Comité pour une Internationale Ouvrière
LA FIN du mois de juillet, plus de 350 militants venus de nombreux pays se sont réunis à Gand pour assister à l’université d’été annuelle du CIO. A travers les nombreuses discussions animées, les camarades ont pu ainsi partager leurs expériences et leurs idées, et à partir de notre analyse de la situation mondiale nos perspectives furent mises en avant. La séance plénière où étaient présentés les compte-rendus de notre travail politique sur les différents continents a renforcé l’enthousiasme pour la construction future du CIO. Voici un court aperçu des interventions les plus significatives.
Laurent Grandgaignage
Les rapports de nos sections du Nigéria, du Pakistan, du Brésil et de la CEI ont montré l’importance de notre travail dans le monde néo-colonial et l’ex-URSS. Au Nigéria, nous avons joué un rôle-clé dans la mobilisation pour les grèves contre l’augmentation des prix du combustible, et, de manière plus large, contre la politique néo-libérale du gouvernement. Malgré les moyens restreints et la répression policière, nous parvenons quand même à organiser des jeunes et des travailleurs dans les écoles, les lieux de travail et les quartiers pauvres. En Asie, nos camarades pakistanais fournissent un travail important au sein des syndicats des chemins de fer, de la poste et du secteur de la téléphonie, pour organiser la résistance contre la vague de privatisation du gouvernement et sa tentative de casser les syndicats. La situation instable sur le continent latinoaméricain amène à une profonde radicalisation de la population laborieuse. En réaction à la faillite de la politique du PT brésilien, un nouveau «Parti pour le Socialisme et la Liberté» a été fondé (voir article page 6), au sein duquel notre organisation joue également un rôle important.
En Europe aussi, où les attaques néo-libérales sont à la mode, la classe ouvrière et la jeunesse se mettent en action. En Tchéquie nous avons initié la lutte contre la privatisation des logements sociaux. En dépit des faibles forces que nous avons sur place, la campagne fut un succès: nous pouvons à présent compter sur une dizaine d’habitants qui s’activent et s’organisent dans cette lutte. Aux Pays-Bas et en Autriche, nous menons des campagnes antiracistes et antifascistes pour attirer les jeunes radicalisés. La formation de nouveaux membres permet aux plus petites sections de démarrer des activités régionales et locales, afin de construire une organisation nationale solide.
Sur le plan électoral nous avons également réalisé de belles avancées. Lors des élections européennes en Irlande du Sud nous avons obtenu 5,5% des voix à Dublin ainsi que 4 conseillers communaux. En Angleterre et aux Pays de Galle, il y avaient 48 candidats sur nos listes pour les élections locales: dans un tiers des régions nous avons récolté plus de 10%. En ex-Allemagne de l’Est où nous sommes intervenus dans les mouvements de masse contre l’Agenda 2010 de Schröder et avons mené une action contre l’allongement du temps de travail, notre première conseillère communale a été élue à Rostock. L’intervention de notre section française dans les actions de grève locales et nationales apparaît aussi dans les résultats électoraux locaux. Abstraction faite de ce succès, notre participation électorale est principalement bénéfique pour le renforcement de nos sections. En Suède, par exemple, l’establishment a reçu une grosse claque suite à la perte du référendum sur l’euro. Grâce à notre campagne qui stigmatise la politique d’austérité en Europe, nous nous renforçons et pouvons développer notre influence dans de nouvelles régions.
Là où le CIO a des membres à l’intérieur des syndicats, ils mènent une lutte combative. En Angleterre et aux Pays de Galles, nous avons 19 militants élus dans les directions nationales de différents syndicats. A partir du plus gros syndicat de fonctionnaires, nous organisons l’offensive contre le gouvernement Blair et son plan de licenciement de 100.000 fonctionnaires. Le CIO appelle à un syndicalisme démocratique et militant. Cette initiative est confirmée en Irlande du Nord par deux importants leaders syndicaux des pompiers qui ont rejoint le Socialist Party. En Ecosse, nous nous battons côte à côte avec des puéricultrices sous-payées pour de meilleures conditions salariales. Nous avons aussi mis sur pied des comités de soutien qui ont appelé à la solidarité entre parents et le personnel. Après 14 semaines de grève, des concessions ont été arrachées. Il est également important pour nous d’impliquer des jeunes au travers du travail syndical. Après de nombreux de piquets de grève et six manifestations, notre campagne de jeunes en Australie en faveur des droits des travailleurs a fait plié la direction d’une multinationale. L’entreprise a été contrainte d’indemniser le travail supplémentaire et de payer en plus le travail de nuit. Aux Etats-Unis, notre opposition à l’intérieur du syndicat des services publics s’est attelée à faire introduire une résolution qui condamne la politique guerrière de Bush et exige le rapatriement immédiat des troupes.
A partir de perspectives politiques correctes que toutes les sections du CIO se sont échangées, nous sommes en mesure, avec nos idées, d’atteindre les nouvelles générations de jeunes et de travailleurs. A travers nos campagnes et en prenant part à la lutte de classes grandissante, le CIO montre la voie à suivre pour organiser les travailleurs sur tous les continents de la planète.