Le meurtre d’un garçon de 15 ans par la police entraîne une colère de masse
Samedi dernier en soirée, un groupe de jeunes étudiants de secondaire a crié vers une voiture de police qui passait devant le café où ils étaient, au centre d’Athènes, et ont jeté deux bouteilles d’eau en plastique d’un demi litre sur cette voiture. Les deux policiers ont arrêté la voiture plus loin, sont sortis et se sont approchés. Un des officiers a sorti son pistolet et a tiré vers les lycéens, tuant l’un d’entre eux. Les deux policiers ont alors simplement tourné le dos au groupe et sont partis !
Andros Payiatsos, Xekinima (CIO-Grèce), article écrit le mardi 9 décembre
La société grecque est naturellement sous le choc. Immédiatement, un rassemblement de plusieurs milliers de personnes a pris place au centre d’Athènes en protestation. Des manifestations se sont déroulées dans toutes les principales villes de Grèce le jour suivant et de nouvelles manifestations ont été prévues le lundi, le mardi et le mercredi, matins et après-midis. La fureur et la colère son massives ! C’est qu’il y a tellement tension à l’intérieur de la société ; à cause du chômage et de la pauvreté, à cause de 23 ans de politiques d’austérité, à cause des scandales et de la corruption et, maintenant, du meurtre de sang froid, de l’exécution d’un garçon de 15 ans par la police ! La goutte a fait déborder le vase, et une énorme colère s’est répandue.
Le gouvernement essaye de défendre qu’il s’agit d’un incident isolé – l’argument habituel. Mais les gens ne sont pas disposés à écouter. Pour l’énorme majorité des travailleurs et de la jeunesse, le policier a simplement agi en conséquence de ce pourquoi la police est formée. Les policiers sont vus comme des racistes liés à l’extrême-droite et menteurs, des gens qui détestent les mouvements sociaux et répriment brutalement les grèves et les manifestations. Il y a eu tellement tant d’incidents en ce sens que personne n’a vraiment besoin d’être convaincu.
Le gouvernement est dans une paralysie absolue. Avec une majorité de seulement un parlementaire (151 sur 300), le gouvernement est en soi déjà instable.
«Ce gouvernement de meurtriers doit tomber» est le slogan principal avec lequel Xekinima (section du Comité pour une Internationale Ouvrière en Grèce) intervient dans ces événements. Nous appelons à l’occupation de toutes les écoles et universités ainsi qu’à des grèves dans le but de faire chuter le gouvernement. En même temps, nous appelons à la formation d’un gouvernement de gauche, basé sur les forces de SYRIZA (une nouvelle formation de gauche composée d’environ 11 organisations et partis différents, dont Xekinima) et du KKE (parti communiste de Grèce), pour prendre le pouvoir sur base d’un programme socialiste, au service des intérêts des travailleurs, de la jeunesse et des paysans pauvres de Grèce.
Un mouvement de masse peut conduire à un réel changement
Ce gouvernement peut tomber sous l’action d’un puissant mouvement des travailleurs et de la jeunesse, mais pas par les émeutes et la destruction massive que nous avons vues dans chaque ville ces derniers jours, provoquées par des groupes d’anarchistes (dans les rangs desquels se trouvent beaucoup d’agents provocateurs). Au cours de ces derniers jours, ces groupes ont eu carte blanche pour détruire tout ce qui tombait dans leurs mains. Mais si cela continue, ces actes joueront en faveur du gouvernement et de l’Etat. Au début, les travailleurs pouvaient accepter quelques excès de ces groupes, mais particulièrement après les dernières émeutes, cette humeur changera. Les arguments basés sur la « loi et l’ordre » commenceront à gagner du terrain. Ainsi, ces groupes qui ne montrent aucun respect pour un mouvement de masse et en particulier pour le mouvement ouvrier fourniront la meilleure aide pour qu’un gouvernement et un appareil d’État paralysés puissent reprendre le contrôle.
Seul un mouvement de masse et en particulier la classe ouvrière est capable de faire chuter ce gouvernement, par des actions de masse. Seule la classe ouvrière peut fournir une alternative au gouvernement et au système capitaliste.
La totalité du secteur éducatif est déjà à l’arrêt. Beaucoup d’occupations prennent place. Les professeurs des universités ont appelé à une grève de trois jours. Les professeurs du primaire et du secondaire ont appelé à une grève de deux jours. Demain, mercredi 10 décembre, il y a une grève générale appelée par le GSEE (confédération grecque des travailleurs grecs). Cette grève était initialement prévue pour protester contre le budget, mais avec les derniers évènements, elle prendra une toute autre forme.
La question principale est maintenant de savoir comment continuer le mouvement après mercredi. La jeunesse peut être un facteur décisif – ils peuvent prendre l’initiative et aider ainsi la classe ouvrière entrer décisivement en lutte. Un des facteurs les plus importants est le fait que SYRIZA, dans son ensemble, est sorti avec le slogan, « Ce gouvernement doit tomber ! » Cela peut donner une direction au mouvement et à la société.