Campines
Les licenciements annoncés chez le fabricant de camions DAF Trucks à Westerlo aggravent le bain de sang social en Campine. La liste des sociétés qui restructurent ou mettent progressivement un terme à leur activité, commence à devenir longue. Chez DAF, ce sont 750 ouvriers CDD et intérimaires qui disparaissent ainsi que 60 ouvriers CDI qui seront prépensionnés ou mis en chômage temporaire.
Par Luc, MAS-Louvain
Ceux qui restent connaîtront aussi des difficultés. Le travail de nuit et de week-end est en passe d’être supprimé, avec pour effet une sérieuse perte de salaire. L’autre mesure envisagée est la possibilité de chômage technique. L’usine fermerait deux semaines, avant et après le Nouvel An. Et pendant les mois d’été, il pourrait y avoir jusqu’à 2 journées de chômage technique par semaine.
Les investissements programmés pour un montant d’environ 100 millions d’euros sont gelés (l’investissement le plus important consistait en la création d’une nouvelle chaîne de laquage). Ces investissements étaient considérés par beaucoup de travailleurs comme une garantie de l’avenir de l’usine de Westerlo.
Selon la direction, la crise financière et économique l’oblige à diminuer la production (de 245 à 170 pièces par jour) et à restructurer. En effet, les actions de Paccar, la société-mère de DAF, ont perdu 35 % de leur valeur sur le dernier mois. Des tas de commandes sont annulées. La direction de Paccar s’est retrouvée devant le choix suivant : sauver des emplois ou mettre les bénéfices à l’abri. Inutile de dire quel choix elle a fait ! Et pourtant, la société a engrangé 904,8 millions de dollars de bénéfices au cours des 9 premiers mois de l’année (dont encore 299 millions au cours du troisième trimestre !)
Ces dernières années, la production chez DAF Trucks a énormément augmenté. Actuellement les ouvriers sont encore en train de produire 245 pièces (essentiellement des cabines) ainsi que quelques 600 essieux pour rattraper le retard. L’accroissement de la production est surtout du à l’augmentation de la productivité. L’entreprise fabrique la même quantité de cabines et d’essieux qu’il y a quelques années mais avec moins d’ouvriers. Les conséquences de cette augmentation de la productivité sont que tout le monde doit travailler plus mais aussi qu’actuellement beaucoup de travailleurs risquent d’être licenciés.
Herwig Jorissen, le dirigeant de la Centrale flamande des Métallos FGTB, a raison lorsqu’il dit qu’il faut mettre sur pied un plan d’urgence – si l’Etat a pu trouver des milliards pour les banques, cela doit également être possible pour le secteur automobile. La disparition de 750 emplois signifie aussi une grosse perte de revenus pour 750 ménages. Jorissen veut que le préavis des ouvriers soit aligné sur celui des employés et que lors d’une restructuration, les intérimaires reçoivent un préavis qui corresponde au travail presté.
Bien sûr, nous soutenons ces mesures, mais nous disons qu’il faut aller plus loin. Ces derniers mois, le gouvernement a procédé à des nationalisations partielles de banques en difficultés pour sauver des bénéfices, pas pour sauver des emplois. Si les pertes sont ainsi socialisées, les bénéfices restent privatisés. Si les entreprises veulent liquider des emplois, cela devrait être le moment pour les nationaliser sous le contrôle des travailleurs pour mettre l’emploi et les conditions de travail au centre des préoccupations. S’il est possible de nationaliser pour protéger les bénéfices, alors pourquoi ne serait-ce pas possible pour sauver des emplois décents ?
> Tous ensemble pour plus de pouvoir d’achat et pour l’emploi!