Verviers : démantèlement des services de secours
Alors que la catastrophe de Gislenghien qui a fait 22 morts est encore fraîche dans nos mémoires, la direction de Crisnée avec l’appui du ministère de l’intérieur ferme d’une manière bureaucratique et sournoise le poste avancé de la protection civile à Verviers.
Vincent Devaux
Samedi 4 septembre, une trentaine de volontaires de la protection civile de Verviers défilent pour protester contre la fermeture de leur poste. Cette fermeture est certainement la première d’une série car la direction de Crisnée à la volonté de centraliser le personnel –en majorité des volontaires- de tous les postes avancés sous sa dépendance. Si le poste avancé de Verviers est le premier à faire les frais de cette politique, c’est certainement dû à la résistance et à la solidarité de l’équipe qui s’oppose à sa fermeture, une tentative d’étouffer dans l’œuf des protestations justifiées. La méthode utilisée est pour le moins sournoise, le matériel à été enlevé à l’insu de l’équipe en place. Les raisons invoquées par le responsable ne tiennent pas la route. Si la véri table raison était le manque de matériel, la solution serait plutôt d’en fournir plus. Il faut également une bonne dose de cynisme pour évoquer le peu d’interventions effectuées pour justifier sa fermeture ; un service tel que celui-ci n’intervient pour des faits imprévisibles et qui ont de graves conséquences pour la population. Avec la fermeture de ce poste, il faudra désormais 40 minutes supplémentaires à une équipe pour intervenir sur place; on a vu dernièrement combien de vies humaines peuvent dépendrent de ces précieuses minutes.
Après la catastrophe de Gislenghien, Patrick Dewael, ministre VLD de l’Intérieur (Le Soir 31/08/04), déclare qu’une réforme des services de secours (pompiers, protection civile, aide médicale urgente) est réactivée. Il promet une augmentation de 3.4 millions d’euros à court terme, soit 2.5 millions pour le matériel (l’équivalant seulement de trois auto-pompes pour toute la Belgique!) et 900.000 euros pour la formation des 17.500 intervenants (le budget total des services de secours est actuellement de 500 millions d’euros) afin que les services soient plus efficace !. Ce ne sont évidemment que des cacahouètes cédées face à pression engendrée par la catastrophe de Gislenghien. Depuis 1963 il n’y a plus eu de réforme des services de secours ! Les prom esses après l’accident de Theux (janvier 97) n’ont mené à aucun changement. En 2003, Verhofstadt avait annoncé une réforme des services de secours… « sans coûts supplémentaires » ! Autant Verhofstadt que Dewael, nous montrent de quel côté ils se trouvent et qu’elles sont les priorités du gouvernement. Le respect du pacte de Maastricht, les multiples cadeaux au patronat qui se font sur le dos de la population, les privatisations, le bradage des infrastructures de la collectivité, les baisses d’impôts pour les entreprises … représentent un vol manifeste des richesses collectives en faveur du patronat et ne permet plus de financer correctement nos services publics et notamment les services de secours. On engraisse les patrons en coupant dans les budgets à destination de la collectivité. D’un côté Dewael fait des déclarations d’intentions dans les médias ; d’un autre côté, quelques semaines après, il cautionne la fermeture du poste de la protection civ ile de Verviers, privant des dizaines de milliers d’habitant (52.000 habitants pour la seule commune de Verviers) d’un service dont ils ont pourtant bien besoin ! Quelle hypocrisie ! Faudra t-il attendre une nouvelle catastrophe et de pleurer les morts pour que l’on consente à faire « un petit geste ».
Cette fermeture est d’autant plus écœurante que les membres de la protection civile sont pour la majorité des volontaires, qui font d’énormes sacrifices –en temps et en argent- pour assurer la sécurité de la population au risque de leur propre vie. Il faut savoir qu’il sont « payés » 2.5 euros de l’heure lors de leurs interventions et qu’ils doivent prendre des congés entraînant une perte de revenus sur leur temps de travail pour se former.
Si la commune de Verviers à permit à l’équipe de la protection civile de toujours pouvoir occuper les locaux ; il ne leur reste plus que leur bras et leur courage ; ce n’est pas avec cela qu’il vont pouvoir faire face à une explosion de gaz ou à une inondation.
Dans une société véritablement démocratique, une telle fermeture ne serait pas possible, car les habitants et les volontaires conscients de l’importance d’un tel service ne le permettraient pas. Cela démontre pourquoi il est nécessaire qu’il y ait un contrôle ouvrier et de la population sur les services de la collectivité.
Nous ne devons pas nous faire d’illusions quand à la bonne volonté du gouvernement à mettre la main au portefeuille ; touts les secteurs publics sont sous-financés : l’enseignement, les soins de santé (il y a quelques mois, il a été demandé au personnel soignant du grand hôpital de Verviers –CHPLT-de prendre sur leur salaire le déficit de l’hôpital !),… Les suppliques n’auront pas beaucoup d’effets. Il ne faut pas se suffire de vagues promesses, ça ne mange pas de pain, elles sont là pour faire retomber la pression. Seule une lutte combative en solidarité avec la population et d’autres services qui se trouvent dans la même situation de sous-financement pourront mener à des avancées. Il faut exiger le retour immédiat du matériel dans le poste avancé de Verviers et la garan tie que les autres postes ne soient pas fermés. Une augmentation considérable des moyens financiers pour les services de secours est une nécessité afin d’avoir du matériel correct et en suffisance ; des formations de qualité du personnel; un statut des volontaires leur donnant notamment droit à de véritables rétributions pour le service qu’ils rendent à la société. Il y assez de richesses produites pour octroyer ces revendications. Tout ceci montre la nécessité de construire un parti qui se batte pour défendre les intérêts de la majorité, un nouveau parti des travailleurs. De même il n’est pas possible de conserver durablement les acquis sous le capitalisme ; nous avons pour cela besoin de nationaliser les moyens de productions et d’un contrôle démocratique par les ouvriers et la population des services publics.