Cela faisait quelques années que l’on avait plus vu le patronat recourir aux tribunaux contre les grèves, mais cette méthode est à nouveau utilisée contre les grévistes. A la société textile « Beaulieu », à Wielsbeke, les huissiers ont été utilisés après une demande unilatérale de la direction.
Le personnel du secteur textile est durement touché par les restructurations et les licenciements. À Beaulieu, il s’agit près de 400 emplois sont menacés. La FTGB a déclaré dans un communiqué de presse : « les employés de ces secteurs n’obtiennent pas de parachutes dorés et le gouvernement pompe des milliards pour le sauvetage des sociétés. »
Beaulieu fait partie de "Beaulieu International Group", ou B.I.G. A la manifestation du 6 octobre à Gand, le personnel avait clairement dit ce qu’il pensait des manières de la direction… (Sur la banderole: "Un employeur avec des manières de cochons")
Les travailleurs s’opposent aux licenciements et aux primes de départ limitées. Alors que la presse croule sous les informations sur les millions d’euros de parachutes dorés, la direction propose à Beaulieu de ne payer que 150 euros par année d’ancienneté. C’est à peine suffisant pour acheter un parachute ordinaire. On est loin des parachutes dorés…
Le mécontentement est grand parmi les travailleurs, raison des actions menées, auxquelles la direction ne répond qu’en envoyant des requêtes unilatérales et des astreintes pour briser la grève. Cette décision du juge sur les astreintes a conduit à envoyer un huissier aux grévistes. Une astreinte de 1.000 euros par personne et par violation a été fixée si le personnel qui voulait travailler ne pouvait pas passer le piquet. En d’autres termes, le piquet de grève est interdit par le juge ou est réduit à une expression purement symbolique.
Il s’agit bien entendu d’une violation du droit de grève, on essaye de briser la grève en faisant appel au système judiciaire et aux huissiers pour régler un conflit collectif. Pourtant, la législation du travail précise qu’un juge ne peut pas intervenir dans un conflit collectif. La manière dont cette règle est interprétée dépend visiblement des relations de force.
Afin de répondre à cette agression patronale et à cette attaque contre le droit de grève, les travailleurs de Beaulieu ne doivent pas être les seuls à se battre. Beaulieu est dans les mains de la famille De Clerck, dont le pater familias peut compter pour sa fête d’anniversaire sur la présence non-fortuite de Margaret Thatcher et de Bush sénior, entre autres. On ne doit pas attendre beaucoup de compréhensions pour les travailleurs et leurs organisations de la part de ces cercles. C’est l’option patronale dure qui prévaut, seuls comptent les bénéfices.
Face à cette agression, la solidarité entre travailleurs est nécessaire, dans le secteur textile mais aussi dans les autres. Face aux tentatives de semer la division, l’unité et la solidarité représentent les armes les plus fortes. Si les travailleurs de Beaulieu doivent se battre seuls, ils seront plus faibles et les provocations et agressions du patronat pourront dès lors avoir un impact.
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