nouvelles formations seront formées, avec des hauts et des bas. La recherche du moindre mal, souvent caractéristique de ces dernières années, fera place à la recherche de réponses qui peuvent signifier des avancées réelles. La discussion sur les perspectives, le programme, la stratégie et la tactique, gagnera en importance.
(1) La définition standard d’une « récession » est aujourd’hui qu’il faut deux trimestres ou plus de croissance économique négative. Cette définition ne prend pas en considération un paquet de facteurs. Pour l’économie mondiale on prend aussi par exemple la croissance de la population et on parle alors d’une récession sous les 2% de croissance. En outre, il est difficile de déterminer le début d’une récession sur base des données trimestrielles. Le « National Bureau of Economic Research » (NBER) défini une récession comme « la période dans laquelle l’activité économique a atteint son pic et commence à diminuer jusqu’au moment où l’activité atteint son point le plus bas. Si l’activité augmente de nouveau, on parle d’une période d’expansion. ». Au sujet de la définition de la « dépression », il existe aussi d’innombrables interprétations. Avant la seconde guerre mondiale, chaque ralentissement économique était appelé une « dépression ». Le terme « récession » a été introduit pour distinguer les plus petits tassements économiques de « la grande dépression » des années ‘30. Avec le terme de dépression, on parle donc d’une période de tassement économique qui dure longtemps et est plus profonde qu’une récession. Techniquement, on parle aujourd’hui d’une dépression si la croissance est négative de 10% et d’une grande dépression si celle-ci s’élève à -25%. Entre novembre ‘73 et mars ’75, le PIB des USA avait chuté de 4,9%. Voir aussi: http://economics.about.com/cs/businesscycles/a/depressions_2.htm
(2) Capitalism Unleashed Fig. 2.1 page 26
(3) http://www.imf.org/external/datamapper/index.php
(4) Le Soir 6 septembre 2008
(5) Comme Marx l’a expliqué, la bourgeoisie améliore sans cesse sa façon de cacher l’exploitation, de lui donner un caractère anonyme. Essayez de trouver qui a combien de parts d’une société en mains… Pour calculer le taux d’exploitation, nous devons décompter du résultat net d’une entreprise les amortissements (du moins si les capitalistes n’accélèrent pas l’amortissement des machines), les subsides, le prix des matières premières, la location des bâtiments et des terrains ainsi que les coûts salariaux totaux, et partager le résultat par les coûts salariaux. Le taux d’exploitation est encore le mieux approché par le relation entre les frais de personnel et la valeur ajoutée (la valeur des marchandises et des services produits diminue avec la valeur des marchandises et des services utilisés dans le processus de production – donc non pas les salaires payés au « facteur de production » travail). Le site du gouvernement fédéral en donne un aperçu, malheureusement uniquement pour la période ’99- ’04. Pour calculer le taux d’exploitation, on doit retirer de la valeur ajoutée les frais de personnel (pour obtenir la plus-value ou le travail non-rémunéré) et diviser le résultat par le coût des salaires ou travail rémunéré. Pour l’industrie totale, pour 626.000 travailleurs, cela donne une moyenne de taux d’exploitation de 63,4% c.-à-d. que pour chaque centaine d’euros de travail rémunéré, il y a 63,4 euros de travail non-rémunéré. Dans le textile, il s’agit de 45% et dans le chimie, où se trouvent les meilleurs salaires, 105%. Dans l’Horeca, où la productivité est un peu plus basse, mais les salaires aussi, le taux d’exploitation s’élève à 72% des salaires. http://www.statbel.fgov.be/figures/d422_nl.asp
(6) Voir Philip Armstrong, Andrew Glyn, John Harrison, Capitalism since 1945, 1991, p. 248 – 251 et Andrew Glyn, Capitalism Unleashed, 2006, p. 136 – 146
(7) Voir Philip Armstrong, Andrew Glyn, John Harrison, Capitalism since 1945, 1991, p. 248.
(8) Els Witte, Yan Craeybeckx & Alain Meynen, Politieke Geschiedenis van België, 2005, p. 335.
(9) Andrew Glyn, Capitalism Unleashed, 2006, p. 4
(10) Dans le Militant, n°7, de février 1996, nous avons publié un dossier sur l’Etat-Providence en Belgique sous le titre «Essors et chute de l’Etat-Providence ».
(11) A cette époque, certain pensaient que le capitalisme avait surmonté ses contradictions internes fondamentales, la propriété privée des moyens de production et l’existance d’Etats-Nations. Ernest Mandel parlait de capitalisme tardif et considérait le mouvement ouvrier comme étant « bourgeoisifié ». Dans l’internationale dont il était le principal dirigeant, une discussion enragée a duré 10 ans entre ceux qui s’orientaient vers la guerilla et ceux qui plaidaient pour la construction de partis révolutionnaires classiques. Ils ont même été jusqu’au point de plaider pour la guerilla urbaine en occident, ce qui a donné l’occasion au PCF en 1968 de les qualifier de « gauchistes » et de les isoler. Déjà au début des années ’60, lorsque Mandel commençait à peine à formuler sa théorie du capitalisme tardif, Ted Grant lui a répondu au nom de notre courant avec la brochure Will there be a slump?
(12) Le 3 août 1981, le syndicat des aiguilleurs du ciel des Etats-Unis a déclaré une grève pour de meilleures conditions de travail et pour la semaine de travail de 32 heures. Ainsi, le syndicat était en infraction vis-à-vis d’une loi de 1956 qui détermine que les syndicats dans les services publics n’ont pas de droit de grève. Cette loi n’avait généralement pas été appliquée. Le président nouvellement élu (4 novembre 1980) Ronald Reagan a déclaré que cette grève constituait une menace pour la sécurrité nationale et a ordonné la reprise du travail. Reagan savait que des remplaçants étaient formés en secret et a posé un ultimatum de reprise de travail de 48h. Le 5 août, 11.345 aiguilleurs du ciel ont été directement licenciés et exclus des emplois publics pour une période de trois ans (période par la suite raccourcie). Ils ont d’abord été remplacés par des non-grevistes, des contremaitres, des cadres des aéroports et dans certains cas par des aiguilleurs de petites localités et des militaires, en attendant la fin de la formation des remplaçants. Le 22 octobre, la reconnaissance du syndicat a touché à sa fin.
(13) Lou Cannon, Michael Beschloss, Ronald Reagan: The presidential portfolio: history illustrated from the collection of the Ronald Reagan library and museum, p.128.
(14) Le taux d’intérêt détermine le prix auquel l’argent est mis à disposition. Ici, le taux d’intérêt directeur, le tarif que les banques s’octroient entre elles pour des prêts quotidiens.
(15) Contrairement au système de pension basé sur la capitalisation, les systèmes de répartition sont insensibles aux fluctuations des marchés financiers. Ils sous-entendent également un plus grand degré de solidarité que les systèmes de capitalisation individuels. Après la grande dépression et la deuxième guerre mondiale, les systèmes de répartitions ont par conséquent connu un essor. Ils étaient considérés commes des acquis de la lutte des classes. En Belgique, après la guerre, un système de pension mixte a été introduit avec la loi du 28 décembre 1944. La partie du financement par la répartition est devenue de plus en plus importante. Dans le système de pesnsion des ouvriers, le système de pension par capitalisation a été aboli à partir du premier janvier 1954. Pour les employés, cela s’est fait graduellement à partir de 1957 et définitivement le premier janvier 1968. Voir : www.vrouwenraad.be/dossier/2006/genderwetswigzer/soc_zek_werkn.pdf; Dans des pays comme les Pays-Bas, le Danemark et l’Islande, les provisions de pension sur base de capitalisation représentent plus de 130% du PIB de ces pays. La Grande-Bretagne et l’Irlande se trouvent dans une moyenne de 50 à 100% du PIB. En Allemagne, en France, en Belgique et dans la plupart des pays de l’Europe du sud et de l’est, ils représentent moins de 20% puisque les systèmes de répartitions jouenent encore un rôle plus important. The Nederlandse Bank, kwartaalbericht, juni 2008.
(16) Financial Times, 5 février 2008, Why is it so hard to keep the financial sector caged?
(17) Andrew Glyn, 2006, Capitalism Unleashed, p.86
(18) Andrew Glyn, 2006, Capitalism Unleashed, p.136, 141, 146
(19) Voir p.19, mais pour une vue plus générale, Andrew Glyn, 2006, Capitalism Unleashed, p.14
(20) Andrew Glyn, 2006, Capitalism Unleashed, p.134
(21) K. Marx, Salaire, Prix et profit.
(22) F.Engels, La situation de la classe laborieuse en Angleterre.
(23) Le 18 mars, le New York Times s’est demandé si les prix des maisons aux USA allaient suivre le même chemin qu’au Japon entre 1984 et 1999.
(24) Le Monde, 23 juin 2008, Les fonds d’investissement en quête de moralité. « Leveraged buyout » est la méthode de reprise d’une entreprise avec un minimum de capital propre. La reprise est basée principalement sur des emprunts. Les actifs ou les propriétés de l’entreprise concernée sont utilisés comme caution. Plus tard, l’emprunt devra être repayé par l’entreprise. Généralement, l’entreprise est fortement réorganisée et partitionnée, après quoi des parties sont revendues afin de repayer les emprunts et les obligations tout en gardant un profit après l’opération.
(25) Ce texte est publié intégralement sur marxisme.net dans “documents internes”, mais malheureusement uniquement en néerlandais pour le moment.
(26) La Libre a publié un graphique dans son édition du 23 janvier 2008
(27) Bear Stearns était l’une des plus grandes banques d’affaires sur le plan mondial. La banque avait été créée à New York en 1923. A la fin de 2006, elle employait 13.500 personnes.
(28) A travers des contrats à termes, des acheteurs s’engagent à acheter une quantité de matières première à un prix fixe à un moment déterminé, pendant que le producteur de matières premières accepte de livrer à ce prix au même moment. Ainsi, le producteur se protège-t-il contre de trop grands changements de prix, pendant que l’acheteur sur le marché des contrats à termes espère qu’au moment où l’achat s’applique le prix sera plus élevé. Les investissements par des spéculateurs dans les matières premières auraient connu une croissance de 13 milliards de dollar en 2003 à 260 milliards de dollars en 2008. MO*, septembre 2008, Over geldhonger en lege magen.
(29) De Tijd, 16 août 2008, Europa op het randje van recessië.
(30) JK Galbraith, 1954, The Great Crash 1929.
(31) The economist, 24 juillet 2008, Workingman’s blues
(32) Sarah Palin est la candidate vice-présidente républicaine, la colistière de McCain.